Partie 30

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— Il y a donc une épée qui prend la poussière depuis des siècles quelque part à Kair Tarafal que personne ne peut toucher ?

— Elle est présentée dans les mains d'une statue qui représente le Cavalier. Elle ne rouille jamais sous les éléments, ne subit pas l'altération du temps, elle attend le retour de son propriétaire.

« Je pourrais toucher cette épée ? » demandai-je.

« Sans doute. »

« Tu crois qu'on pourrait faire quelques chose ? »

« Oh, je n'aime pas beaucoup ton fil de pensée, Astrid. Aussi révolté que je sois à l'idée que l'Église est sacrifiée des jeunes filles en mon nom pendant près d'un millénaire, ni toi ni moi ne sommes prêts pour nous révéler. »

« Je ne parlais pas d'une action au grand jour, je ne suis pas stupide à ce point et ton âme chevaleresque n'a pas encore suffisamment déteint sur moi. »

« Hm. Il faut réfléchir à ça. Mais je vois difficilement ce que l'on pourrait faire.»

— Je comprends que tout ceci te perturbe, souffla Wendy face à mon silence. Si je pouvais, je ferais quelque chose pour l'aider.

— Nous ne pouvoir rien faire ? se manifesta Maya.

— Non hélas, pas sans compromettre entièrement mes chances d'être élue.

Je soupirai, agrippai la main de mon amie plus fort et fermai les yeux. Dans quel genre de problème nous étions-nous engagés ?

« Dans quelque chose de compliqué. »

« Tu sais qu'on va arriver là dedans comme un chien dans un jeu de quille ? »

« Oh oui, on va aller mettre la pagaille là dedans, j'y compte bien. »

« Bien, nous sommes d'accord. »

Je sentis une main glisser sur la mienne. J'ouvris les yeux et laissai Wendy entrelacer mes doigts aux siens.

— Nous changerons ça, m'affirma-t-elle. Mais il nous faut du temps et des moyens.

J'acquiesçai de la tête. Les mains des deux personnes qui comptaient le plus au monde pour moi dans les miennes, je puisais la force et la sérénité dont j'avais besoin.

« Et moi je compte pour du beurre ? »

« Toi, ce n'est pas pareil. Tu es moi. »

« Hm je ne sais pas comment le prendre. »

« Prend le comme tu veux. »

La routine de notre voyage se poursuivit même si le temps se rafraîchit. Les montagnes se rapprochèrent et ne tardèrent pas à nous entourer. C'était un paysage nouveau pour moi et je passai beaucoup de temps à observer ce qui nous entourait. Les plantes, les bruits, l'air, tout était différent. Dès que nous faisions un arrêt, je remplissais tout mes sens de ce nouveau monde qui s'offrait à moi. Si Maya était aussi émerveillée que moi, le climat plus froid des montagnes lui réussissait beaucoup moins. Emballée dans un lourd manteau et plusieurs couches de vêtements, elle réussissait quand même à frissonner de froid.

Des chutes de neiges tardives rendirent la fin de notre trajet difficile. La première vue que j'eu de Kair Tarafal fut celle d'une ombre gigantesque dans le brouillard, nichée au fond d'une vallée. Nous arrivâmes tard dans la soirée et aussitôt emmenés à travers une longue série de couloirs. Alors que je suivais la Dame Blanche, on posa une main sur mon épaule pour me diriger dans une autre direction.

— Par ici, m'indiqua-t-on.

Ma protectrice se retourna aussitôt.

— Non, elle reste avec moi.

— Abbesse, ce n'est pas...

— Il me semblait avoir été très claire dans les consignes que je vous ai envoyé. Mes quartiers devaient posséder une chambre supplémentaire.

— Nous avons respecté vos demandes à la lettre, seulement nous...

— Cette jeune fille est la personne concernée et elle reste avec moi, insista Wendy froidement.

Elle chassa de mon épaule la main de l'homme pour y poser la sienne et m'attirer près d'elle. Elle croisa son regard et il baissa les yeux.

