Chapitre 22

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Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis que Voldemort avait quitté la Chambre des Secrets. Plusieurs heures de silence, seulement interrompues par les clapotis de l'eau que les fontaines crachaient dans des flots discontinus. Ginny l'avait regardé sans rien dire ; à vrai dire, elle ne savait pas ce qu'elle aurait pu dire. Il n'y avait rien à dire. Rien. Pourtant, son cœur hurlait dans sa poitrine. Il criait tout son souffle, étouffé par les bras recroquevillés de la jeune femme. Elle n'avait pas bougé. Elle était restée assise, nue, sur le marbre froid et humide de la Chambre, incapable de se lever... et d'assumer ce qui venait d'arriver. Ses souvenirs bouillonnaient en elle, lui faisant revivre inlassablement ces dernières heures passées à ses côtés, à tel point qu'elle ne savait même plus quoi en penser. Elle avait dépassé le stade du choc ou de la culpabilité ; ne restait que la phase d'acception : la plus dure de toute.

Voldemort avait raison depuis le début. Mentir était inutile dorénavant. Pourtant, elle ne comprenait pas. Sa haine pour lui était plus que réelle. Vivace et incontrôlable, elle prenait possession d'elle pour courir dans son sang et colorer ses joues... mais tout comme l'était son désir pour lui. Comment pouvait-elle haïr et désirer en même temps ? Était-ce seulement possible ? Quand elle l'avait vu se rapprocher d'elle, se coller contre son corps et la retenir prisonnière, un feu s'était allumé dans son bas ventre. Un feu qui l'avait embrasée, perdue et profondément bouleversée. Elle avait eu envie de lui, plus que personne d'autre. Et pourtant elle l'avait détesté en même temps. Lui aussi d'ailleurs. Leurs baisers, leurs étreintes... tout n'était que haine, colère et violence. Des coups, des morsures, des griffures à n'en plus pouvoir. Une lutte, un combat ! Et pourtant, au milieu de toute leur rage était survenu un plaisir indescriptible. Un plaisir sauvage et ravageur qui les avait tous deux plongés dans une transe incontrôlable, pour ne pas dire quasi-divine. Elle n'aurait jamais cru cela possible... Jamais. Leurs corps avaient vibré d'une force qui les avaient dépassés ! Qui la dépassait ! Et pourtant dans ses bras... elle s'était sentie en danger et prisonnière, mais jamais vulnérable. Jamais elle n'avait cessé de se battre contre lui. Jamais elle ne l'avait laissé gagner. Elle s'était sentie forte. Dangereuse même. Et elle avait aimé ça. Merlin... Tant aimé.

Ils n'avaient pas su résister. Et n'avaient même plus voulu...

Leurs haines les avaient menés à cet instant, mais maintenant qu'allait-il en être ? Elle se le demandait bien. Jamais elle n'aurait cru devoir se retrouver dans ce genre de situation, et pourtant elle en était bien là. Assise, nue dans la Chambre des Secrets après avoir entamée une descente en enfer... Par Merlin, qu'allaient faire ? Qu'allait-il faire ? Il était parti rapidement, le regard hagard et déboussolé, toujours teinté de rage et de colère. Il avait perdu le combat en cédant à ce manque, ce vide qui courrait dans leurs cœurs. Mais à peine était-il parti, ce manque avait repris le dessus. Ce parasite qui la rongeait nuit et jour depuis des semaines. Ce manque de lui. C'était étrange à ressentir maintenant qu'elle savait véritablement de quoi il s'agissait ; "Un manque de Voldemort"... Risible non ? Et pourtant c'était bien le cas. Ginerva n'avait-elle pas dit que c'était à cause des Horcruxs ? Que son âme cherchait désespérément à se compléter ? D'où ce manque de sa présence ? Ginny ne parvenait pas encore à saisir la globalité de la situation dans laquelle elle s'était embarquée. Néanmoins, elle était certaine d'une chose. Elle n'allait pas pouvoir s'en débarrasser de sitôt... et lui non plus. D'où leur rage permanente. Ils étaient coincés l'un avec l'autre.

Un frisson la parcourut de la tête au pied. Assise, les genoux repliés contre son corps, elle fixait vaguement ses vêtements au sol. Il les lui avait presque arrachés, aussi ce souvenir fit rosir ses joues. Elle pouvait sentir les différentes marques qu'il lui avait laissé sur le corps. Des bleues dû à sa poigne quand il l'avait serré toujours plus fort contre lui, des morsures quand elle l'avait griffé, des suçons épars sur sa peau pâle quand elle lui avait cédé... Leurs douleurs lancinantes lui donnaient l'impression de revivre continuellement leurs ébats. Elle le sentait près d'elle, sur elle, en elle, partout... et le pire était qu'elle n'était plus certaine de détester ça.

Past Meets Futurs : Quand la génération future rencontre son passé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant