Tout au long de notre vie, nos expériences nous définissent mais peuvent aussi nous détruire. Et cela je l'ai vécu à mes dépens. Aujourd'hui encore j'ai essayé de consommer mon mariage en vain. Les fantômes de mon passé m'ont poursuivi jusque dans ma vie de couple.
Le vécu peut se révéler être traumatisant dés fois. Vivre c'est choisir. Mais aussi vivre c'est parfois se soumettre à certaines calamités qui nous plombent plus qu'autre chose. Je me rappelle encore de mon enfance. Elle a été dorée sur certains points. J'étais un enfant qui parvenait à avoir tout ce que je voulais. Comme qui dirait un enfant né avec une cuillère en argent dans la bouche. Mes parents ne lésinaient jamais sur les moyens pour me faire plaisir. Les cadeaux et autres présents servaient à camoufler tout le manque d'amour qu'ils me témoignaient. Un enfant innocent peut-il se rendre compte de ce que cette absence d'amour pouvait engendrer dans la suite de ma vie ?
Mes parents voyageaient très souvent. Donc je me retrouvais la plus part du temps chez une amie de ma mère. A travers leur relation j'avais commencé à déceler l'importance de l'amitié. Ce sentiment, car c'en est un, si il est partagé peut être viatique de vertus enrichissantes qu'on aurait jamais soupçonnées. Ah cet ami de ma mère .Soda elle s'appelait .Elle ne rechignait jamais à me faire plaisir. Tu es mon fils disait-elle. Et pendant ces moments-là de ma vie je tournais le dos à mes cadeaux pour plonger dans un nouvel environnement. Et là je me sentais vivre.je me sentais aimé. Elle s'était élevée au rang de cacique dans mon existence.
Cependant à mes 11 ans cette dame Soda disparut tragiquement d'ailleurs dans un accident. Ce jour-là j'ai versé des larmes de peine.je pleurais cette femme qui faisait office de figure maternelle pour moi. Et c'est là que mon malheur commença. En effet je devais dorénavant accueillir une sœur à mon père qui devait s'occuper de moi durant l'absence de mes parents. C'était une femme vile, qui n'exprimait aucune forme de sentiments. Elle se limitait juste à me faire à manger. Cela m'allait bien dans la mesure où je n'avais aucune envie d'avoir des attaches avec elle.
Loin de certaines appréhensions juvéniles qui stipuleraient qu'un enfant de mon âge ne devrait pas dormir seul, je le faisais depuis mes 4 ans. Et au fil du temps j'avais appris à surmonter ces peurs-là. Un jour alors que je somnolais dans mon lit, elle s'est introduite dans ma chambre. Je pensais juste qu'elle était là pour vérifier si mes fenêtres étaient fermées. Qu'elle ne fut ma surprise quand elle s'est mise sur mon lit et commença à introduire sa main dans mon pantalon. J'étais tétanisé, hébété par cette situation. Je ne réagis pas. Et elle continua son petit manège en jouant avec mon sexe. Après 30 minutes de torture morale elle s'en alla. Mon supplice dura durant toute l'absence de mes parents. Quand j'ai décidé de lui faire comprendre que je savais ce qu'elle était en train de me faire elle m'a menacé, une menace qui m'a cloué le bec à jamais. Elle m'avait enlevé toutes exhalaisons de révolte. Elle a menacé de me tuer. Et pour le gamin que j'étais c'était très facile de me faire peur. Quand mes parents revenaient je voulais tant qu'il voit ma détresse, qu'il voit que je souffrais, que je perdais mon âme à petit feu, Mais rien. J'en voulais au monde, à ma mère, à mon père. Pourquoi ne voyaient ils pas le désarroi qui se lisait pourtant sur mon visage. C'était peine perdue puisqu'ils ne prenaient jamais la peine de faire attention à mes états d'âme .Leurs fortraitures m'ont couté cher.
Mon cauchemar dura ainsi cinq ans.5 années que je me faisais torpiller en silence.5 années où j'ai gardé le silence.5 années pendant lesquelles cette femme-là s'est joué de mon corps et de mon âme surtout. Toutefois un autre événement vint encore bouleverser mon existence et me sauver aussi. Mon père qui trainait des problèmes au cœur avait finalement succombé suite à une intervention chirurgicale ratée. Parti à jamais me libérant ainsi sans le savoir.
La mort de mon père s'est accompagnée d'un terrible aveu. En effet de manière incompréhensible, mon père avait légué toute sa fortune à ma tante l'auteure de tous mes tourments. Ma mère pensait que tout me reviendrait mais elle avait eu tort. Cela ne me surprenait pas pour autant puisque j'avais appris au fil du temps que mon père manifestait rarement de l'intérêt à mon égard. Tout le contraire vis-à-vis de ma tante qui s'occupait de bon nombre de ses affaires.
Après cet épisode nous partîmes nous installer dans un autre quartier grâce à ma mère et ses économies surtout. Elle avait amassé une petite fortune avec son commerce et nous pûmes survivre. Partir c'est arpenter un nouveau chemin, un saut vers l'inconnu .Partir c'est souvent se départir de tout ce qu'on a été un jour et rêver de lendemains meilleurs. Ce fut pour moi une opportunité inespérée que la vie m'offrait. Les méandres de ma vie ont failli m'achever mais je tenais bon. Je suis parti avec mon secret l'enfouissant dans les tréfonds même de mon âme.
Loin du tumulte que la mort de mon père avait laissé j'apprenais de nouveau à vivre. J'étudiais .Un cursus normal parsemé d'aucunes embuches. Je m'en sortais très bien à l'école. Toutefois quelque chose clochait avec moi: mes interactions humaines. Je ne parvenais pas à me faire des amis, juste le strict minimum. Jetais très introverti et renfermé sur moi-même.je me pensais autarcique à ces moments là.je me souviens encore des nombreuses fois où ma mère fut convoqué par mes directeurs pour parler de mon insociabilité.je parvenais pas à m'expliquer ce comportement, surtout avec les femmes.
Durant ma dernière année universitaire j'avais décidé de me mettre avec une fille. On s'était rencontré dans une librairie et miraculeusement le courant est passé. Je parvenais à communiquer avec elle et rien que pour cela je m'étais plongé dans la relation .Asta savait donner de l'amour, toujours un émule par rapport au mien. Elle était débonnaire et me complétait aisément.
Un soir elle m'invita chez elle pour fêter un contrat qu'elle venait de signer, les choses avaient dégénérées entre nous. Puisqu'à un moment donné on a été un peu trop intime. Et elle a introduit sa main dans mon pantalon. Cela fit tilt dans ma tête et mon esprit retournait automatiquement à des années en arrière. Les souvenirs remontaient dans ma tête .J'hésitais même, pas tout ce qui dormait en moi s'était réveillé en un instant. Je me suis rué sur elle. Sur son visage je voyais celui de cette tante-là qui avait détruit ma vie. Je fus comme possédé et je l'ai frappé de toutes mes forces. J'ai déversé sur elle toute la haine qui m'animait et je l'ai même cru morte quand je me suis arrêté .Sur le coup j'ai pris un peu peur et je suis parti.
Le lendemain la police vint chez moi pour m'arrêter. Les parents d'Asta avaient décidé de porter plaintes malgré les protestations de cette dernière. Ce jour-là j'ai passé ma première nuit en prison.je regrettais mes actes et surtout je maudissais cette femme-là. Durant le laps de temps où je suis resté en prison, ma mère avait versé une forte somme aux gardes pénitenciers pour que je puisse être tranquille dans ma cellule. Car ce n'était pas la fête pour les nouveaux venus .J'en était témoin tous les jours. Je pus donc être sauvé de potentiels lynchages. Pour la première fois de ma vie, ma mère se mettait à s'occuper de moi et c'était réconfortant.
Je n'avais jamais été aussi violent avec une femme. Puisque ce n'était pas mon coup d'essai .Mon avocat avec l'aval de ma mère avait décidé de plaider avec la thèse de ma folie.je considérais cela comme un écueil mais je fus coi face à cette situation. Durant mon procès j'ai répété comme un automate ce que mon avocat m'avait dit de débiter. Je m'en suis sorti avec un séjour dans un asile.
C'est dans ce lieu où j'ai fait la rencontre d'Abdou, une personne bipolaire à certains égards. Ils pouvaient d'un coup s'adonner à des gestes incompréhensibles avant de devenir lucide le coup d'après .Durant ces moments-là il me racontait son histoire. C'est ainsi qu'il m'apprit qu'il était marié et même père de deux enfants. Et ses malheurs découlent du jour où il est allé demander la main de fiancé. Ses parent avaient opposé un niet catégorique. Ils disait que leur fille méritait quelqu'un de mieux loti. Ils ne donneraient jamais la main de leur fille à un vaurien. Leur amour étant plus fort que le refus des parents, ils avaient quand même décidé de s'unir. C'est ainsi qu'ils se sont fait maudire par la mère de sa femme .Elle promit quelle ne leur laisserai jamais dans leur quiétude. Après un an de mariage, il a commencé à entendre des voix dans sa tête qui le poussait à vouloir se donner la mort. Entre le jour où il a voulu se tailler les veines où encore quand il était sur le point de se jeter du toit de chez lui, sa famille avait décidé de l'amener ici.
J'ai également fait la connaissance de Fadilou, une personne violente en apparence que personne n'osait vraiment approcher. Une personne que j'ai appris à connaitre. La vie ne l'avait pas épargné et tous les griefs qu'on lui reprochait étaient très souvent farfelus. Son acrimonie était toujours évanescente. Il me fit comprendre qu'il vivait avec ses frères à la mort de son père .Et au moment de partager l'héritage, son grand frère avait considéré qu'il était de trop et a décidé de se débarrasser de lui. Ainsi il avait décidé de l'envoyer dans cet asile dont son ami était le directeur. C'était un éternel optimiste et il me répétait souvent de sa faconde légendaire: un jour je sortirais ici et je referais ma vie. J'ai été destiné à passer du temps et je me suis résolus à cela.il pensais que je deviendrais fou à force d'être mais je suis de plus en plus avec toute ma tête. Les épreuves sont parfois faites pour nous forger et faire de nous de meilleures personnes, des personnes fortes, des personnes plus aptes à faire face pièges escamoté de la vie. Il me rappelait un peu mon cas car de mon père je n'avais tiré que troubles.
Après sept mois passés dans ce lieu je fus libéré. Accueilli cette nouvelle avec certaines réserves puisque dans le fond je me disais que je n'étais pas totalement guéri. Quand on sort de situations comme la mienne, il est très difficile de se réintégrer dans la société. Pointé du doigt, catalogué j'accusai dés fois le coup mais je m'en sortais bien grâce à ma mère. Elle cherchait certainement à rattraper le temps perdu. Impossible à mon avis.je parvins à me trouver un boulot et amorça peu à peu ma réinsertion dans la société.
Durant 2 années j'ai décidé de tourner le dos aux femmes.je commençais peu à peu à retrouver un semblant de quiétude avec mon esprit. Ma mère mettait de nouveau sur le tapis le mariage. Je me suis dit pourquoi pas ? Pourquoi ne pas me lancer et tenter de construire quelque chose. J'ai donc choisi une femme avec qui je ne suis même pas sorti. J'ai proposé à Fatima, une fille que j'avais rencontré de m'épouser. Elle accepta après un compromis.
Pendant la nuit de noce j'ai essayé de laisser libre cours à mon esprit et passer le cap mais rien n'y fit. Les séquelles psychologiques sont toujours présentes.
Suis-je condamné à vivre avec le poids de mon passé ? Ce passé qui hante encore et encore et interfère grandement dans ma vie. Pourrais-je un jour surmonter mes peurs ? Aurais-je des enfants ? Tant de questions qui taraudent mon esprit.
Moi c'est Abdallah et voici mon histoire...
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Abdallah
General FictionUn homme que son trouble passé rattrape.Quand l'étau se resserre les motifs d'espoirs sont-ils permis ? Abdallah va devoir surmonter ses lourds antécédents et surtout vivre. Là vivre consiste à se surpasser pour consommer un mariage dans lequel il s...