Chapitre 4: Vive les retrouvailles!

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Madeleine avait manqué de s'évanouir en voyant l'état dans lequel sa cuisine était : sa fille et son mari avaient failli faire brûler la viande, son « Jules chéri » avait aidé leurs petits-enfants à faire un dessert en renversant la moitié de la farine sur l'îlot central. Ils n'avaient pas eu le temps de ne serait-ce qu'effacer les traces du massacre.

Un véritable souk auquel elle n'était plus habituée.

Pourtant, elle avait rarement été aussi ravie de voir tous ces visages souriants. Premier constat : Lisa resterait toujours une fonceuse qui ne loupait pas une occasion de faire une connerie. Deuxième constat : Alexeï paraissait avoir cessé de bouder leur famille et les fêtes de fin d'année. Troisième constat : elle doutait de la réussite des manigances de sa fille et de son beau-fils.

Quatrième constat : à en croire la cuillère de pâte à gâteau qu'elle avait piqué dans un saladier, elle avait été contaminée par l'ambiance bon enfant.

Etait-ce une erreur ? Sûrement pas ! Cette période de l'année était faîte pour profiter de chaque petit moment de partage, de rires, de chaleur humaine. Des moments où les soucis s'envolaient, où les inquiétudes se taisaient et où seuls les rêves et les espoirs avaient le droit d'exister.

Hormis une pause pour déjeuner, la famille entière avait passé la journée aux fourneaux, le sourire aux lèvres, échangeant les nouvelles, les plus vieux ayant entrepris de détailler tous les changements ayant eu lieu au village récemment.

« A table !

-Enfin ! »

Lisa laissa littéralement tomber son torchon sur l'évier avant de trottiner jusqu'à la salle à manger, suivie par son frère, ils étaient affamés et les odeurs qui imprégnaient l'air depuis des heures n'aidaient pas du tout.

Alexeï ne put s'empêcher de sourire face à sa mère qui tentait de convaincre son grand-père de ne pas remplir le verre de Lisa à ras-bord comme si celle-ci le demandait, sa grand-mère remplissait beaucoup trop leurs assiettes.

Il avait l'impression d'avoir fait un bond dans le passé, lors des repas qui précédaient les fêtes, sa famille avait toujours vu grand. Trop grand pour les estomacs en tous cas.

Ses études, l'Allemagne et ses amis lui paraissaient bien loin, toutes ses pensées étaient à présent tournées vers cette pièce chaleureuse, pleine de rires et d'une langue qu'il n'avait pas entendu depuis des mois et des mois.

Même s'il s'était préparé, il devait avouer que cela lui faisait très bizarre d'entendre parler sa langue maternelle autour de lui, il avait une petite impression de décalage qui rendait chaque mot entendu un peu plus particulier, un peu plus appréciable. Son cœur se réchauffait, lui donnant l'impression que tout était décuplé. Que la lumière des guirlandes était plus éblouissante qu'avant, que le sapin était encore plus vert, que le vin était légèrement plus sucré que d'accoutumée, que tout était plus... Authentique.

« Est-ce que vous vous souvenez des Noëls passés dans ces montagnes ? Les premiers ?

- Comment oublier David ? Quand vous nous aviez invité ici, nous avions été scotché. Le paysage magnifique, vous aviez en plus de merveilleux voisins.

- C'est vrai que nous avons été très bien accueillis. Et que les enfants avaient vite trouvé leur place.

- En même temps avec les cours de luge, on ne pouvait qu'être heureux ici, hein ? »

Lisa venait d'envoyer une bourrade à son petit frère qui dû reposer son verre de vin pour éviter d'en renverser. Les premiers Noël ici ?

Ils avaient été incroyables.

It was only Christmas NightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant