Interview {PLK}

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Bonjour! Comment allez-vous ? Vous avez eu de la neige ? Perso il caille sa maman mais zéro flocons...
Un chapitre encore tout doux (enfin plus ou moins) avant le début des choses sérieuses (et du début de la fin). Et pour changer, et parce que ça faisait un bail, un chapitre du point de vue de Mathieu!
Bonne lecture❤️

Vendredi 14 Février 2020

Point de vue de Mathieu

Je traine sur mon portable, un écouteur dans l'oreille. Je fais le tour des réseaux sociaux, des comptes fan, je prends le temps de liker quelques posts et d'en reposter deux-trois en story. Je regarde les photos sur lesquelles on m'a tagué: beaucoup de freestyles, et certains mecs sont vraiment très bons. J'envoie un peu de soutien à ceux qui en valent la peine. Je sais que ça fait plaisir de recevoir un commentaire de quelqu'un de « reconnu » dans le rap quand on débute. Moi aussi je suis passé par là. Allongée à mes côtés, Loïs bouquine je-ne-sais-quoi, mon autre écouteur dans son oreille. Comment elle fait pour lire et écouter attentivement les freestyles, j'en ai aucune idée. Du coin de l'œil, je l'observe. Ses tâches de rousseur constellent son visage, ses cernes sombres font ressortir ses prunelles pleines d'intelligence, ses sourcils sont froncés par la concentration, ses cheveux courts sont ébouriffés par notre précédente partie de UNO, son tee-shirt négligemment renfilé laisse apparaître un bout d'épaule. En lisant, elle joue pensivement avec ma chevalière qu'elle ne quitte jamais. Il y a un an, on se retrouvait tout juste grâce à une interview. Et maintenant, c'est ma meuf.
Je regarde ma chambre: depuis qu'on est ensemble, quelques trucs ont changé. Déjà, Loïs a ramené quelques sappes à elle, ainsi qu'une brosse à dents. Elle a aussi rapporté des livres, une petite dizaine, pour ne pas s'emmerder si elle se tape une insomnie sortie de nulle part. Je n'y crois pas trop à cette excuse bidon: Loïs dort toujours profondément quand nous partageons le même lit. Alors bien sûr, elle s'endort souvent après moi et se lève systématiquement à une heure indécente, mais au moins, elle dort huit heures d'affilée. En fait, je pense surtout que si elle ramène des bouquins, c'est qu'elle espère secrètement que par un ennui mortel, je commence à entamer un pavé de mon propre chef. Jusqu'ici, je n'ai pas cédé à la tentation. Et puis je préfère quand c'est elle qui lit à haute voix des passages de ses livres; mais ça, je ne lui avouerai jamais. Elle se fouterait de ma gueule pendant des années.
La petite brune repose son livre, cale sa tête sur mon torse, et entoure ma taille de ses bras. Voyant que je ne lui porte pas plus que ça d'attention, elle attrape mon téléphone et l'éloigne.

« Mathieu?

-Quoi?

-Je m'ennuie, déclare-t-elle. Film?

-Flemme, je réponds.

-Série? propose-t-elle.

-J'aime pas.

-Livre? continue-t-elle.

-Loïs ? Sérieusement ? je rigole.

-Quoi? Je tente ! »

Je souffle par le nez, exaspéré. C'était pas noté dans le contrat qu'elle était à moitié hyper active. Pire qu'une gosse de cinq piges qu'il faut occuper.
Elle m'enjambe pour descendre de mon lit mezzanine, et comme d'habitude, son crâne heurte le plafond, m'arrachant un ricanement. Elle dégringole l'échelle, et je peux l'entendre tourner en rond dans ma petite chambre.

« Touche à rien! je lance.

-Oui papa, » soupire ma copine.

Je suis sûr que si je jette un coup d'œil par dessus la barrière de mon lit, je vais la voir toucher à absolument tout. Je me redresse sur mon coude: étonnement, elle ne touche à rien, mais observe avec attention le micro, le casque et l'ordi que j'ai dans ma chambre. Mon studio maison.