Avant, je me demandais
Ce qu’était cette personne
Dont le nom me mettais en garde
Je riais presque, en disant :
« Mais non, ça n’arrivera pas. »
Comme si j’étais invincible,
Comme si l’effondrement
Ne connaissait pas mon nom.
Puis le temps m’a rattrapé,
Lentement, doucement,
Cruellement.
J’ai senti ce vide se creuser
Dans ma poitrine,
Ce gouffre silencieux
Qui avale tout
Les forces, les envies, les raisons.
Je n’ai pas chuté d’un coup, non.
Je me suis éteint par petites parts,
Une étincelle par jour.
Et un matin,
Je n’ai plus eu le courage
De me lever,
Plus eu la force
De prétendre.
Je suis fatigué.
Fatigué dans les muscles,
Fatigué dans les pensées,
Fatigué dans les battements de mon cœur.
Fatigué… et, pour être honnête,
Épuisé jusqu’à l’âme.
Mais obligé de me lever
On attend trop de moi, parfois.
Comme si je devais toujours tenir droit,
Toujours donner plus,
Toujours être celui qui assure.
La personne parfaite
Mais je ne suis jamais parfait,
Jamais assez…
On me réclame des forces
Que je n’ai plus,
Des réponses que je ne trouve plus,
Alors j'essayais de faire de mon mieux
Pour au final faire pire
Et plus on insiste,
Plus je me sens transparent,
Comme si mes efforts ne valaient rien,
Comme si mon « pas assez »
Effaçait tout ce que j’ai déjà donné.
Des regards déçu
Des ton qui changeais
Des paroles qui disais
« C'est juste que tu n'as pas d'expérience et d'éducation »
J’aimerais fuir les écrans,
Fuir les voix,
Fuir les attentes.
Me dissoudre dans un silence
Qui ne demande rien,
Qui ne juge pas,
Qui ne veut rien de moi.
Je suis devenu un fantôme
Perdu dans mes propres jours,
À regarder ma vie
Comme un film trop lourd,
Trop long,
Trop bruyant.
Je me retiens au monde
Par un fil minuscule,
Presque invisible.
Je ne cherche même plus à sourire,
Je ne cherche même plus d’excuse
Je suis juste épuisé.
Épuisé de tout,
Épuisé de moi.
Bienvenue au B.
