Chapitre 9 [1] : A la nuit tombée...

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lle n'ouvrit les paupières qu'à l'appel de son estomac. Ces derniers temps, il lui faisait atrocement mal, comme pour lui indiquer l'urgence de la situation : elle n'avait pas dégusté un repas décent depuis une éternité.

Enfin...supposé qu'elle arrive à compter les jours...Sa nouvelle cellule n'avait pas de fenêtres. Impossible de déterminer s'il faisait jour...ou s'il faisait nuit noire. A quoi bon ? Ce n'était pas comme si elle allait sortir de cet enfer bientôt.

Avec un gémissement, elle parvint à se redresser sur ses coudes. Ses côtes tiraient, ses poignets étaient en sang, et la bosse qu'elle avait sur le crâne rendait chaque mouvement difficile.

Plusieurs fois, elle s'était dit qu'elle se laisserait mourir.

Mais visiblement, ce n'était pas le souhait de ses agresseurs ; ils la forçaient à manger, et s'occupaient au minimum de ses besoins primaires. Alors, elle attendait. Encore. Encore. Et encore...

Emmeline n'était plus que l'ombre de celle qu'elle avait été autrefois. Son âme évaporée, il ne ne demeurait qu'une coquille vide, avançant péniblement dans les chemins de la vie. Ses cheveux longs et sales cachaient à moitié son visage, ses cernes violacés se mêlaient aux contusions et autres cicatrices qui témoignaient de son calvaire. Mais surtout...il n'y avait plus de sourire. Ce sourire qui avait charmé tant de cœurs, n'était plus qu'un fantôme.

Et c'était d'autant plus le cas lorsque Juan Vialesca entrait dans la cellule, avec son dos droit et sa fierté.

D'ordinaire, lorsqu'elle percevait ses pas approcher sa porte, Emmeline se recroquevillait sur elle-même, tremblante, prête à subir. Mais pas aujourd'hui.

Aujourd'hui, qu'il fasse nuit ou jour, qu'on soit en été ou en hiver, Emmeline avait décidé, que puisqu'elle n'avait plus peur de la mort, qu'elle accueillerait avec plaisir, elle pouvait ne plus craindre. Alors, pour la première fois, elle ravala ses démons, et soutint son regard.

Il ne frémit pas, alors elle se leva, et cela, malgré la douleur qui lui arracha un cri.

« Je veux sortir d'ici. »

Cette demande avait fui sa bouche avec aisance. Plus de cris, plus de hurlement...juste sa voix, faible, mais posée, et directe.

Le regard de son agresseur ne cilla pas, il continuait à la détailler avec minutie. Au début, elle y avait lu du mépris, mais depuis elle avait saisit qu'il s'agissait plus d'observation scientifique. Il analysait chacun de ses gestes, comme pour savoir comment y répondre.

« Tu ne peux pas, pas encore. »

Elle s'attendait tant à ce qu'il lui crie dessus, ou qu'il refuse catégoriquement d'envisager son départ, qu'elle sursauta, et fit un bond en arrière. Il sembla apprécier son geste, et mit confortablement ses mains dans ses poches.

« Quoi ? Tu pensais qu'il allait te garder en vie inutilement ? Juste pour le plaisir d'avoir une proie à portée de main ? Malfoy n'est pas comme ça...Il n'aime pas gaspiller. »

Son ton était froid et sarcastique aux premiers abords, mais elle crut y percevoir une véritable colère. Et ce ressentiment, pour une raison qu'elle ignorait, ne lui était pas adressé.

« Quand ? souffla-t-elle avant que sa gorge ne se noue. »

Elle sentait qu'elle était trop audacieuse ; son dos heurta le mur, et elle dut résister à enfouir son visage dans son bras. Allait-il la frapper ? Ou bien lui lancer un Endoloris ? Mais la douleur ne vint pas. Elle l'entendit soupirer, comme s'il se moquait de son expression.

Alycia [ Maraudeurs Fanfiction ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant