Il se matérialisa en tailleur au bout de mon lit et je me redressai.
« De quoi ? »
« Je crois que la Dame Blanche cache des secrets. »
« Pourquoi ? »
« Cette langue... j'ai du mal à me rappeler mais elle m'évoque des souvenirs. Je vois des éclats d'acier et des larmes de sang. »
« Ugh, c'est pas rassurant, ça. »
« Nan, pas vraiment. D'ailleurs la majorité de mes souvenirs ont l'air teinté de sang. »
« Je préférais la période où tu étais amnésique et où tu faisais des commentaires désobligeants sur ma méthode d'approche de l'étal de fruit. »
« Il faut dire que ta technique laissait à désirer ! »
Je secouai la tête et me laissai retomber sur l'oreiller.
« Pourquoi et comment sommes-nous liés toi et moi ? »
« Je ne sais pas, je ne sais plus. Ce que je sais c'est que plus tu fréquentes ces gens et plus tu apprends à contrôler ta magie et plus mes souvenirs reviennent. »
« Il ne t'ai pas venu à l'esprit que tous ces magiciens puissent vouloir notre peau ? »
« Bien sûr que si, c'est pour ça qu'il faut que tu t'abstiennes de parler de moi, de nous, à qui que ce soit. »
Un bâillement m'échappa et je me pelotonnai sous la couette.
« Compris, on parle pas et on attend. »
« Et l'objectif est d'atteindre cette fameuse école pour nous approcher des très hautes sphères de l'Eglise. »
« Hm. » marmonnai-je, déjà assoupie.
***
Deux jours passèrent avant que je revois la Dame blanche. À la sortie du service religieux, elle m'adressa un signe de la main. Suivant son mouvement, je dirigeai mes pieds vers la chapelle au fond de la nef de l'église. Il y avait sept immenses cierges, peints de motifs abstraits pour mes yeux d'ignorante. Au-dessus de chacun d'entre eux, un vitrail représentant un des sept Apôtres. Le vitrail central, plus grand que les autres, représentait un cavalier de profil, épée pointée vers le ciel, rouge du plumeau de son casque jusqu'au bout de ses solerets. Je le contemplai avant de laisser échapper un bâillement.
— Tout cela t'ennuie, n'est ce pas ?
Je pivotai, alarmée, mais la magicienne, dans sa tenue de cérémonie, semblait sincèrement amusée. Je haussai les épaules sans grande conviction et son sourire s'agrandit.
— Ne t'inquiète pas, j'étais comme toi au même âge. Encore que j'étais obligée d'assister aux trois services quotidiens.
Mon regard horrifié ne lui échappa pas et elle émit un petit rire.
— Tu finiras par comprendre que tout ceci nous regarde de plus près que les autres. Nous sommes les prophètes qui annonceront son retour et celui des autres apôtres, souffla-t-elle en levant les yeux sur les vitraux.
Elle posa une main sur mon épaule et nous contemplâmes un instant les œuvres d'art en silence.
— Viens à mon bureau après le repas, j'ai mon après-midi de libre, nous pourrons commencer ton entraînement et parler de tout ceci.
Je hochai la tête juste avant qu'un homme ne vienne réclamer l'attention de la Dame blanche. Je rejoignis Gilda à l'extérieur de l'église. Ma tutrice discutait joyeusement avec deux autres femmes un homme du même âge. Je m'approchai, ma méfiance instinctive me laissant les muscles tendus.
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L'Âme du Cavalier Rouge
ФэнтезиSur le continent de Gardif, les noms ont un pouvoir. Personne ne connaît le mien, depuis que ma famille est morte. Je vis dans la rue avec pour seule compagnie la voix dans ma tête. C'est à se demander si tout ceci ne m'a pas rendue un peu folle. E...