Nous sommes début 2002, soit à peine quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001 qui ont frappé New-York. Le monde est en émoi. Mais surtout une certaine paranoïa s'installe un peu partout. Je n'échappe pas à cette tendance lorsqu'un jour un Maghrébin à la barbe imposante entre dans le magasin, il ne cesse de marmonner je ne sais quoi.
C'est complètement inaudible. Je ne sais pourquoi, je commence à m'inquiéter car je le vois remuer la tête de haut en bas tout en psalmodiant des mots en Arabe. Soudain, je commence à me persuader que cet homme est un terroriste qui veut se faire sauter. Je décide de téléphoner à ma femme pour lui expliquer la situation. A ce moment, je suis convaincu que le magasin va exploser. Je tiens à lui dire combien je l'aime et de bien prendre soins des enfants. Elle commence à s'inquiéter et tente de me rassurer « c'est peut-être seulement un fou. Ce ne serait pas la première fois ! » Mais cette fois je sens que c'est différent, d'autant plus qu'il n'y a que nous dans le magasin. Si je dois mourir aujourd'hui, je vengerais clairement ma peau, me dis-je.
Je m'approche de l'individu et lui demande poliment si tout va bien. Il interrompt son manège et me dévisage sans montrer la moindre émotion presque étonné que je l'accoste. Je décide d'insister et lui demande pourquoi il gesticule comme ça.
Soudain il s'arrête et me fixe, j'en profite pour l'examiner en profondeur (encore une fois au sens figuré, on est d'accord) J'essaie de voir s'il porte une ceinture d'explosifs. Je m'attends à tout moment à un « Allah Akbar !!!» C'est sûr il veut se faire sauter...
Il me rétorque a la place tout simplement « je ne trouve pas les films avec les filles aux gros seins »
J'ai envie de lui crier « connard, tu m'as fait peur !!»
Mais je remarque qu'effectivement, il n'est pas seul locataire dans sa tête. Il est fou, ma compagne avait raison ! C'est complètement soulagé que je retourne vers le comptoir. Mais c'est un sentiment de stupidité qui m'envahi car je dois le reconnaitre, ce jour-là, j'ai fait un amalgame, alors que je suis black mes potes sont blacks, blancs, beurs.
Par la suite j'ai souvent vu cet individu dans le magasin mais à force j'ai fini par ne plus prêter attention à lui. Je l'ai laissé faire ses péripéties.
Peut-être a-t-il effrayé d'autres clients qui comme moi l'auront pris pour un terroriste !
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Non-FictionLes histoires délirantes d'un jeune homme vendeur dans un sex-shop