Past Meets Futurs : Quand la génération future rencontre son passé...

Chapitre 20

- J'en peux plus...

- Pardon ?

- Je... j'en peux plus... c'est... c'est trop...

Harry regarda Ron. Assis sur son lit, la tête enfoncée dans ses mains, il n'avait pas dit le moindre mot depuis la vision du souvenir d'Hermione. Son silence, depuis quelques semaines maintenant ne surprenait plus son ami, lui aussi enfermé dans un mutisme de culpabilité et de profonde tristesse. Tous deux ne ressemblaient plus qu'à deux ombres, coupées du monde et prisonnières de leurs funestes futurs. Ils n'osaient plus se regarder en face et à juste titre...

Pourtant, Ron ne supportait plus cette situation. Il avait cru que sa colère et sa rancœur étaient justifiées et peut-être l'étaient-t-elles, mais... il n'y arrivait plus. La colère l'avait quitté, ne laissant derrière elle qu'une coquille vide qu'une profonde peur et tristesse avaient conquis. Il ne supportait plus de voir la future Ginerva l'ignorer avec mépris, et l'actuelle Ginny se renfermer sur elle-même. Hermione, sa meilleure amie le haïssait pour la future torture qu'il infligerait à Kai, quant aux voyageurs temporels, ils l'auraient tous déjà tué au moins une dizaine de fois sans les murs de protections. Et le pire de tout était... qu'il comprenait pourquoi. Il deviendrait un monstre. Pire qu'un monstre ! Une horreur sans nom. Il ne vaudrait rien de plus que les mangemorts qu'il avait combattu ces dernières années. Et cela l'horripilait, lui donnant la nausée dans un dégoût qu'il n'avait jusqu'alors jamais connu. Il ressassait chacun des mots qu'il avait dit à sa sœur, chaque scène où il faisait souffrir, et chaque souvenir qu'il avait aperçu dans sa future vie ; des souvenirs heureux dans lesquels il était bien entendu absent et qu'en son temps, il avait tout fait pour détruire. Aussi, tout se mélangeait dans son esprit rongé par la culpabilité. Il ne voulait pas de ce futur. Jamais.

Fébrile, il releva la tête et regarda Harry, toujours muet face à lui. Quelque chose s'était brisé chez lui aussi. Ses espoirs. Pour la première fois depuis le début de la guerre, ils avaient bel et bien perdu espoirs.

- Harry... je ne peux plus... je ne peux plus supporter tout ça.

Le Survivant baissa la tête. Il savait ce qu'il ressentait, mais n'avait pas la force d'en parler. Tout leur monde et leur certitude s'étaient écroulés. Aussi Ron ne put plus rester assis et dans un élan d'énergie, quitta furieusement leur chambre. Il devait faire quelque chose, agir, parler, n'importe quoi qui pouvait arranger la situation ! La plupart des habitants du Château étaient partis dans leurs dortoirs, pensifs, or il espérait pouvoir trouver sa sœur. Il devait la voir, lui parler, s'expliquer avec elle avant qu'il ne la perde pour de bon. Avant qu'il ne soit trop tard... Il refusait de se laisser guider par un futur qui n'était pas encore arrivé ! Il refusait de devenir aussi cruel que Bellatrix ! Il devait la retrouver. Ils devaient se retrouver...

Il courut jusqu'à la Grande Salle mais n'y trouva personne. Un froid étrange régnait dans les couloirs mais il n'y fit pas attention. L'adrénaline et l'inquiétude qui battaient dans ses veines lui tenait chaud ; à vrai dire, il avait l'impression d'étouffer. Ses joues rouges lui brûlaient et des frissons parcouraient tout son corps. Inquiétude ? Excitation ? Stresse ? Il ne savait pas mais se sentait en transe. Pourtant, alors qu'il allait prendre la direction du dortoir de Ginny, il s'arrêta, le cœur battant et les sourcils froncés. Quelque chose ne tournait pas rond. Il ne connaissait pas ce couloir. D'abord incertain, il revînt sur ses pas avant de voir stupéfait, un mur se dresser devant lui. Il resta interdit plusieurs secondes, incertain avant que sa panique ne grandisse brusquement ; il était coincé. Son souffle s'accéléra et il s'engouffra dans le couloir inconnu, appelant Harry ou n'importe qui en mesure de l'entendre. Il ne savait pas où il était et maudit l'esprit du temps qui devait se jouer de sa peur. Il tourna en rond, prit différents tournants et s'enfonça dans un labyrinthe de chemins sombres avant de tomber par terre, les jambes tremblantes et le souffle court. L'incompréhension et la peur le gagnèrent. Il était seul... seul et perdu, à l'image de l'existence à laquelle il était promis.