chapitre 9 : s'éloigner

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  Marybess

C'est assez brutalement que j'émerge de mon sommeil. Un sommeil qui m'a paru lourd, long, voir interminable et terrifiant au vue des cauchemars qui m'ont terrassé et ne m'ont laissé aucun répit.
Souvenir effacé ? Flash back ? Non, bien évidemment. Si ce n'était que ça mais non.
C'est mon bourreau aux yeux bleus qui est revenu me hanter et il n'était vraiment pas d'humeur aujourd'hui. C'était terrifiant de le voir si en colère après moi et tellement troublant. Aussi fou que ça puisse paraître, j'ai ressenti sa peine, sa colère, sa déception et c'était tout sauf agréable. Que me reproche t-il donc à ce point ?

C'était juste un cauchemar mais ça paraissait si réel pourtant et tellement... vraie. Vraie dans le sens où, pour la première fois, depuis que j'ai commencé à le voir dès que je ferme les yeux, j'ai ressenti ce qu'il ressentait. Il souffre énormément.

Pourquoi ? 

C'est moi la victime dans toute cette histoire.

Qu'est-ce que ce détraqué de vampire cherche à me faire comprendre ?

Qu'est-ce qu'il s'est passé entre nous ?

Je perds la boule, c'est certain.

Habitée d'un mal-être soudain et sur le point de pleurer, chose que je n'explique pas du tout, je me lève de mon lit d'hôpital et sort en trombe de cette pièce dénué de chaleur pour espérer échapper à ce mélange de culpabilité et d'émotions contradictoires qui m'oppressent la poitrine mais je heurte quelqu'un de plein fouet. Ce quelqu'un qui n'est autre que Faust me rattrape à temps, m'empêchant ainsi de me retrouver le derrière à même le sol.

Honey

Sans vraiment l'expliquer, c'est sans contrôle que je le repousse. Cette impression de tromper quelqu'un qui m'est vraiment cher ne me quitte pas et Dieu seul sait à quel point c'est horriblement désagréable. Tellement désagréable que j'en viens presque à devenir agressive avec mon hôte.
En parlant de lui, il me regarde comme si j'étais devenue folle. Et y'a de quoi le devenir.
Avec tout ce qu'il m'arrive j'ai juste envie de m'endormir et de ne plus jamais me réveiller.

— Hey du calme, ce n'est que moi !

— Je sais ! 

— Qu'est-ce qu'il se passe ? me demande t-il de plus en plus perdu.

Incapable de lui expliquer ce que je ressens  exactement au plus profond de moi, je lui tourne le dos et retourne m'asseoir sur mon lit.

— Que... que s'est-il passé ?  Je lui pose la question en essayant de faire bonne figure pour ne pas lui montrer le trouble qui m'habite.

— Tu as... tu as failli faire une fausse couche et-

Fausse couche ? Ces mots résonnent dans ma tête et il ne m'en faut pas plus pour me mettre à paniquer. Faust se dépêche de venir me calmer en me prenant dans ses bras forts mais ce geste n'a que pour seule conséquence d'accroître encore plus ma panique. Comme tout à l'heure je le repousse de toutes mes forces et vais même jusqu'à crier quand je m'aperçois que le vampire n'est, cette fois-ci, pas décidé à me lâcher. Il ne comprend pas que je veux m'éloigner de lui à tout prix afin de me défaire de cette sensation de culpabilité qui m'étreint chaque fois qu'il me touche.

— Calme toi je t'en prie, ton bébé est hors de danger maintenant mais il faut que tu te calme !

Finalement, son tempérament quelque peu agressif et son autorité quasi vampirique ont raison de mon état. C'est tout doucement que je me calme. Le souffle court je m'écarte de ses bras. Faust consent à me laisser s'éloigner mais ne me lâche pas des yeux pour autant. Les mains dans les poches, le regard pénétrant et scrutateur, il me scrute sous toutes les coutures et je suis sûre à cent pour cent qu'il essaie de me percer à jour. Le discernement naturel dont il sait si bien faire preuve lui dit que quelque chose dans mon comportement étrange n'est pas dû à ma fausse couche ou au stress accumulé au cours des dernières semaines.

MARYBESS : le fruit d'un amour interdit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant