Chapitre 21

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Si Ron se senti soulagé après sa conversation avec Ginerva, ce ne fut malheureusement pas le cas de tous dans le château. Le soir était tombé et la Grande Salle se trouvait étrangement vide... Seul Voldemort y lisait silencieusement, enfoncé dans l'un des fauteuils en velours, un livre de magie noir sur les genoux. Il semblait concentré et même plutôt calme, pourtant, son for intérieur hurlait en plus pouvoir. Il ne laissait rien paraître de sa douleur et de son agitation, pourtant elles étaient bien là, tapis dans l'ombre... à le ronger à petit feu. Son besoin de se rapprocher de Ginerva n'avait fait qu'empirer durant la journée. Pourtant, il endurait cette torture en silence. Il ne voulait rien dire et pour cause : Voldemort n'implorait jamais. Mais jamais... ô grand jamais il n'aurait pu concevoir une telle souffrance. Aussi, les mots se mélangeaient les uns les autres sous ses yeux fatigués, biaisant sa lecture dans une affreuse migraine. Etonnement, ses maux de crâne le distrayaient un instant de l'étau qui enserrait sa poitrine, mais ce n'était pas assez... ce ne serait jamais assez.

Impassible, il resta ainsi de longues heures, à espérer que la douleur se tarisse et qu'avec elle, partent ses inquiétudes grandissantes concernant leur avenir en ces lieux. Pourtant, rien de tout cela n'arriva. Les minutes s'égrainèrent lentement et avec elles, sa raison... Il craignait de devenir fou. A vrai dire, il craignait l'être déjà. Tout semblait si confus, si surréaliste ! Comment espérer rester sain d'esprit après tout cela ? Comment espérer ne serait-ce que retrouver ses repères du passé ?! Tout semblait s'être envolé avec ses certitudes, ne lui laissant qu'un maigre aperçu du futur comme seul point de repère dans ce labyrinthe sans fin...

Quand rester assis lui devînt insupportable, il se leva d'un bond et jeta rageusement le livre au travers de la salle dans un fracas résonnant. Debout, agité et enfiévré, il déglutit difficilement. Une sueur froide courrait le long de son dos, le faisant frissonner de toute part. Il avait l'impression d'être malade... et pouvait déjà sentir le goût amer de sa bile remonter dans sa gorge. Obsédé par ses émotions et sensations confuses, il sursauta quand la porte grinça derrière lui. Il avait cru devenir fou mais avait tort... le poids dans son intestin s'était simplement alourdi. Aussi, la chevelure rousse qu'il aperçut le figea sur place. Ginny, vêtue d'une robe de chambre et plus pâle que la mort, se tenait debout dans l'embrasure de la porte. Mal à l'aise, elle baissa la tête en l'apercevant et détourna le regard avant de se diriger vers une pile de bouquins sur la table à manger.

- Que fais-tu ?

Sa voix les surprit tous les deux. Et pourtant, le mage Noir ne pouvait le nier... il se fichait éperdument de la réponse, mais cherchait à attirer son attention. Depuis plusieurs semaines, la Weasley l'évitait comme la peste ; non pas qu'il s'en plaignait mais il n'avait pas pour habitude qu'on l'ignore lui, le plus grand Sorcier de tous les temps. Or, elle évitait constamment sa présence ou son regard. Une situation qui l'amusait au début mais qui le dérangeait aujourd'hui... Sûrement un effet de sa malédiction pensa-t-il, pourtant et sans qu'il ne puisse le réfréner, une profonde envie de la voir lui parler le saisissait.

- Je... je ne fais que... passer. Hermione m'a demandé de ramener ses livres. Bégaya-t-elle sans le regarder.

- Et depuis quand es-tu le larbin d'une sang de bourbe ?

Sa mâchoire se contracta à ces mots, le laissant échapper une fin sourire. Il savait comment la provoquer.

- Hermione est une née-moldue ! Gronda-t-elle agacée.

- Née-moldue, Sang de bourbe... des synonymes. Mais tu n'as toujours pas répondu à ma question.

Elle releva enfin la tête vers lui, les lèvres pincées et le regard emplit d'une colère sans nom. Comment osait-il lui parler ? Comment osait-il ne serait-ce que la regarder ?! N'en avait-il pas assez fait ?! Non sûrement pas ! En plus de briser son avenir, il voulait aussi la tourmenter dans leur présent ! En proie à sa haine, elle serra les poings comme pour se retenir de le gifler. Un détail qui le fit sourire en coin, pourtant il ne put manquer de remarquer cernes violacés et ses joues creusées. Depuis quand n'avait-elle pas mangée ? Probablement plusieurs jours s'il y réfléchissait bien... de toute évidence, les révélations récentes de leur futur avaient dû ébranler sa petite sensibilité de Traite à son Sang.

Past Meets Futurs : Quand la génération future rencontre son passé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant