Chapitre 6 : Première dose

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Elle se trouvait dans un champ d'herbes hautes. Des masses informes écrasaient l'herbe à différents endroits. La lune éclaircissait quelque peu l'obscurité noir et opaque de la nuit. Elle avança dans ce champ piétinant un peu plus les herbes déjà aplaties. Tout lui apparut lointain et floue. Son pied nu glissa sur une matière liquide et épaisse. Elle perdit l'équilibre et tomba à genoux dans la flaque tiède. Un frisson lui parcouru l'échine. Elle déglutit péniblement, une odeur de fer lui saisit le nez. Elle se releva précautionneusement et leva sa main à la lumière de la lune. Elle savait d'avance ce qu'elle y verrait... sa paume était couverte de sang encore chaud, fraichement déversé. Elle luta avec elle-même pour ne pas émettre de plainte. Elle se ressaisit lorsqu'elle vit une lueur orangée briller quelques mètres plus loin. Bravant sa peur et saisissant son courage elle avança d'un pas hésitant. Les herbes étaient si hautes qu'elles vinrent caresser ses mains ôtant petit à petit le sang qui y était présent dans des caresses qui paraissant bien trop douces pour un lieu tel que celui-ci. Ses pieds glissaient sur les herbes qu'elle écrasait tandis qu'elle se frayait un chemin jusqu'à cette lueur et elle manqua de tomber plusieurs fois. Elle marchait entre les formes informes qu'elle refusait d'analyser. Elle avait bien trop peur d'ouvrir réellement les yeux et de voir ce qui s'y trouvait. Elle finit par déboucher sur un cercle dénué de végétation, seule la terre brute était présente. Un feu crépitait au centre de la placette naturelle et un monticule de quelques choses se trouvait à son extrême opposé. Elle pénétra dans le cercle et lorsque ses pieds rencontraient le sol froid tout lui parvint comme si elle venait de mettre des lunettes pour voir ce qui manquait. C'est alors que lui parvint le détail de chaque cadavre qu'elle avait croisé en arrivant. Il s'agissait de corps de femmes nues et mutilées. Elle sut sans voir qu'il y en avait une ribambelle étendue là tout autour d'elle. Elle constata bien malgré elle que le monticule à l'autre bout n'était autre qu'une montagne de cadavre. Les corps de ces femmes étaient amoncelés les uns sur les autres. Elles semblaient avoir été jeté là comme de vulgaires détritus. Mélyan eut le cœur qui se soulevait en constatant les bras, les jambes et les têtes positionné dans des angles qui n'était pas naturel. Partout où elle posa le regard elle vit des entailles et du sang, beaucoup de sang. Il y avait tellement de sang qu'il ruisselait vers le centre du cercle, vers le feu. Elle le suivit du regard et une autre scène s'offrit à elle. Des corps jonchaient désormais la terre et des gémissements de douleurs se faisaient entendre. Une femme rampait pour s'éloigner du centre, elle monta avec peine sur un autre corps. Toute sa peau était couverte de sillon béant qui laissaient le sang couler à flot. Elle ne parvint pas à s'éloigner davantage. Tournant la tête vers Mélyan elle mourut, lui adressant un regard emplit de désespoir. Le floue blanc s'empara de ses yeux, la femme dévisageait sans voir le visage figé par l'horreur de Mélyan. Cette dernière se mit à pleurer silencieusement, une rage et une haine gonflait au creux de son thorax. Elle voulait tuer ce chien, ce salopard de meurtrier et de bourreau qui était à l'origine de tout ceci. Elle porta alors son attention sur le centre du cercle. Sur ce qu'essayait de fuir cette femme. Et elle le vit distinctement, éclairé par la lueur chaude du feu qui crépitait tout prés. Il ne méritait pas que les flemmes viennent apporter une touche vive. Il était au-dessus d'une femme et riait tout en lui lacérant le sein. La femme n'était plus qu'un amas de chair tranché et de sang. Elle était encore en vie mais ne parvenait plus à luter. Mélyan ne pouvait pas rester planter là et ne rien faire. S'il y avait un moyen de sauver cette femme elle ferait tout ce qui était en son pouvoir de la sauver. Elle serait son espoir. Elle se précipita alors sur cet homme abominable. Toutes logique et réflexion disparut de son esprit. Lorsqu'elle fut à sa hauteur elle lui assena un coup de poing emplit de sa rage et de sa force. Mais quand sa peau entra en contact avec la sienne une décharge électrique la paralysa une seconde avant que le rêve ne change de plan. Et ce fut bien pire que ce qu'elle aurait pu imaginer. Elle se trouvait maintenant à la place de ce monstre comme bloqué dans son corps, prisonnière dans son esprit. Elle ne pouvait rien faire que de voir à travers ses yeux et de sentir à travers son corps. Elle sentit alors son pénis s'enfoncer dans le corps meurtrit lui prenant le peu qu'il lui restait. Privée de tout et ainsi massacré la femme succomba. Le voile de la mort se posa délicatement sur son visage tandis que son souffle la quittait. Elle ressentit une euphorie qui ne lui appartenait pas ainsi qu'un plaisir et une excitation au summum. Mélyan avait envie de vomir, son estomac complétement retourné. Elle vit son bras d'homme tailler un nouveau sillon dans le corps sans vie et un râle d'extase sortit de sa gorge. Elle se mit à hurler. Elle hurla longuement jusqu'à ce que sa voix s'éteigne. Seulement le rêve se brisa. Elle en sortait, enfin ! Juste avant de quitter ce cauchemar infernal elle l'entendit éclater d'un rire dément.

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