Chapitre 2 : Rencontre bureautique

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Elles sortirent du cabinet et passèrent devant la secrétaire. Mélyan s'arrêta devant elle et posa une main sur le téléphone pour l'empêcher de nouveau de faire semblant de recevoir un appel fictif.

- Je ne te remercie pas de ne pas m'avoir prévenu pour George.

- Je suis désolé, Mélyan, j'avais reçu l'ordre de ne rien te dire. Pour ta sécurité.

- C'est fou le nombre de personne pensent nécessaire ou non à ma place. J'adore continuez tous ainsi. D'ailleurs, qui est derrière tout ça ?

- Je ne peux rien te dire.

- Au moins c'est clair cette fois... bonne fin de journée.

- Au revoir Mesdames.

Elles passèrent la porte et se retrouvèrent dans le couloir des psys. Du moins c'est comme ça qu'elle l'appelait. Une série d'escalier se trouvaient juste en face, il était là l'avantage de ce groupe de cabinet, elle n'osait pas imaginer être au bout du couloir et devoir faire tous ces déplacements. Quelle perte de temps. Elle devait passer récupérer son sac et le dossier de sa mission. Les bureaux des Empathistes se trouvaient trois étages au-dessus. Elle se dirigea vers les escaliers et entreprit de les monter.

- Vous ne prenez pas l'ascenseur ? La questionna la thérapeute.

- Je suis capable de monter les marches pourquoi je prendrais l'ascenseur ?

- Je me disais simplement que vu votre état vous devriez minimiser les efforts physiques.

Pour toute réponse elle monta les marches en tapant des pieds. Encore une réaction puérile elle en avait conscience. Secouant la tête elle monta les marches deux à deux pour mettre de la distance avec cette femme. Lorsqu'elle arriva en haut des marches elle se retourna pour s'inquiéter de l'évolution de sa partenaire forcée. Cette dernière regardait ses jambes, du moins c'est ce qui lui semblait, avant de porter ses yeux sur son visage et de lui sourire. Elle n'avait pas l'air de souffrir de monter les marches ni même pressé d'ailleurs. Le docteur Notam entama sa dernière ascension ne lâchant pas Mélyan des yeux. Lorsque la thérapeute se trouva à quelques marches d'elle, Mélyan lui présenta son dos et poussa les grandes portes blanches pour pénétrer dans la section des Empathistes. Il s'agissait d'un immense open-space partagé par tous les Empathistes. La taille des locaux était proche d'un entrepôt. Plusieurs bureaux étaient dispersés dans l'espace par groupe de quatre, cinq ou six. Au fond de la pièce se trouvait un immense bureau fermé encadré de verre. La technologie ne permettait pas de voir à l'intérieure, pourtant Mélyan savait que de l'intérieur on pouvait voir tout l'entrepôt. Ce bureau appartenait à la Chef de Missions Madame de Montmay. Mélyan. Il était établi une hiérarchie dans la disposition des bureaux, les nouveaux Empathistes ou ceux d'un niveau peu conséquent se trouvaient près des grandes portes blanches. Déclinaient ensuite les différents niveaux d'aptitude et de faculté des Empathistes. Ceux se trouvant près du bureau de Madame de Montmay étaient ainsi les plus expérimentés ou des Empathistes Aguerris. Après avoir tenu la porte au Docteur Notam, elle se dirigea vers son bureau d'un pas assuré. Les talons de ses bottines claquèrent sur le sol.

- Tu ne rentres pas, Mélyan ? Demanda une collègue en passant.

- Non, Léa, j'ai une mission ce soir.

- Oh d'accord bon courage et bonne soirée.

Bien que Mélyan savait qu'elle ne passerait pas une bonne soirée elle remercia tout de même sa collègue et lui en souhaita autant. Durant son avancée vers son bureau elle croisa beaucoup de ses collègues qui rentraient chez eux et la saluèrent au passage. Lorsqu'elle arriva à son bureau elle prit son sac qu'elle avait la fâcheuse manie de laisser traîner n'importe où. En l'occurrence près de sa chaise et presque dans le passage. Elle se pencha vers son ordinateur et l'éteignit. En attendant que celui-ci s'éteigne elle regarda le cadre photo de sa famille, la seule chose personnelle qu'elle laissait sur son bureau. Une tête brune dépassa de la cloison qui séparait son bureau de son collègue en face d'elle. Jean, son collègue de longue date, portait ces lunettes sur son nez. Elles le faisaient paraitre plus vieux qu'il ne l'était. Il avait dix ans de plus que Mélyan, était encore célibataire et ne cessait de lui proposer des rendez-vous. Bien qu'elle l'ait rejeté un nombre incalculable de fois il continuait à se raccrocher à ses espoirs. Il était assez difficile pour les Empathistes d'avoir des relations amoureuses... ils entraient bien trop facilement dans la tête des autres et une cohabitation était souvent délicate. Mélyan n'avait jamais vraiment eut de relation amoureuse et pour le moment ce n'était absolument pas ce qu'elle désirait.

Juste une empatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant