Chapitre 18 : Nous sommes bien

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Estelle était restée chez Mélyan tout le Week-end et elle lui en était très reconnaissante. Mélyan devrait trouver le moyen de la remercier. Estelle lui avait préparé bons nombres de petits plats, elle l'avait forcé plusieurs fois à s'hydrater et elle avait passé la majeure partie de son temps à lui tenir compagnie, enfin quand elle était éveillée. Avec tout ceci le Week-end était passé bien rapidement, nous étions dimanche en fin d'après-midi et Mélyan s'apprêtait à remercie une fois de plus la douce Estelle.

- Il va falloir que je trouve le moyen de te rendre l'appareil.

- J'ai quelques idées, la fit rougir Estelle.

Non, ce n'est pas ce que tu crois et chasse de ton esprit ce genre de pensées, se dit-elle mentalement. Elle devait reconnaitre que plus elle passait du temps avec sa thérapeute, en dehors de ses thérapies d'ailleurs, et plus elle l'appréciait. Elle avait été d'une patience et d'une gentillesse qui lui avait réchauffé le cœur. Sans oublier le calme qu'elle représentait.

- Tu penses que ça ira ? Demanda Estelle.

- Je me sens beaucoup mieux et tu n'y es pas pour rien. Mais j'ai encore besoin de repos.

- Tu penses pouvoir dormir ce soir ?

Elle haussa les épaules. Elle en doutait franchement.

- La vérité Mélyan.

- Je me suis habitué à ta présence et à ta capacité d'apaisement. Je ne pense pas pouvoir redormir comme ça avant très longtemps.

- C'est ce qu'il me semblait. J'ai quelque chose à te proposer. Bien entendu je compte sur ton honnêteté pour me dire si cela te conviendrait ou non.

Elle l'invita à poursuivre d'un haussement de sourcils.

- Je pourrais venir un soir sur deux, tu dormiras bien au moins la moitié de la semaine.

C'était une proposition très alléchante. Tant pour la présence de la brune à ses côtés plus souvent que pour la perspective d'un sommeil et d'un apaisement retrouvé. Mais elle craignait de ce qu'elle commençait à ressentir. Elle s'attachait à elle de plus en plus et avait peur de ne plus parvenir à se défaire de sa présence. Après une longue minute à l'observer pesant le pour et le contre elle accepta.

- Je te propose de commencer demain soir ainsi tu pourrais commencer une bonne semaine ? Je viendrais vers 19 heure le temps de passer par chez moi et de te laisser un peu d'intimité. Ou je pourrais aussi venir plus tard juste pour t'aider à dormir. Tu as libre choix, semblait l'emporter joyeusement Estelle.

- Dix-neuf heures, cela me paraît bien.

- Super alors on se voit demain au travail puis chez toi.

Il lui tardait d'y être. Estelle rassembla ses affaires et prit la direction de la porte.

- Estelle ?

- Oui ?

- Tu ne crains pas que cela altèrera la thérapie ?

- Ce que je te propose est purement personnelle. Si toutes fois tu penses qu'il n'est pas possible pour toi de faire la part des choses n'hésite pas à m'en faire part nous essaierons de trouver une solution.

- Ça ira, affirma-t-elle précipitamment.

Elle ne voulait pas prendre le risque qu'elle s'éloigne.

- Parfait, tu as mon numéro.

Estelle lui adressa un sourire chaleureux et passa la porte. Mélyan la referma et, après une courte hésitation, elle regarda dans l'œilleton. Elle admira sa silhouette devant l'ascenseur, ce long corps à la fois frêle et puissant, cela la déstabilisait encore. Estelle entra dans l'appareil, elle se retourna et adressa un signe de la main à l'intention de sa porte. Il lui était tout désigné. Melyan sentit son cœur battre brusquement, elle rougit et s'écarta de la porte. La main sur la poitrine elle n'en revenait pas. Comment avait-elle su ? Elle passa le restant de sa soirée à cogiter ou plutôt à penser à elle... et elle n'allait pas passer une nuit très reposante. Une fois allongée seule dans son lit et dans la nuit ses pensées se tournaient vers Estelle. Autant que son corps à chacune de ses nouvelles pensées. A tel point qu'elle commençait à l'imaginer, elle l'imaginait étendue dans son pyjama en soie seule dans son grand lit. Elle se demandait de quel manière le tissu glisserait sur sa peau si elle le soulevait de ses doigts. Elle tenta vainement de chasser cette image de son esprit. Mais rien n'y faisait, elle se voyait très clairement remonter les mains sur ses longues jambes fines jusqu'à la bordure de son petit short sous son regard aguicheur. Non elle préférait finalement la voir étendue sur le ventre lisant un livre avec de petite lunettes noires qui la rendaient sexy. Ainsi elle pouvait pleinement se voir ramper vers elle et faire glisser le bas de sa nuisette sur le galbe de ses fesses. Des fesses qu'elle pensait fermes et douces. Elle voyait clairement la suite celle où elle monterait sa main entre ses jambes, le long de sa cuisse. Son corps se mit à bruler et son désir à enfler, alors que les images lui apparaissaient nettement elle ne se rendit pas compte qu'elle était en train de glisser une main sous son propre short. Elle arrêta son geste dès qu'elle en prit conscience. Elle ne pouvait pas faire ça. Se masturber n'avait jamais été un problème pour elle mais elle ne pouvait pas le faire en pensant sciemment à Estelle... Non il valait mieux essayer de dormir. Elle se repositionna une énième fois dans son lit. Une quinzaine de minutes s'écoulèrent avant qu'elle ne craque. Son esprit ne la laissait pas tranquille, lui jouant même des tours. Elle avait la sensation que le corps d'Estelle était à ses côtés. Peut-être que cette impression était liée à l'odeur qu'elle avait laissé sur ses oreillers ? Quoi qu'il en fût, elle ne pouvait pas laisser le brasier en-elle continuer de se propager. Il serait bien trop dévastateur. Elle saisit son téléphone et marqua un temps d'hésitation. Elle avait envie de lui envoyer un message. Mais pour lui dire quoi ? Que son corps lui donnait le vertige et qu'elle avait envie de la... prendre ? Pour rester poli. Qu'elle l'avait presque totalement envoutée ? Non elle ne pouvait pas le faire. Elle se résigna donc et ouvrit la page internet. Elle tapa le nom d'un site pornographique dans la barre de recherche. Elle n'en raffolait pas, et quand elle s'y rendait, à de très rares occasions, elle trouvait son plaisir dans des vidéos m'étant en scène deux femmes. Elle n'avait pas honte de s'y rendre mais elle préférait d'autres méthodes. Comme se rendre en boîte pour trouver une proie à croquer. Cela lui manquait, en partie, mais quelque chose maintenant l'empêchait de vouloir le faire. Et elle avait bien une petite idée sur la raison mais se refusait de se le dire. Elle lança une vidéo et laissa sa main retourner sous son short. Elle la glissa sur son intimité humide et se laissa pleinement aller au rythme de la vidéo. Après de longues minutes l'une des femmes prit le contrôle de la situation. Presque exactement la même position, dans laquelle elle avait imaginé Estelle, l'une des femmes se tenait au-dessus de l'autre qui se trouvait allongée sur le ventre. Celle du dessus avait une main entre les cuisses de l'autre et lui mordait l'épaule. A cette instant l'image de son corps au-dessus de celui d'Estelle eut raison d'elle. Il lui plaisait tant de mener la danse. Son orgasme explosa et elle ne parvint pas à retenir son râle mêlé d'un cri sortir de sa gorge. Elle fut prise de soubresauts et de tremblements. La vague passa avec lenteur, elle s'en délecta. Il avait été de loin le meilleur orgasme solitaire qu'elle s'était donnée. La plénitude fut de courte durée... elle se mit aussitôt à culpabiliser, à avoir honte. Comment pourrait-elle affronter le regard d'Estelle après ça ? Elle éteignit rageusement l'écran m'étant fin aux gémissements qui y provenait et bouda, seule, dans son lit, furibonde contre elle-même, un oreiller entre les bras en guise de consolation vaine. Il ne serait pas possible de dormir après cela, pour une fois, ses cauchemars et ses missions la laisseraient tranquille. Un autre tourment allait l'empêcher de fermer l'œil.

Juste une empatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant