8 décembre 2020 - Grand-Papa

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Aujourd'hui, c'est une journée spéciale. On est le 8 décembre 2020. Le 8 décembre 1920, il y a exactement cent ans, tu naissais. C'était il y a un siècle. Tu n'es plus parmi nous aujourd'hui, mais je sais qu'à quelque part, avec grand-maman, tu veilles sur les tiens. Tes huit enfants, tes quatorze petits-enfants, et tes nombreux arrière-petits-enfants, que tu n'as pas eu la chance de tous connaître. 

Je ne suis pas très spirituelle dans la vie, je ne sais pas réellement en quoi croire, comment le définir, mais je me plais à croire que tu nous observe de là-haut. J'espère que si c'est le cas, tu es fier de nous tous. Tu sais je n'ai toujours pas résolu le mystère de l'ange. Celui que ta copine m'a donné après ton décès, celui que tu lui avais demandé de garder pour moi. Je ne saurai jamais pourquoi, en dessous de cet ange, était inscrite la date. Celle qui marque la dernière fois que je t'ai vu. En fait, je ne veux pas réellement le savoir. J'aime bien que tu aies gardé pour toi ce mystère. 

Cet été, ce fera dix ans que tu es décédé. C'est drôle, je me souviens de la veille de ton décès. Oncle, tante, maman, papa et moi étions sur les plaines*, en spectacle, c'était Elton John. On savait que la fin approchait pour toi. Le lendemain, tante et papa ont pris la route pour te retrouver. Tu les as attendus pour partir. Je ne me souviens pas énormément de toi, grand-papa, mais partout je sais que tu es avec moi.

Tu te souviens de Clifford, le lièvre en peluche que tu m'avais offert à Pâques quand j'étais petite ? Je l'ai toujours. Il est toujours près de moi. Je ne pourrai jamais m'en séparer. Je me souviens de ta soupe, celle que tu faisais avec grand-maman, celle dont les légumes avaient tous la même taille, sans exception. Je me souviens des nombreux souper au St-Hubert**, ceux où toute la famille était réunie.

 J'aurais aimé être assez vieille pour avoir connu ton chalet, et ta Loulou, mais je me souviens de ton jardin, celui dont tu étais si fier. Je sais que tu as dû traverser de nombreuses épreuves au cours de ta vie. Tu étais dans l'armée durant la Seconde Guerre Mondiale. Tu n'es pas allé au front, mais tu as été cobaye pour vaincre le gaz moutarde. Tu me l'as raconté. Enfin, pas à moi spécialement, mais dans cette entrevue d'ancien combattants que tu as donné avant ton décès, celle que j'écoute encore à l'occasion.

Je me souviens de toi comme un homme bon, un homme fier, un homme qui a sa famille à cœur.

Je m'ennuie de toi grand-papa et j'ai hâte que l'on se retrouve, mais, s'il te plaît, pas trop vite.

Ta dernière, qui t'aime fort.

PS: S'il te plaît, embrasse grand-maman pour moi et, le jour de Noël, souhaite lui Joyeux Anniversaire de ma part..

***

Petit lexique québécois pour ceux qui en aurait besoin

*les plaines : en référence aux Plaines d'Abraham (dans la ville de Québec).

**St-Hubert : restaurant familial très populaire au Québec, dont la spécialité est le poulet.

Bonjour,

Aujourd'hui, c'est une journée spéciale vous l'avez compris. C'est pourquoi je me suis éloignée un peu du thème de Noël, pour vous partager ce texte qui me tient à cœur.

Côté littéraire, je vous parle aujourd'hui du recueil de nouvelles Madame Victoria de Catherine Leroux publié chez les éditions Alto. Toutes les nouvelles s'inspirent du même évènement : la découverte du corps d'une femme à côté de l'Hôpital Royal Victoria, à Montréal, en 2001. Jamais les autorités n'ont été en mesure d'identifier cette femme, même presque vingt ans plus tard. Dans chaque de ses nouvelles, Leroux imagine une nouvelle identité à cette femme au passé inconnu. Je trouve qu'il s'agit d'un concept original et très intéressant et j'ai adoré les mots de l'autrice. 

J'espère que vous appréciez ces petites découvertes littéraires.

À demain,

Mouche à feu.


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