Chapitre 24 : L'absorption

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Estelle était morte d’inquiétude en voyant Mélyan sortir du bureau en courant. Quelque chose n’allait pas. Edmond Boncourt lui avait chuchoté certaines choses à l’oreille et cela avait l’air de l’avoir perturbé. Elle la regarda courir entre les bureaux jusqu’aux grandes portes. Elle trébucha, se prit le bureau d’un collègue et tomba sur le sol entrainant avec elle la moitié des affaires qui se trouvaient sur le meuble. Elle du faire un effort surhumain pour ne pas se précipiter et lui venir en aider.

-         Donnez-lui sa journée de demain Clodine, elle a l’air d’en avoir besoin.
-         Ce sera fait.
-         Mesdames, je vais me retirer. Merci de m’avoir fait patienter Clodine et ravi de vous avoir rencontré, Estelle. Bonne fin de journée, leur adressa-t-il.
-         Au revoir monsieur.
-         Bonne journée à vous aussi.

Puis l’homme s’éloigna du bureau en remontant le même chemin que Mélyan. Estelle le regarda partir avec un goût d’amertume en bouche.

-         Il est infect, ne pût-elle s’empêcher de dire.
-         Nous le savions. Tu as également pu voir l’attitude de Mélyan face à lui.
-         Il l’effraie. Je ne l’ai pas reconnu.
-         Ne t’offusque pas de son attitude. Quelque chose n’est pas net entre eux et il a une certaine emprise sur elle. A toi de découvrir quoi.
-         Je fais de mon mieux mais avant ça je dois la retrouver, quelque chose ne va pas.
-         Va et tiens-moi au courant.

Elle passa à son tour le battant en verre. Trouver Mélyan. Cela ne devrait pas être trop difficile, elle avait vomi plus tôt et juste avant de sortir elle se tenait la bouche et l’estomac. Pas besoin d’être fin limier, elle la trouverait dans les toilettes. Elle avança entre les bureaux et s’arrêta au niveau de celui contre lequel Mélyan était tombée. L’homme se tenait accroupit et ramassait ses documents. Certains, maculés de café, étaient fichus. La tasse qui contenait le liquide était brisé sur le sol. Estelle se baissa pour ramasser les gros morceaux de la porcelaine répandus. Elle ne savait pas pourquoi mais quelque chose lui disait qu’elle en aurait besoin. L’homme la regarda étrangement.

-         Je vais aller jeter ça quelque part où personne ne se blessera avec.

Puis elle se leva et reprit sa route, son objectif. Elle sortit de la grande salle et se retrouva dans le couloir. Sur sa droite se trouvait les toilettes. Elle entra dans celles pour femme. Une cabine était fermée, celle dans laquelle devait se trouver Mélyan. Elles étaient seules. Elle s’avança vers la porte et entendit la chasse d’eau. Sans demander la moindre invitation elle poussa la porte. Mélyan ne l’avait pas fermée derrière elle. Elle trouva la blonde assise à même le sol, prise de tremblements et en proies a des douleurs inconnues. Elle s’accroupit devant elle, posa les morceaux de porcelaines et l’appela d’une voix douce.

-         Mélyan ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
-         Estelle ! C’est trop dur !
-         Qu’est ce qui est trop dur ?
-         Je n’y arrive pas ! Je n’y arrive pas ! Hurla-t-elle.

Mélyan pleurait. Des larmes coulaient à grosse goutes sur ses joues roses. Estelle saisit les bras de Mélyan et l’attira à elle. Elle l’étreignit sans lui laisser le choix. Elle la tint fermement contre elle.

-         Je suis là.

Elle sentit les mains de Mélyan s’agripper à elle, saisir le vêtement dans son dos et s’y accrocher de toutes ses forces. Et ce fut alors que la jeune femme se mit à hurler et à sangloter étouffer dans le creux de son épaule. Son estomac se serra, son cœur se brisa de l’entendre souffrir ainsi. Elle voulait tout faire pour qu’elle aille mieux, pour qu’elle cesse de la saisir comme un naufragé à sa bouée. Et pourtant, elle aimait cette sensation, elle aimait représenter le rocher solide dans sa vie si tumultueuse. Était-ce présomptueux ? Elle s’en fichait. Elle devait chasser de son être toutes les émotions et les sensations qu’elle ressentait. Elle devait rester ce rocher, c’était la seule façon de lui venir en aide. 

Juste une empatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant