Chapitre 9 : L'art de se faire enguirlander

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A peine debout, Krystan avait fusillé du regard son pied de lit : pourquoi fallait-il que ses orteils soient toujours irrémédiablement attirés par ce foutu truc en bois ?

Il y avait de quoi être de mauvais poil.

Vraiment.

Entre le repas de la veille, le réveil brutal et surtout sa nuit.

Oh putain sa nuit !

Mais quelle horreur !

Il avait l'impression de ne pas avoir dormi.

Il fit craquer sa nuque en soupirant, se traînant dans la salle de bains avec une volonté surhumaine.

« Ne raconte pas n'importe quoi. Un jour, tu m'as dit que j'étais unique, que personne ne pourrait jamais me remplacer. Ça vaut pour toi aussi. Tu es mon étoile, elle ne va pas te piquer ta place.

- Evidemment puisqu'elle est déjà à la place que je voudrais.

- Pardon, tu as dit quelque chose ?

- Non rien du tout. Oh regarde, c'est pas Yana et Lisa là-bas ?

- Si tu as raison. »

Le jeune homme poussa un énième soupir en posant son front contre le carrelage froid de la douche.

Il y a les rêves, il y a les cauchemars. Et pire que tout il y a les souvenirs.

C'était ces derniers qui étaient venus lui rendre visite durant la nuit et ça n'avait pas été une partie de plaisir. Pour ne rien arranger, ce furent les souvenirs du repas de la veille qui revinrent à l'esprit de Krystan, il passa une main sur son visage, fermant les paupières aussi fort que possible pour chasser les images que ses yeux avaient transmis à son cerveau.

Pas beaucoup plus grand que lui, dix centimètres tout au plus. Des épaules bien plus développées qu'il aurait pu l'imaginer, des mains fines, des cheveux d'un blond presque blancs, une stature droite, des yeux gris, d'un gris ardoise, se rapprochant du ciel des fins d'après-midi en hiver. Un port de tête altier, des clavicules qui l'avaient fait frémir d'envie plus d'une fois.

Et cet air impassible.

Aussi douloureux qu'attirant.

Il ne s'était pas attendu à ce qu'il lui saute dans les bras comme il le faisait des années auparavant, mais il ne s'était pas préparé à une ère glaciaire totale.

Un sourire faux. Leurs parents avaient dû mettre ça sur le compte de la surprise, de la gêne en voyant ce sourire crispé sur le visage d'Alexeï mais Krystan savait à quoi s'en tenir. Ce type de sourire, c'était celui qu'il servait ceux ou celles qui le faisaient chier. Il n'avait jamais eu à subir une telle grimace de la part de son... Ancien ami. Et ça faisait mal, de se prendre ça en guise de retrouvailles après presque dix ans.

Pendant tout le repas, il avait recueilli et enregistré avec soin les informations sur ce qu'avait fait son aîné depuis son départ. Celui-ci n'étant pas disposé à parler de par sa propre volonté, Krystan avait récolté chaque petit détail qui l'intéressait ce qui voulait dire : tout ce qui concernait de près ou de loin l'étudiant.

Bon d'accord, finalement ce n'était pas des détails qu'il avait retenus.

Mais de quoi faire une dissertation d'une dizaine de pages.

La mémoire est sélective, dit-on. La sienne pourtant n'avait aucun problème à retenir tout ça.

Berlin...

Il eut un sourire amusé en y repensant, il secoua ses mèches trempées, décida de zapper l'étape sèche-cheveux et de s'habiller en vitesse, pull et jean noir, ça suffirait. Il descendit les marches quatre à quatre, nullement étonné d'être seul.

It was only Christmas NightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant