Chapitre 15 : Quand le passé nous rattrape

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Nous les suivions jusqu'à leur campement.

Des tentes avaient été installées et ils n'étaient pas beaucoup, au moins une dizaine. Quand on les vit, ils furent acclamés comme on applaudissait des héros qui reviendraient de la guerre.

- Enfin, de la viande !

La pauvre bête fut emmenée dans une tente pour être préparée certainement.

A l'aide de mon fusil à lunette, je les observais : c'était tous des lucioles. Mais que faisaient-t-ils ici ?

Ils avaient retrouvé ma trace ?

- Rob, il faut rentrer au camp pour prévenir les autres.

- Pas maintenant. Il faut déjà savoir ce qu'ils cherchent.

- On sait déjà ce qu'ils cherchent : moi ! alors retourne au camp, moi je vais me rendre.

- Non ! je suis ton chef, et tu vas faire ce que je te dis. Il nous faut des informations complémentaires. A première vue, ils ne sont qu'une dizaine, mais qui te dit qu'il n'y en a pas plus ? Nous devons savoir à quoi nous nous exposons.

- Et comment ?

- On en attrape un !

Nous nous faufilions dans les bois et nous vîmes un soldat avec une hache en train de couper du bois.

- Fais chier, c'est toujours à moi les basses corvées.

- Ne bouge pas si tu tiens à la vie.

Surpris, il laissait tomber la hache et levait les mains en l'air. Rob pointait une arme derrière sa tête et dit :

- D'où venez-vous ?

- De ton cul.

Rob le saisit par le col et le plaquait contre un arbre.

- Je te repose la question : d'où venez-vous ?

Son regard s'attardait sur l'arme collée contre sa tempe et il semblait comprendre qu'il n'avait pas d'autres choix.

- Santa Catalina en Californie.

- Et que faîtes-vous ici ?

- On a entendu des rumeurs disant que des immunisés roderaient dans le coin.

- Vous êtes nombreux ?

- Pas pour l'instant, mais ce soir, d'autres des nôtres vont arriver.

Je regardais autour de moi nerveuse et dit :

- Rob, on se tire.

- Encore cinq minute Ellie.

- Les autres ne vont pas tarder à rappliquer.

- Ellie ?

Le prisonnier me regardait, apparemment venant tout juste de me remarquer et dit :

- Ellie Williams ?

- On se connait ?

Il me lançait un sourire diabolique.

- La dame t'a posé une question.

- Elle sera folle de joie.

- Qui ?

- Regardez dans ma poche droite !

Rob mit sa main dans la poche et en sortait un bout de papier qu'il me tendait.

- Alors, ça dit quoi ?

- Oh merde !

Je lui montrais.

Il s'agissait d'un avis de recherche avec ma photo imprimée dessus ainsi que mon prénom et mon nom.

- Alors c'est vrai, vous êtes des lucioles ?

- Oui.

- Je ne comprends pas. Je pensais que toutes les lucioles étaient mortes à l'hôpital.

- C'est la vérité ! Il a tué plein des nôtres. Certains sont parties à Seattle, d'autres ailleurs. Mais à partir de ce jour-là, c'est comme si on n'existait plus. Il nous a tous brisé. Tout-ça parce qu'on voulait faire le bien.

Ça me rappelait ma discussion avec Nora.

« Les lucioles n'existent plus maintenant ! »

« Pense un peu à ce qu'il a fait ! »

« Combien de gens sont morts à cause de lui ? »

- Il a bien mérité ce qui lui est arrivé. Mon seul regret, c'est que j'aurais aimé être là pour le voir se faire fracasser la tête et conserver le club. J'aurais pu l'exposer comme un trophée de guerre.

Je sortais mon couteau de poche, furieuse et m'approchait de lui.

- Si tu tiens à la vie, dis-nous tout ce que tu sais.

- Ouais, elle a dit que tu avais le sang chaud et que tu partais très vite au quart de tour. Elle nous a dit de se méfier et de ne pas te sous-estimer. Mais franchement, je ne vois pas ce qu'elle voulait dire.

- C'est qui « elle » ?

- Abby Anderson.

Je laissais tomber le couteau, choquée par ce que je venais d'entendre.

- Non, tu mens !

- Tu préférerais certainement, mais c'est la vérité ! elle va arriver ce soir et je n'ose imaginer la joie qu'elle aura quand on t'aura livré à elle.

Je baissais la tête.

Elle était de retour. Après tous ces mois ou j'avais essayé d'oublier tout ce qui s'était passé, elle était à nouveau de retour.

- Ellie...

Je l'entendais à peine.

- Ellie ressaisis-toi !

- Immunisés ! Par ici !

Le prisonnier venait de donner l'alerte. Rob l'étranglait rapidement et dit :

- On doit se tirer Ellie.

Je suivais Rob qui courait à travers champ mais les gardes nous avaient repérés. Un d'eux nous suivait avec son cheval et tirait sur Rob qui saignait du ventre. Nous arrivions à nous cacher derrière de gros rocher et j'examinais la blessure de Rob qui se tenait le ventre à une main.

- Merde, Rob !

Les lucioles se dirigeaient vers notre position.

- Je crois que c'est la fin Ellie.

- Non, pas encore !

Il retirait sa main de sa blessure que je couvrais aussitôt.

- Garde ta main sur la blessure.

- Inutile.

Je ne voulais pas le reconnaître, mais c'était vrai. La blessure avait fait trop de dégâts et je ne voyais pas comment il pourrait survivre.

Il prit son pistolet et dit :

- Ecoute : tu dois retourner au camp. Il faut que vous partiez avant qu'une armée ne vous tombe dessus. Je vais m'occuper de ceux-là.

- Je les vois !

Un des lucioles était monté dans un arbre mais Rob le descendit rapidement. Deux autres approchaient de notre position que j'abattis chacun d'une balle dans la tête.

- Rob, je suis désolé...si je n'étais pas venu...

- On a plus le temps pour ça.

Il me prit la main et dit :

- Je t'ai dit à ton arrivée que je ferais tout pour protéger mon peuple. Et c'est exactement ce que je vais faire. Il n'y a pas de mort plus honorable.

Je sortais mon arc et lançait une flèche dans la poitrine d'un de nos poursuivants.

- Allez, dégage !

Je l'observais une dernière fois et courus dans les bois et le vis descendre toutes les lucioles restantes avant de prendre une dernière balle dans la tête.

- Merci Rob !


The last of us : En quête de rédemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant