Chapitre 21 : Le plus beau jour de ma vie

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* (dix-huit mois plus tôt)

- Ah, bordel de merde !

Dina était allongé sur le lit les jambes écartées. Le travail venait de commencer et Carole et Maria était venue à la rescousse.

Je l'encourageais comme je pouvais.

- Allez, pousse Dina...

- Et qu'est-ce que tu crois que je fais hein ?

Je ne l'avais jamais vue souffrir autant. Je restais en retrait, ne sachant pas quoi faire et sortais de la maison quand Tommy arrivait.

- Eh, Ellie ! Je viens juste d'apprendre. Comment elle va ?

- Elle crie bordel ! Elle crie un max ! Je ne sais pas quoi faire.

J'étais terrifiée. Et si quelque chose se passait mal ? Si le bébé ou Dina y restait ?

- Qu'est-ce que tu fais dehors ? Tu devrais rentrer et être près d'elle.

- Mais putain de merde, je flippe grave. Que veux-tu que je fasse excepté la regarder crier ?

- Regarde-moi ! Eh, regarde-moi je te dis !

Je levais les yeux vers lui.

- Je sais ce que c'est. Quand Joel était dans la salle d'accouchement quand Sarah était sur le point de naître, il a réagi pareil. Exactement pareil : Cette crainte de ne pas savoir quoi faire. Mais c'est normal. Ça veut juste dire que dans quelques minutes, tu vas vivre le plus beau moment de ta vie.

Parce que tu vas avoir un enfant qu'il va te falloir protéger, guider et accompagner dans ce monde de fou. Mais je sais que tu en es capable et que tu sauras faire ce qu'il faut.

Mais là, en cet instant précis, tu dois être aux côtés de Dina. Il faut que tu vives cette expérience avec elle. Alors inspire, expire, et rentre à l'intérieur.

J'expirais longuement et ouvrais la porte de la maison.

- Qu'est-ce que ça donne ? Hurlait-t-elle.

- C'est en bonne voie, dit Carole.

- Ou est Ellie ?

- Je suis là ma belle.

Je m'approchais d'elle et lui prenait la main.

- Eh, ça va ?

- Ouais, j'avais juste besoin de prendre l'air.

- Tu avais la trouille avoue.

- Une pétoche d'enfer.

Elle serrait les dents et poussait à nouveau. Je passais une main dans ses cheveux et dit :

- Allez, encore un petit effort.

- Désolée de t'avoir crié dessus.

- Et désolée d'être sortie aussi brusquement. Bon, je te propose qu'on discute plus tard quand tu auras fini le boulot.

- Excellente idée.

Elle inspirait à nouveau et expirait à fond.

Maria levait la tête et dit :

- Je vois sa tête ! Allez, Dina encore !

Dina serrait ma main avec tellement de force que j'eus l'impression de l'avoir passé dans un broyeur.

- Pousse ! Allez.

- Tu peux y'arriver, l'encourageais-je.

Elle poussait un dernier cri et j'entendais alors les premiers pleurs de notre enfant.

Carole, qui avait les larmes aux yeux, tenait son petit fils dans les bras enveloppé dans une serviette et elle le donnait à Dina.

- Bordel, si petit et si grand.

Je le regardais ébahie. Dina regardait Carole et Maria et dit :

- Vous voulez bien nous laisser un moment tous les trois ?

Souriantes, elles sortirent de la chambre. Je le regardais, impressionnée.

- Y'a franchement pas à dire Dina, tu es une putain de Wonder Woman !

- Sans toi, je n'aurais rien pu faire.

Je l'embrassais et jetais un coup d'œil à notre bébé. J'étais complètement gaga de lui : ses petites oreilles ; ses petites mains ; ses petits pieds...

- Tu veux le prendre ?

- Non, j'aurais trop peur de faire une connerie et...

- Tout se passera bien.

Je m'assis sur la chaise et elle me le donnait.

Doucement, je passais mon bras en-dessous de sa tête pour être sûre de ne pas lui faire de mal.

Dina ne put retenir ses larmes de couler.

- Eh ça va aller.

- Oui, c'est juste que j'ai toujours eu envie d'avoir un enfant. Mais je me disais toujours « bon sang, tu as vu le monde dans lequel on vit ? Comment ce pourrait être possible ? » et pourtant, je l'ai fait, merde ! J'ai eu un enfant. Non, je devrais plutôt dire « on » a eu un enfant.

- Ouais, c'est complètement dingue. Comme quoi, il y'a toujours un moyen de trouver le bonheur.

Et à mon tour, je lâchais une larme.

...

Quelques minutes plus tard, nous invitâmes tout le monde à rentrer dans la chambre. Carole avait le bébé dans les mains et le couvrait de bisous. Mais chacun d'eux n'avait qu'une seule envie : connaître, une bonne fois pour toute, le prénom du bébé.

Ils avaient tous imaginé des prénoms délirants : Ryan ; Alex ; Jonathan ; A chaque fois, nous leur répondions « vous le saurez le jour j. » maintenant qu'on y'était, l'impatience se faisait sentir.

Je m'adressais à chacun d'entre eux et dit :

- Avant tout, on tient à vous remercier de votre soutien ces derniers mois qui n'ont pas été facile.

- Arrêtez de nous torturer, demandait Tommy d'un ton de supplication.

- A toi l'honneur Dina.

- Une minute, dit Carole.

Elle contournait le lit et donnait le bébé à Dina.

- Il faut qu'il soit dans les bras de la mère pour la révélation.

Dina regardait tout le monde et faisait durer le suspense qui pour chacun d'eux semblait être interminable.

- Nous vous présentons JJ.

Apparemment, ils ne s'étaient pas attendus à ce nom et semblait attendre davantage d'éclaircissements.

- Son prénom est composé des initiales de deux personnes qui ont compté pour nous et qui l'aideront à devenir un homme remarquable.

Tout d'abord, J pour Jesse, son père qui bien qu'il ne soit pas là aujourd'hui lui aura transmis sa force. Il sera aussi remarquable que ne l'était son géniteur.

Carole et Dan se tenaient par l'épaule, émus.

- Ellie, à toi.

- Oui, le deuxième J...

Je regardais Tommy en disant ça.

- Pour Joel Miller, mon père adoptif et qui, pour ceux qui le connaissaient, aurait été complètement gaga devant lui.

Tous rigolèrent et Tommy me faisait un clin d'œil.

Nous nous réunissions tous autour du lit pour entourer Dina et le bébé, comme une belle et grande famille.

The last of us : En quête de rédemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant