MARYBESS : le fruit d'un amour interdit

chapitre 15 : orgie sanglante

Marybess

C'est à petit pas de souris que je parviens à suivre le trio de vampires quelque peu éméché qui n'a pas arrêté de rire et de chahuter devant la porte de ma chambre, m'empêchant de dormir. L'une des raisons pour lesquelles je me trouve ici. Je ne sais pas encore par quel miracle je n'ai pas attiré leur attention, mais ce n'est sûrement pas grâce à ces deux mètres de distance que je maintiens entre eux et moi. La filature, ce n'est pas mon fort. Je suis quasiment sûre qu'ils savent que je suis juste derrière eux, alors pourquoi ils ne bronchent pas ? Peut-être ne savent-ils pas que je suis une étrangère et croient que j'appartiens à quelqu'un qui logerait dans ce grand château. Quoiqu'il en soit, ils ne voient pas d'inconvénients à ce que je les suive jusque dans la salle où est censé se dérouler je ne sais quel événement secret auquel je n'ai pas le droit d'assister, selon Xander. Pourquoi ? Eh bien je compte bien le découvrir. Tout d'abord parce que je suis très curieuse (oui, oui, un bien vilain défaut qui n'a pas jugé bon de me lâcher comme l'a fait ma mémoire) et aussi, parce que ça me titille de savoir que Xander est peut-être là, quelque part, dans les bras d'une autre femme à faire des cochonneries.

J'ai entendu dire que les vampires ne se limitaient pas toujours à boire du sang quand c'était pratiqué sur une personne. Non. Ils se nourrissent et baisent en même temps. Je sais, c'est bizarre dit comme ça, mais apparemment, quand ils ont faim, leur appétit sexuel aussi est sollicité.

C'est effrayant et je me suis souvent demandé si j'avais envie de tenter l'expérience, mais me faire transpercer la peau comme un vulgaire morceau de viande ne me dis rien. Pas même s'il s'agissait de Xander. La douleur et moi, ne sommes pas bon amis.

— Eh toi ! Tu vas nous suivre encore longtemps comme ça ? fait l'un des trois vampires.

Sa voix presque tonitruante me fait sursauter et me sort de mes pensées. Je fixe le vampire en face de moi, l'air faussement innocente et hausse les épaules comme si de rien n'était. Qu'aurais-je pû lui dire de toute façon ?

— T'es muette ? Je te parle !

— Je t'entends très bien, pas la peine de crier.

Ma repartie fait rire ses deux autres camarades. Le regard froid qu'il me lance me dit qu'il ne doit pas être, voir quasiment jamais, le centre de raillerie d'autres personnes. Il y a un début à tout. Alors que je crois qu'il va se ruer sur moi pour me faire payer d'avoir eu la langue trop pendue, le vampire qui s'est adressé à moi m'offre un sourire. Son sourire ou plutôt le rictus qui déforme ses lèvres me fait regretter d'avoir osé répondre à ses provocations.
Lentement, mais sûrement, il commence à réduire la distance de sécurité entre nous. Incapable de fuir, parce que je sais qu'il aura vite fait de me rattraper peu importe la direction que j'aurais décidé de prendre, je choisis de l'affronter.

Lorsqu'il arrive enfin à ma hauteur, monsieur "je m'en bats lec" a arrêté de sourire. Mon impertinence suicidaire le fait lever un sourcil. Il se penche sur moi, me lorgne de bas en haut avec dédain et j'en perds mes mots. Me retrouver entre les pattes d'un vampire lunatique est une situation déplaisante que je ne souhaite à personne, même si j'en fréquente un en ce moment. J'aurais dû t'écouter Xander.

— T'es qui toi ?

— Et toi t'es qui ?

— Petite insolente, ton maître ne t'as pas appris le respect ?

— Je n'en ai pas. C'est peut-être pour ça ! je rétorque imperturbable.

Boucle la Bess ! Tu vas t'attirer des ennuis !

Ma conscience a beau me sermonner, il est hors de question que je me soumette à cet abruti. J'en ai du courage et à revendre. Ce n'est certainement pas lui qui me fera fuir comme un chien, la queue entre les jambes et ce même si mon cœur bat de peur dans ma poitrine.
Le vampire semble s'en rendre compte et sourit. J'ai peut-être l'air forte comme ça, mais au fond, je suis morte de trouille. La peur au ventre, je retiens ma respiration quand il empoigne l'encolure de ma robe sans délicatesse, me faisant presque décoller du sol.