Chapitre 10

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Jadis nombreuses sont les histoires classées sans suite à la police comme toutes celles jetées aux oubliettes dans nos foyers.
Aviez-vous fait ce constat?

Fatim Aw

Une corde rouge torsadée qui noue mes pieds, une autre de la même couleur mais lacérante attachée au niveau de mes mains dans cet endroit aussi sale.
Subitement, le décor change.
TELLEMENT LUMINEUX !
Légère et allégée de tous mes fardeaux, je sens l'inversion de la gravité. En faisant un bond dans l'air, mon corps fût projeté dans le vide.
Sombre ne pourrait décrire cet endroit où je me trouve à nouveau.
NOIR, IL L'EST!
Tellement noir.

Je me réveille et commence à réciter des incantations.
Quelle ironie, de sortir d'un mauvais rêve pour replonger dans un autre qui est ma vie.

Je sors de la chambre de mon père pour rejoindre la mienne et tombe sur ma belle-mère qui me regarde avec dégoût.
Elle passe devant moi sans répondre à mon bonjour.

Je me suis mise à rire.
Je ris parce que j'ai extrêmement mal.
je ris parce que je ne sais pas quoi faire.

Pleurez vos peines, ils vous traiteront de quelqu'un qui quémande leur pitié. Riez de vos maux, ils diront que vous êtes sans vergogne.

« GNIAK DIOM »

Ils ? Ce sont les éternels incompris qui essayent de vous faire croire que vous êtes incompréhensibles.

Je m'empresse de prendre mon bain avant de m'habiller d'un Djellaba jaune cette fois-ci et rattache ma touffe sans me peigner au préalable.
Je souffle un grand bol d'air avant de sortir et me dirige vers la salle à manger avec appréhension.

Tata Mami: Badara il y'a de très bons internats surtout à Touba. Mieux vaut la faire sortir de la ville.
Badara: je t'ai demandé ton avis Mami?
Moi: Salamalékoum!
Tata Mami : en parlant du loup.
Moi: Je suis venue m'excuser.

Pour une femme fraîchement veuve, Tata Mami se mit à rire à haute voix. Le regard accusateur de mon frère me poussa à baisser les yeux.

Tata Mami : A ton âge je ne pensais ni aux garçons ni à fuguer pour me retrouver à la police. Et j'ai oublié la boîte de cigarette. Badara, elle est désormais sous ta responsabilité. Quoi qu'il en soit, les gens diront que tu as échoué sur son éducation.

Badara: SORS D'ICI!

Dans cette société où nous évoluons, l'enfant est obligé de s'excuser pour tout et pour rien devant ses ainés. Je me retiens de pleurer pour tout ce qu'elle vient d'énumérer alors que je ne suis pas fautive.

Badara : Fatim, reste. Mami c'est toi qui sors.
Dit-il lorsque je voulus sortir.

Tata Mami

Quel ingrat !

Je remue le mélange fait de parfum et de poudre envoûtant que m'avait remis le marabout juste après avoir refermé la porte de la chambre. Il me faut Badara à tout prix.

Vivement que mon veuvage se termine et que je puisse enlever ses habits immondes!

Fatim Aw

Apparemment mauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant