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Dimanche 27 janvier 2019

Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. En même temps, je n'ai pas vraiment eu de nuit. On est sorti de boîte vers quatre heures, on a encore traîné le Panama Bende. On a du rentrer à pieds sur les coups six heures du matin. Si Evan et Sam sont tombés de sommeil, j'ai été incapable de m'endormir.
C'était très cool de revoir les gars du Panama. Improbable, mais cool. Je me suis rendue compte qu'ils m'avaient manqué plus que je ne le pensais.

Il est un peu plus de dix heures. Noé vient me chercher à midi moins le quart pour être chez ses parents à midi trente. Dieu merci, j'ai su boire avec modération hier soir. Quoi que, j'aurais peut être été plus détendue en étant encore bourrée que totalement clean.
Noé m'a parlé une centaine de fois de ses parents. Il les adore, les vénère même. Leur avis compte beaucoup pour mon copain. Alors s'ils me « valident », c'est la consécration, comme si notre relation devenait réelle. J'ai un peu de mal à saisir le concept. Je suis proche de ma famille, mais je ne ressens pas le besoin de leur présenter mon copain. C'est ma vie privée. Je les ai informé que je fréquentais quelqu'un, leur ai montré quelques photos de lui. Point barre. Ma mère était ravie, mon père étonné qu'un garçon arrive à me supporter moi et mes potes, puisqu'Evan, Sam et les potes de mon frère sont plutôt envahissants.

Je prends ma douche, savourant l'eau chaude sur mon corps. Je m'habille ensuite d'un pantalon cigarette noir et d'un col roulé également noir. Je me regarde dans le miroir. J'ai des cernes énormes, qui vont être difficile à cacher, et le teint pâle. Je force donc un peu sur le rose à joues, et l'anti-cerne. J'ondule mes cheveux, mets du rouge à lèvres.

Si mon téléphone n'avait pas sonné hier, Mathieu m'aurait-il embrassé?

Est ce que j'aurais aimé qu'il le fasse?

Je secoue la tête négativement, sortant de la salle de bain. J'enfile mes Vans. Je regarde mon téléphone: onze heures quarante-cinq. Dans la minute même, la sonnette retentit. Je souris: Noé est toujours à l'heure. J'ouvre la porte, et le beau brun à lunettes entre. Il porte une sage chemise en jean bleue, un pantalon et des New Balance. Totalement mon genre.

« Tu es prête ? me demande-t-il.

-Tu ne m'embrasses pas? » je réplique d'une voix boudeuse.

Il sourit, s'approche lentement de moi. Je me mets sur la pointe des pieds, et l'embrasse. Si lui est doux, moi je ne le suis pas. Sa bouche contre la mienne, nos langues qui s'effleurent, mes mains dans ses cheveux, le grognement de contentement de Noé qui résonne dans l'appart, ses mains dans le creux de mes reins. Ça pourrait être la fin du monde, je m'en ficherais complètement. Mes mains descendent le long de son torse, jusqu'à sa ceinture. C'est à ce moment là que Noé semble se réveiller et agrippe mes poignets pour m'arrêter.

« Loïs, on va être en retard, me dit-il, les lèvres rougies par le baiser.

-On a quelques minutes devant nous, je réponds, l'embrassant de nouveau.

-Loïs, reprend Noé fermement, me repoussant. Je veux pas arriver en retard chez mes parents. Va chercher ton sac à main. Et remet ton rouge à lèvres, il a débordé. »

Je grogne de déception. Noé est parfois trop rationnel.
J'attrape mon sac, et lui indique qu'on peut y aller. Mon copain, tel le gentleman qu'il est, ouvre ma portière. Il démarre sa voiture, une Mini payée par ses parents, et met la radio. Il chantonne du Jean Jacques Goldman. Je retiens un sourire moqueur: si lui adore, moi je déteste au plus haut point. Je me force à chantonner aussi, pour lui faire plaisir.

Interview {PLK}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant