La bête

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Ivan descendait lentement dans les ténèbres. Plus il avançait et moins la lumière avait d'emprise sur lui. Quand vint le noir complet il voulut se retourner une dernière fois mais la lumière avait disparu. Le jeune chevalier fit face au noir infini, inspira un grand coup, alluma sa torche et reprit sa marche. La torche d'Ivan ne lui permettait pas de voir loin devant, sa visibilité était très réduite. C'est en partie ce qui le rendit de plus en plus nerveux, il s'effrayait à chaque bruit, ne sachant d'où ils provenaient à cause des échos. Même si le jeune chevalier faisait tout pour ne pas y penser, il les reconnut vite, les signes : souffle court, gouttes de sueur, tremblements, la peur. Ivan marcha longtemps, bien plus longtemps qu'il ne l'aurait imaginé, et il eu peur, bien plus peur qu'il ne l'aurait imaginé. Ses jambes fatiguaient, de plus en plus engourdies par la peur. Le feu de sa torche s'affaiblissait, la force mentale d'Ivan était mise à mal. Soudain il sentit un courant d'air venir lui carresser le cou, il eu une pensée pour Aliénor et le courage se ralluma en lui. Ensuite, quelques minutes plus tard, il vit une lueur, une faille par laquelle passait de la lumière et ce qu'il vit le laissa sans voix. La grotte s'élargissait à cette endroit pour faire de la place à une immense source d'eau souterraine éclairée par une lumière blafarde. Le jeune chevalier posa sa torche à terre et s'accroupit au pied de la source pour se désaltérer. Tandis qu'Ivan buvait, il sentit un second courant d'air sur son visage, plus fort cette fois ci, à tel point que sa torche s'éteignit. Ce n'était pas tout, il remarqua également que le courant d'air était plus chaud. Instinctivement Ivan releva la tête. Le courant d'air ne venait pas de la faille au dessus de lui, au contraire il venait de plus profond dans la grotte. Tout d'abord Ivan ne comprit pas, jusqu'à ce que deux immenses narines émergent des ténèbres. Cette vision horrifique fit ravaler d'un coup au jeune chevalier toute l'assurance et la détermination qu'il avait accumulé. Il commençait à se sentir vraiment mal, la peur est une chose, mais la peur de la mort n'est comparable à aucune autre. Pareil à une maladie qui vous étouffe et qui vous vide à la fois, une douleur qui vous stimule et vous paralyse en même temps, un mal indescriptible qui se décuple de seconde en seconde, qui vous ronge le corps et qui vous déforme les idées. Plus cette émotion est prolongée dans le temps plus elle traumatise votre esprit et vous marque à jamais. Le faible éclairage faisait qu'Ivan ne pouvait voir distinctement les mouvements de la bête, mais il lui sembla qu'elle avait avancé la tête vers l'eau comme pour se désaltérer puis qu'elle l'avait soudainement retiré comme si elle avait repéré quelque chose... Ivan lui, ne parvenait plus à bouger ni à faire quoi que ce soit, seul ses deux yeux exorbités avait encore assez de vitalité pour scruter chaque détail qu'ils pouvaient percevoir dans la pénombre. Le regard exagérément écarquillé comme s'il pouvait lui permettre de voir à travers le noir. Pourtant, malgré cela, Ivan fut foudroyé de stupeur quand le dragon se dévoila sous la faille de lumière. Le jeune chevalier en tomba par terre, cela lui fit l'effet d'une piqûre d'adrénaline, en une fraction de seconde il se releva et s'échappa le plus loin possible de la bête. En tout cas c'est ce qu'il aurait voulu mais Ivan se heurta dans la foulée au mur de la grotte. Il n'avait plus de torche et le faible rayon lumineux ne lui permettait pas de voir où se situait le passage qui l'avait amené jusque ici. Ivan était piégé, face à lui, un impressionnant dragon blanc, de grandes ailes repliées sur lui même, le corps dressé au dessus de ses deux pattes avant bien plus grandes que les pattes arrières, avec à leurs extrémités de longues griffes terrifiantes. Dans la continuité de ce grand corps écaillé, une longue et puissante queue. Cette rare créature possédait un crâne cornu et une immense mâchoire tout en longueur. Enfin étrangement, l'élément le plus impressionnant du dragon résidait dans ses yeux, deux yeux de jade qui le fixaient d'un regard d'une intensité extraordinaire.

La légende de la ChevalièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant