Chapitre 2 : Donnez-moi de l'espoir

691 53 13
                                    

Chemin de Traverse, 22 Aout

James pensait que la rue serait vide. Qu'il n'y aurait pas un chat à l'horizon. Que le seul bruit serait celui du vent contre les carreaux brisés du Chemin de Traverse. Mais il n'en était rien. Au lieu d'un inébranlable silence, se dressaient les cris stridents de la foule en liesse. Cet amas de sorciers regroupés devant la Banque, les poings levés, s'extasiait devant une silhouette fine et trapue.

Il pleuvait des cordes, leurs visages étaient dégoulinant de gouttes et les cheveux désordonnés de James s'aplatissaient sur son front. A sa droite, Sirius sursauta en reconnaissant la figure qui s'adressait à la foule. Euphémia frémit et plongea dans la masse sans se préoccuper des coups de coude qu'elle recevait. Les garçons s'empressèrent de faire de même.

« Nos enfants ne sont plus en sécurité. Nos maisons ne sont plus les petits refuges d'hier. Même Poudlard nous semble dangereux. Mais paniquer n'est pas la bonne attitude à adopter. C'est ce qu'ils veulent. Si vous vous recroquevillez de terreur, si vous devenez paralysé par cette frayeur qui vous glace le sang...Alors ils auront gagné. Ils auront gagné car vous n'irez pas aux urnes le mois prochain. Vous n'aurez pas le courage nécessaire pour tenter de sauver ce qu'il nous reste. Notre démocratie. Notre liberté. Notre égalité. Toutes ces valeurs qui font de nous ce que nous sommes... »

Euphémia parvint au deuxième rang, toujours masquée par un imposant monsieur qui ne l'entendait pas le prier de lui laisser le passage.

« Augusta ! criait-elle en vain. »

Mais son cri se perdit parmi les autres.

« William Vance est mort ! Il est mort parce qu'il voulait défendre ces valeurs ! Il est mort et désormais, il ne faut plus regarder en arrière. Il faut continuer. Continuer à croire que nous pouvons encore éviter cette guerre qui est à nos portes. Votez mes amis ! »

James sentit son cœur battre dans sa poitrine. Pour quelle raison ? Il n'en était pas certain. Peut-être était-ce cette masse qui le bousculait de tous les côtés, ou bien ce sentiment qu'il venait d'entrer dans une nouvelle ère. Augusta Londubat était une amie de son père depuis Poudlard. Elle passait souvent prendre le thé chez eux. Elle avait du caractère, mais jusque là, il ne l'avait vu qu'en tant que mère de Franck, et figure familière de sa propre existence. Mais désormais : elle se tenait contre le monde. Elle entrait elle-même dans cette mécanique qui allait tous les broyer un pas un. William Vance était mort, assassiné parce qu'il s'était tenu au même endroit quelques mois auparavant, prononçant un discours similaire...Devra-t-il encore voir un des nombreux visages de sa vie s'effondrer ?

« AUGUSTA ! hurlait toujours sa mère. »

Sirius broncha à ses côtés, quand une femme le heurta avec son coude.

« Donnez-moi de l'espoir ! Donnez au monde sa dernière chance ! Ne croyez pas tous ces discours sur le sang des sorciers, sur la supériorité de quelques uns...Nous sommes une famille ! Le mois prochain vous aurez la chance de montrer au monde, que les sorciers ne veulent pas de cette guerre inutile qui fait plus de morts que d'heureux. Croyez-moi, s'ils vous disent que vous gagnerez à supporter leurs quêtes...ce sont des mensonges ! »

Dressée, fière, le visage passionné par son propre discours : Augusta Londubat représentait alors pour cette populace, la dernière lueur d'espoir. Si elle mourrait, qui aurait le courage de faire de même ? James aperçut la figure blonde de Franck dans l'ombre d'une allée, comme effrayé par le spectacle. Aucun d'entre eux n'était plus laissé de côté. Même Franck, ce personnage si souriant et innocent, avait aujourd'hui le visage préoccupé. Ses joues rondes se creusaient, et ses pupilles claires, se voilaient d'inquiétude. Il n'avait pas fait attention à leur arrivée, les yeux rivés uniquement sur sa mère, se demandant inconsciemment si elle subirait le même sort que son meilleur ami. Faiblirait-elle ? Plierait-elle ? Quiconque avait déjà eu l'occasion de lui adresser la parole par le passé, saurait qu'elle avait un sale caractère, et qu'il n'existait pas plus têtu en ce bas monde. Mais cela ne la rendait pas invincible.

Alycia [ Maraudeurs Fanfiction ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant