Hors des sentiers battus

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Elle resta alors assise un long moment, toujours plongée dans ses pensées. Le vent qui venait lui siffler dans les oreilles faisait danser les arbres devant elle, alors elle trouva ces grands êtres mystérieux un peu moins menaçant. Elle ressentit ensuite une étrange sensation, elle ne savait pas si c'était son esprit qui lui jouait des tours mais elle avait l'impression que la forêt l'appellait. Soudain une voix la fit sursauter, quelqu'un criait : Princesse ! Princesse ! Aliénor se retourna et vit un des chevalier de tout à l'heure qui lui faisait de grands signes et qui venait vers elle. Non, pensa t-elle. La dernière chose qu'elle souhaitait était d'avoir à faire à l'un de cette troupe de barbares, alors elle se leva précipitamment, elle regarda autour d'elle mais ne vit aucune issue, alors elle finit par se décider et plongea à son tour dans la grande forêt. La princesse courrait dans la forêt, regardant derrière elle si personne ne l'a suivait, quand elle estima qu'elle était suffisamment éloignée, elle se posa pour reprendre son souffle. En même temps qu'elle calmait sa respiration, ses battements de cœurs se faisaient de plus en plus agités, l'angoisse montait en elle, elle ne savait plus d'où elle venait ni où elle allait, elle ne voyait plus le ciel, n'entendait plus le vent, elle entendait par contre des craquements et des grincement, des gémissement et des croassement, elle entendait des bruits tous plus étrange les uns que les autres. Elle se retournait sans cesse ne sachant d'où ils provenaient, elle n'osait même plus bouger tellement elle avait peur. Tournant en rond sur elle même, commençant à perdre la tête, Aliénor s'accroupit au sol les mains sur les yeux. Mais quand elle les retira, elle vit quelque chose qui lui redonna espoir. La princesse contempla un instant le petit débris de rouille à ses pieds, elle allait peut-être le retrouver ! De toute façon c'était sa seule chance de retrouver son chemin. Le débris de rouille au creux des mains, elle fit quelques pas, regarda autour d'elle cherchant désespérément la silhouette du jeune chevalier mais ne vit rien. Alors elle regarda plus attentivement le sol autour d'elle. Aliénor faillit perdre espoir quand soudain un coup de vent fit décoller une feuille morte sous laquelle apparut un deuxième débris, alors elle avança dans la direction puis en trouva un troisième, et un quatrième, ect... La princesse suivie la piste pendant un long moment dans la forêt, jusqu'à arriver à un grand lac. Les arbres s'arrêtaient là pour laisser la place à une immense et magnifique étendue d'eau bleue claire entourée d'une végétation verdoyante. Cet espace pure par lequel le soleil parvenait à percer la dense forêt contrastait avec l'ombre impénétrable des grands sapins. Aliénor était soulagée, elle respirait enfin, le spectacle aurait été parfait si le jeune chevalier en avait fait parti, mais il n'était pas là. Aliénor n'en pouvait plus, tout ce chemin pour rien, les débris rouillés s'arrêtaient ici. Désespérée elle s'avança au bord de l'eau et contempla le grand lac. Tout à coup quelque chose émergea de l'eau juste en face d'elle et lui éclaboussa le visage, la princesse sursauta sur le coup de la peur et à cause du sol qui s'affaissait au bord du lac elle glissa et tomba dedans. Ce fut le noir complet pendant l'espace d'une seconde et quand elle rouvrit les yeux elle se retrouva dans les bras du jeune chevalier.
-Respirez, respirez, doucement, c'est bon je vous tiens, dit-il tout en essayant de la maintenir hors de l'eau.
-(tousse) (tousse) Merci, bredouilla Aliénor.
-je vous en pris... Princesse, répondit-il, un léger sourire au coins des lèvres.
La princesse ayant retrouvé ses esprits, le jeune homme l'aida à sortir du lac et ils se posèrent tout les deux dans l'herbe. Elle le rencontrait enfin, ce mystèrieux inconnu qu'elle n'avait jamais vu auparavant mais par qui elle était irrésistiblement attirée, peut-être que ce n'était que par curiosité ou parce qu'elle voulait l'aider... Ou bien c'était autre chose... Le jeune homme paniqué s'excusa mille fois auprès de la princesse pour l'avoir mouillé, il alla même chercher son tee-shirt qu'il avait laissé auprès d'un arbre pour la sècher. Il finit par se déstresser un peu voyant qu'elle souriait et prenait tout cela à la légère. Ne cachant pas sa surprise le jeune homme finit par lui demander ce qu'elle faisait ici, elle lui répondit qu'elle l'avait suivi depuis le village, elle vit alors une lueur de tristesse traverser les yeux du jeune chevalier alors qu'ils étaient fixés sur le grand morceau de fer rouillé à côté d'eux.
-Je m'appelle Ivan, dit-il calmement, Ivan Dorland, enchanté de faire votre connaissance princesse, dit-il en souriant mais sans vraiment réussir à cacher sa tristesse.
-Tu sais mon père possède une armurerie avec des casques bien mieux que celui-ci, je pourrais peut être t'aider à en obtenir un, dit-elle en voyant son air mélancolique.
-Non. La princesse baissa la tête suite à cette réponse sèche. Puis après un silence elle demanda :
-Raconte moi, Aliénor avait articulé ces paroles comme une enfant qui aurait voulu qu'on lui lise une histoire. Ivan la considéra alors un moment, comme soudain envoûté, puis il se décida :
-Ce n'était pas juste un casque... C'était la dernière chose qui me restait de mon père... Il est mort il y a un an déjà, en articulant cette phrase Ivan eu une larme à l'œil. Mon père avait le titre de grand chevalier du roi, le plus haut rang qu'un chevalier peut espérer atteindre, il inspirait respect et admiration à tout le monde. Jusqu'au jour où il eu une aventure avec la domestique du chef de guerre, Lisanne, ma mère, cette liaison fit vu d'un si mauvais œil qu'après ça, tout ceux qui pour lui avaient un profond respect ont commencé à l'évité, puis à le haïr. Il fut rétrogradé au rang de simple chevalier, mais ça ne l'arrêta pas, mes parents me donnèrent naissance il y a à peu près vingt ans. Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis auprès des chevaliers mais on me respectait un minimum, grâce à mon père... Mais à sa mort, tout ce que nous avions est parti avec lui, nos droits, nos biens... Ce casque, c'était tout ce qui me restait de lui. Pendant qu'il parlait la princesse l'écoutait et le regardait avec une attention particulière, elle trouva qu'il avait du charme.
-Je suis désolée, c'est terrible, articula t-elle.
-Non, ne vous en faites pas, ça fait un an déjà, c'est pour le casque que je m'en veux. Ils me l'avaient pourtant dit, que si je venais ici j'en paierai le prix, mais je... Je voulais vous voir... Mon père m'avait décrit une fois, avant sa mort, la grande beauté de la fille du roi, et je ne regrette pas de l'avoir vu de mes yeux... Mais maintenant que je vous vois je me rends compte que je ne suis pas d'accord avec lui, il disait que vous étiez magnifique et pourtant, je ne vous trouve pas magnifique. C'est bien au delà... Quand je vous regarde je trouve que votre beauté a quelque chose de... Magique, finit-il par dire timidement.
-Je ressens un profond mépris pour la façon dont ils vous traitent, le fait qu'ils soient issus de familles nobles ne fait pas plus d'eux des chevaliers que vous.
-Vous le pensez vraiment ? Enfin... Je veux dire... Ce n'est pas la vision qu'ont les nobles en général.
Pendant qu'il parlait, Ivan marquait régulièrement des pauses tout en la regardant, comme pour lui permettre à chaque fois de donner son avis. Ce fut le coup de foudre pour la princesse, plus elle le regardait plus elle le trouvait beau et plus il parlait et plus elle voulait l'écouter. Ils discutèrent alors pendant des heures et des heures sur leurs visions des choses et du monde, leur passions, leurs envies, leurs regrets... Il leur sembla que le temps s'était suspendu. Ils avaient chacun une attirance grandissante pour l'autre. Quand l'un parlait l'autre n'entendait plus que sa voix. Ivan finit par raccompagner la princesse à son village, elle lui fit promettre de revenir la voir. Toute la nuit qui suivit, pas une minute ne passa sans que l'un pensa à l'autre. Le deuxième jour, ils se revirent, Ivan lui fit découvrir une clairière peuplée d'espèces d'oiseaux différentes et ils se surprirent à se tutoyer. Le troisième jour, Aliénor voulait découvrir toujours plus de nouveaux paysages, ils se baladèrent dans un village de paysans qui avoisinait celui du roi et ils s'embrassèrent sur le chemin du retour dans la clairière aux oiseaux que la princesse aimait tant. Plus les jours passaient et plus l'amour qu'il y avait entre eux grandissait.

Cependant, une ombre imperceptible s'était formée au dessus des deux amants depuis leur rencontre. Sans qu'ils ne s'en rendent compte, chaque jour, ce nuage noir invisible, lui aussi, grandissait. Quoique invisible, ne sommes nous pas non plus aveugles lorsqu'on est amoureux ?

La légende de la ChevalièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant