Bien sûr, en partant comme elle l'a fait, elle abandonne tout son bazar par la même occasion. Et devinez qui va devoir le ranger ?
— Kelly, ma chérie, tu veux bien ramasser avant que quelqu'un ne se fasse mal ? Je vais essayer de raisonner ta sœur avant qu'elle ne gâche complètement le réveillon de Noël.
Et oui, c'est pour bibi ! Car franchement qui pourraît le faire à part que sa grande sœur chérie.
A peine sa phrase terminée, ma mère se lève pour suivre ma sœur et essayer de la réconforter de son égo meurtri. Même si je suis dégoûtée, écœurée de devoir nettoyer le bordel de mademoiselle, le fait d'avoir assisté, aux premières loges, à ce spectacle atténue quelque peu ce sentiment. Je crois que la vision de sa mine déconfite quand elle s'est relevée restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Je ne me lève que quand je suis bien calmée et que mon fou rire est derrière moi.
Je retourne chercher la pelle et le balai, qui semblent être particulièrement utiles ce soir. Je devrais peut-être les laisser au salon après utilisation, au cas où il y aurait un autre accident.
Quand je retire ma chaise et celle de ma mère pour passer le balai, Brian m'interpelle.
— Kelly, je suis désolé pour ta sœur. J'aurais dû la rattraper lorsque j'ai vu qu'elle perdait l'équilibre. Mais je ne sais pas... Je n'ai pas eu le réflexe adéquat. Désolé.
Il est mignon, il semble véritablement désolé de la mésaventure de Kayla. Alors que pour moi, c'est tout l'inverse. Je dirais même que j'ai eu mon cadeau de Noël en avance. Je n'ai qu'un seul regret, celui de ne pas avoir eu le temps de filmer la scène pour pouvoir la regarder en boucle quand Kayla me tapera sur le système. Mais bon, elle est parfaitement enregistrée dans mon cerveau, et elle n'est pas prête de s'effacer, jamais.
— Ne t'inquiètes pas, elle s'en remettra.
Oui, ça j'en suis sûre. Par contre, il lui faudra plusieurs heures quand même.
Mon oncle et les petits ne s'en sont pas encore remis. Ils surenchérissent en rajoutant même des détails à cette magnifique cascade que nous a offerte Kayla.
— Mais c'était un super cadeau de Noël pour tout le monde. On n'est pas prêts de l'oublier.
Je lui fais un clin d'œil. Je prends mon courage à deux mains pour me montrer un peu plus entreprenante. Je ne sais pas où je le puisse, surement dans l'alcool que j'ai ingurgité au cours de la soirée. Le courage liquide est toujours le plus efficace, je me contente de m'en servir avant qu'il ne disparaisse.
Ma mère et ma sœur ne reviennent qu'après que nous ayons servi tous les convives. Vu que je connaîs leurs goûts, nous leur avons rempli leurs assiettes. On n'a droit qu'aux remerciements de ma mère. Ma sœur ne prononce pas un mot. Elle s'assoit en baissant la tête et ne quitte pas son assiette des yeux pendant qu'elle mange. Elle ne doit pas vouloir croiser le regard de qui que ce soit.
La honte doit la submerger et elle ne doit pas savoir comment s'en sortir. Ayant pour habitude de me retrouver dans des situations embarrassantes, car la chute qu'elle a faite j'aurais pu la faire moi aussi et m'en remetre beaucoup plus vite qu'elle. Faut dire que c'est bien la première fois que je la vois faire une chute pareille. Au moins je suis rassurée, elle est humaine, elle aussi.
En bonne maîtresse de maison, ma mère relance la conversation.
— Alors les garçons, ce début d'année scolaire ça donne quoi ?
Je ne suis pas sûre que ce soit le sujet préféré des principaux intéressés, mais au moins ce n'est pas un sujet d'altercation pour les adultes.
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Mes Joyeuses fêtes de Noël
Roman d'amourPrenez une mère qui veut aider tout le monde, une sœur nombriliste, une tante aigrie, un oncle coureur de jupon, une autre tante alcoolique, deux garnements pourris gâtés. Rajoutez y un inconnu convié par l'un des membres de ma famille. Et vous obte...