— Que... Très bien. Je vais montrer leurs quartiers aux autres membres de votre suite, souffla-t-il.

— Excellent.

La Dame Blanche m'entraîna par l'épaule. Nous gagnâmes le bout du couloir, deux servantes ouvrirent la porte, commencèrent à allumer les lanternes magiques tandis que des porteurs amenaient les malles contenant les affaires de Wendy et les miennes dans une moindre mesure.

— Celle-ci va dans la chambre adjacente, indiqua la magicienne en désignant un bagage plus petit d'un mouvement du menton.

Les hommes s'exécutèrent aussitôt.

— Désirez-vous une collation ou des rafraîchissements, ma Dame ? interrogea la plus âgée des deux servantes.

— Un thé et quelques pâtisseries feront l'affaire à cette heure, répondit la Dame Blanche. Vous les laisserez dans l'antichambre, je suis lasse et ne veux plus voir personne, sauf urgence vitale.

— Bien, ma Dame.

Le va-et-viens continua un moment jusqu'à ce que tout le monde évacuent enfin la pièce. Le feu brûlait dans les cheminées, les bagages étaient déballés et le silence enfin revenu. Wendy s'échoua dans un fauteuil et se massa les tempes.

— Déesse, dire que nous sommes à peine arrivés. Ils me fatiguent déjà.

— Tout ces gens vont être là... tout le temps ? interrogeai-je.

— Une grande partie du temps, oui. À l'Abbaye j'avais réussi à contourner les règles habituelles et à ne pas m'encombrer de personnel. Ici malheureusement, nous allons devoir les supporter. C'est une des raisons pour lesquelles je t'ai nommé suivante. Nous pourrons avoir un peu la paix comme ça.

— Pourquoi ne suis-je pas surprise que tu ai déjà tout prévu ? m'amusai-je en me posant dans le fauteuil face au sien.

Elle rit doucement. Un bruit léger à la porte nous indiqua que le thé venait d'arriver. Ma protectrice se tourna vers la porte, esquissa un geste de la main et le plateau entra par la porte ouverte qui se referma. Le verrou cliqueta et notre collation se posa en douceur sur la table entre nous.

Je souris, servis deux tasses, lui en tendit une et nichai l'autre dans mes mains. Un silence confortable s'installa, ni moi, ni Wendy ne ressentions l'envie de parler. Les tasses et l'assiette de biscuits vidées, nous nous rendîmes dans sa chambre. Je l'aidai à enlever les nombreuses pinces et rubans qui maintenaient sa coiffure. J'avais maîtrisé la technique durant notre voyage et c'était devenu un rituel familier entre nous. Je m'emparai ensuite de la brosse à cheveux avant qu'elle ne puisse la saisir, la faisant sourire.

— Il faudra s'occuper des tiens, un jour, nota-t-elle.

Je passai une main dans ma chevelure ébouriffée tout en commençant à brosser la sienne de l'autre. Mes cheveux avaient poussé durant l'hiver et commençait à former une masse désordonnée sur ma tête, loin de la coupe sage que m'avait faite Gilda à mon arrivée à l'Abbaye.

— Ça attendra demain, je suis trop fatiguée pour ça.

Je terminai ma mission et n'eus pas le temps de penser avant de me retrouver assise sur ses genoux.

— Je t'aime, Astrid.

— Je t'aime aussi, Wendy.

Elle m'embrassa sur le front et me laissa partir. Je me couchai dans un lit qui n'était pas le mien, dans une chambre inconnue, à des kilomètres de tout ce que je connaissais un tant sois peu.

« Tu n'as rien à craindre, je suis là. »

Ulrich apparut derrière moi et passa une main réconfortante dans mon dos.

« Je crois que j'ai jamais été aussi soulagée de savoir que j'entends des voix. » m'amusai-je.

« Dors en paix, Astrid, je veille sur toi et sur Wendy. »

« Merci. »

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 02, 2021 ⏰

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L'Âme du Cavalier RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant