♧Prologue♧

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  Maëva utilisa le clé que sa sœur lui a remis quand elle vivait avec elle et son mari. Elle ouvrit la porte de la cuisine et rentra.
  Elle découvrit des assiettes sales dans la lave vaisselle et d'autres plats à emporter par terre. Depuis longtemps, sa sœur a toujours été la reine du désordre mais là c'est encore pire.
  Quand elle arriva au salon, c'est le bazar total, des canettes vides de bières se trouvent sur la table du salon et des linges sales étaient par terre. La maison est dans un état lamentable. Mais comment Gaëlle peut-elle laisser sa maison dans un tel état. Elle alla chercher un sachet et commença à empiler quelques déchets quand des sanglots lui parviennent de la chambre.
  Elle s'approcha doucement et trouva sa sœur enceinte de huit mois recroquevillée sur elle-même dans le lit en train de pleurer.
-Gaëlle!
  Elle sursautait et ne s'attendait sûrement pas à la voir chez elle.
-Maëva, que fais-tu ici? Tu ne devrais pas être ici.
-Et pourquoi? Tu ne vas pas bien? C'est le bébé n'est-ce pas?
-Non, le bébé va bien.
  Quand Maëva arriva près du lit, elle trouva sa sœur couverte de bleu.
-Gaëlle! Qui t'a fait ça?
-Va t-en s'il te plaît Maëva. Je n'ai rien, je me suis tout simplement heurté contre un mur. Tout va bien.
-Je ne te crois pas, figures-toi. C'est Nathan n'est-ce pas? Cet imbécile continue de te frapper n'est-ce pas? Regardes-toi Gaëlle, pourquoi tu lui laisses te maltraiter ainsi? Tu n'es pas son esclave.
-J'en ai assez que tu te mêles de ma vie privée. Mon mari m'aime et il ne m'a jamais frappé.
-Je connais ce genre de discours Gaëlle. C'est le discours de toutes les femmes victimes de violences qui pensent que leur mari ne vont plus recommencer à les frapper et pourtant il recommence à la moindre occasion. Tu n'es qu'une idiote. Pourquoi t'es-tu résignée à cette vie?
  Le bruit de la porte d'entrée qui claqua avec violence les fit sursauter et sa sœur commença à trembler. Elle supplia sa sœur du regard de s'en aller:
-Je n'irai nul part. Il va m'écouter. Regardes-toi, tu es comme un chiffon.
  Elle regarda sa sœur avec pitié. Elle porta un vieux jeans délavé et un gros corsage qui a connu de meilleur jours.  Quand ses yeux remontèrent à son visage au beurre de noire, une sourde colère la gagna.
-Alors caches-toi s'il te plaît.

-Gaëlle, où es-tu? s'écria une voix maussade dans le salon. Bon sang, qui a déplacé mes affaires dans le salon.
  Des pas se dirigèrent vers la chambre et la porte s'ouvrit brusquement.
-Tu n'as pas entendu que je t'appelle? s'écria t-il. Alors c'était ça? Madame dort, Madame passe toute ces journées au lit maintenant et ne fais rien.
-Je ne me sens pas bien Nathan.
-Je ne me sens pas bien Nathan, singea t-il. Tu passes toute la journée à te plaindre à cause de cette foutue gosse.
-Je ne me plains pas Nathan. J'adore déjà notre bébé. Tu... tu as passé une bonne journée?
-Une bonne journée? C'était une journée de merde. Mon foutu frère est revenu et il met son nez partout dans mes affaires. Ce singe savant passe tout son temps à me regarder de haut et à me rabaisser devant tout le petit personnel.
-Calmes-toi Nathan, ton frère t'aime beaucoup. Il me l'a dit lui-même.
-Alors il est venu te voir n'est-ce pas? Pourquoi tu ne m'en as pas parlé?
-Nathan, il n'est venu que hier...
-Tais-toi salope, il t'a fait des avances n'est-ce pas? C'est pour ça que tu ne m'en as pas parlé.
-Bien sûr que non.
-Je le connais. Il a toujours été un homme à femme et j'avais vu la façon dont il t'a devisagé à la réception qu'on donnait chez les parents, tu lui as plu. Est-ce qu'il te plaît aussi?
-Je t'en prie Nathan.
-Tu mérites une leçon, dit-il en levant la main pour la frapper.
-Tu poses la main sur elle et je ferai éclater ton cervelle, dit une voix froide et calme derrière elle.
  Quand il se retourna et voit le pistolet pointer sur lui, il leva la main et recula d'un pas.
-Maëva, Maëva, tu as toujours eu le don pour t'en mêler de ce qui ne te regarde pas. C'est une discussion entre ma femme et moi et je te prierai de t'en aller toute de suite.
-Oui je m'en vais mais pas sans Gaëlle. Sale lâche, comment peux-tu la frapper alors qu'elle porte ton enfant?
-Gaëlle est à moi, je fais ce que je veux avec elle.
-Gaëlle est ta femme pas ta chose espèce d'imbécile. Tu n'as aucun droit de la maltraiter ainsi. Gaëlle, prends tes affaires, on s'en va.
-Gaëlle n'ira nul part.
-C'est ce qu'on va voir.
  Gaëlle prend ses affaires et les met dans une valise à la va vite sous le regard menaçant de son mari.
-Tu ne m'échapperas pas, je saurai où te trouver. De toute façon, tu ne dépasseras pas cette porte, jura t-il.
-Ecartes-toi de la porte et mets toi face au mur, ordonna Maëva.
  Il lui obeit en jurant entre ses dents. Maëva le frappa avec l'arme et il s'écroula par terre.
  Gaëlle poussa un petit cri.
-Il est mort! s'écria t-elle.
-Non, il n'est pas mort. Je lui ai juste assommé pour qu'il ne nous suit pas. Tiens, prends ça, dit-elle en lui donnant un coup de pied à son entrejambe. Partons Gaëlle.
  Quand elles arrivèrent dehors, Gaëlle retint sa sœur par le bras.
-Je n'aurais pas dû le laisser Maëva, il va nous poursuivre et il pourrait nous rattraper.
-Il ne sait pas où nous allons. 
-Sa famille est riche, elle peut nous retrouver.
-Elle ne sait pas que nous venons de l'Arcahaie.
-Est-ce que papa sait que je me suis mariée et que c'est pour ça que je n'ai pas rentré avec toi après les études?
-Il commençait à avoir des doutes et j'ai fini  par tout lui expliquer. Il s'est calmé quand je lui ai dit que tu as épousé cet homme parce que tu attends un enfant de lui.
-Je lui ai épousé parce que je l'aime Maëva pas à cause de l'enfant.
-Oui mais tu n'aurais pas dû. Tu ne le connaissais pas vraiment ce garçon Gaëlle. Tous ce que tu savais c'est qu'il vient d'une bonne famille, il est riche, il est beau. Et tu n'as rencontré son frère qu'une seule fois.
-Deux fois, hier quand il est rentré de l'étranger, il est venu me voir et a apporté des cadeaux pour mon bébé.
-Et d'après ce que tu m'as dit, c'est un type arrogant et imbu de lui même. Crois-moi Gaëlle, Papa était très énervé que tu as épousé ce type derrière son dos. Il voulait que tu reviennes et travaille à l'entreprise.
-Il sait très bien que je ne supporte pas sa femme.
  Après un moment de silence, elle reprit:
-Pardon Maëva, c'est ta mère mais sincèrement je ne la supporte pas
-Partons maintenant, dit simplement Maëva. Papa ne va le laisser plus t'approcher. Allons-y.
-Je l'aime Maëva.
  Elle s'arrêta et se tourna vers sa sœur. Elle n'a qu'une seule envie, secouer sa sœur pour qu'elle se réveille et pour qu'elle voit qui est vraiment son mari.
-Ah bon? Tu crois que cet amour peut te faire revenir à la vie s'il te tue. Même la richesse de sa famille ne peut pas acheter une vie Gaëlle, partons s'il te plaît.

  Quand Nathan se reveilla, il lâcha un juron. Cette peste de Maëva et sa sœur ne perdent rien pour attendre. Elles vont le payer cette humiliation.
  La sonnerie de son portable le fit sortir pour de bon de sa torpeur. Il fit un grimace quand il voit le nom afficher sur l'écran.
-Quoi encore? s'écria t-il. Aïe.
  Il a crié trop fort. Son mal de crâne lui a rappelé. Cette vermine sait où frapper bien.
-Que se passe-t-il frérot?
-Je déteste quand tu m'appelles comme ça. Si tu veux tout savoir Gaëlle est partie avec sa sœur, elle m'a quitté.
-Comment c'est arrivé? Hier je suis venu le voir, elle m'a juré qu'elle t'aime.
-C'est sa salope de sœur qui l'a forcé à me quitter. C'est elle qui est venue la chercher ici et est partie avec elle.
-Mais comment ose t-elle? Où l'a t-elle emmené?
-Je ne sais pas, je ne sais pas, gémit Nathan.
-Ça t'apprendra à ne pas épouser des inconnues, lui dit son frère.
-Je ne veux pas de leçon morale. Je vais les chercher moi-même. Je sais qu'il se dirige vers le Nord de la capitale. Je les rattraperais.
-Attends-moi Nathan, ne sors pas tout seul avec cette forte pluie, je te rejoins.
-Pas la peine, j'irai seul régler mon compte à ces deux-là. Et surtout à Maëva.
 

Abigaëlle, la gamine capricieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant