Roxanne

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— Oh, merde, merde, merde.

Ma clef refuse de s'insérer dans la serrure. Il me faut que je me calme, mes mains tremblent trop. Respire Roxie, ça va aller!

— Rentrez et enlever votre haut, finis-je pas ordonner d'une voix tendue lorsque la porte s'ouvre enfin.

— Oui, chef, tente-t-il de me taquiner pour détendre l'atmosphère avant de s'exécuter avec une fugace grimace de douleur.

J'observe Minkah du coin de l'œil, quelque peu gênée qu'il se déshabille dans la même pièce que moi. Je ne suis pas spécialement pudique mais cet homme m'impressionne. Allez, fais pas ta prude, t'es un futur docteur ou pas ?

Sous le tissu taché, sa peau dorée apparaît. Ses muscles finement dessinés sont recouverts de tatouages bleu-noirs. J'aimerais détourner le regard mais l'ondulation des gravures, à chacun de ses mouvements, exerce sur moi une attraction magnétique. Sur le haut de son torse s'étale un soleil stylisé dont le centre est son plexus. Un félin noir, avec des ailes déployées jusqu'à la naissance de son cou, orne chacune de ses épaules. Peut-être la représentation d'un chat mythologique car l'animal porte des bijoux comme sur les peintures égyptiennes. Sur ses abdominaux saillants, des hiéroglyphes semblent raconter une histoire que je ne peux saisir. Sans même m'en rendre compte, mes jambes me mènent à lui et ma main avance vers son corps sculptural.

Son mouvement de recul quand je touche sa peau enflammée me ramène à la réalité et j'adopte un ton professionnel :

— La brûlure paraît superficielle, c'est rouge mais je ne vois pas de cloque. Vous devez vous doucher et ensuite nous mettrons de la crème calmante.

Il continue son effeuillage comme si c'était tout à fait normal de se mettre à poil devant une femme rencontrée quelques heures plus tôt et une fois en slip, remarque enfin mon embarras. J'ai les joues en feu et ne sais plus où poser les yeux.

— Excusez-moi, Rhôxane, je ne pensais pas...

Il attrape un plaid sur mon canapé et ceint ses hanches, faisant disparaître les autres lignes bleu foncé qui courent le long de ses jambes fuselées. Encore des hiéroglyphes finement tatoués mais également un serpent à la gueule ouverte sur toute sa cuisse droite et un oeil qui semble pleurer sur la hanche gauche. Je crois me souvenir de ce symbole ; un œil d'Horus

— Je ne voulais pas vous offenser, je ne ... connais pas vraiment vos coutumes.

— Ce n'est rien. La salle de bains est à droite. Surtout ne mettez pas le jet trop près ou trop fort. L'eau doit être fraîche, et essayez de tenir dix minutes.

— Oui, Docteur.

Cette fois-ci, son ton taquin m'arrache un sourire.

— Restez ici, je vais demander à mon voisin des vêtements de rechange. Votre pantalon est aussi taché. Quelle taille faites-vous ?

Il me fixe les yeux ronds.

— Vous faites quoi ? 1m90 ? Plus ?

Il hausse les épaules, l'air penaud.

— Vous ne savez pas ? Vous ne vous êtes jamais mesuré ?

— Non.

De plus en plus bizarre. Cet homme est surprenant. Malgré sa force, il paraît perdu ou déconnecté devant des situations banales.

— Bon, Jonathan fait à peu près votre gabarit. De toute manière, vous ne pouvez pas rentrer chez vous dans cette tenue.

A le voir si à l'aise, je ne suis pas certaine que cela le dérangerait de traverser Montpellier nu comme un ver. Je sors dans le couloir et prends une profonde respiration, comme si j'avais manqué d'air trop longtemps. A peine ai-je frappé à la porte voisine, que Jonathan ouvre en grand et m'accueille avec un sourire entendu.

RoxanneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant