Interview {PLK}

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Vendredi 25 janvier 2019

Réveil de merde.

Ma main encore endormie trouve mon portable et appuie frénétiquement dessus pour éteindre cette fichue de sonnerie. Par miracle, j'arrive à l'éteindre, puis me retourne et m'enroule de nouveau dans ma couette. Je soupire de contentement. Quelle joie de vivre seule! Plus de parents qui viennent m'emmerder ou me gronder quand je me couche à quatre heures du mat' après avoir révisé et fais des recherches pour le lendemain une majeure partie de la nuit.

La porte de ma chambre grince.

Gloussements.

Putain de merde.

« MAKE UP BITCH! » hurle Sam en s'écrasant sur moi, dans mon lit.

J'ai le souffle coupé pendant une seconde, elle éclate de rire, et se lance dans une bagarre de chatouilles. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot et lâche l'arme fatale: l'haleine de chacal du matin. Ma meilleure amie -qui a désormais les cheveux roses- fait semblant de s'évanouir.
Evan arrive à son tour, encore dans son pyjama Star Wars, mais reste sur le pas de la porte.

« Sam, t'es au courant que tu viens de lui dire "maquille-toi salope!"? lui demande mon meilleur ami.

-Excuse-moi de pas être allée aux states pendant les vacances de première ! s'exclame-t-elle.

-T'es toujours là-dessus? » je ricane.

Elle me regarde, les yeux plissés, puis regarde Evan qui lui nous observe, sourire amusé aux lèvres.

« Oui. »

Je me frappe le front bruyamment, désespérée et le brun éclate de rire avant de déclarer qu'il va faire le petit-déjeuner. Sam gueule qu'elle va aller se doucher, et moi... je me maudis intérieurement de leur avoir soufflé l'idée que ça serait cool de vivre en colocation tous les trois si on obtenait notre bac du premier coup. J'avais dit ça sur un coup de tête, pour déconner... Jusqu'à ce que le lendemain des résultats, Evan se ramène avec des clés en main, tout sourire. Il nous a déniché un studio minuscule grâce à un ami du cousin de la tante de son père. Ou un truc dans le genre. Le loyer est un peu élevé, mais comme on a chacun un petit boulot en plus de nos études respectives, ça peut aller.

Je sors de mon lit, jette un coup d'œil à mon agenda. J'ai cours de huit heures trente à treize heures, puis je bosse en tant que caméraman pour la chaîne YouTube StreetPress. Une bonne journée chargée en vue.
Je rejoins Evan -toujours en pyjama- dans la cuisine. Il me sert un chocolat chaud avec supplément chantilly. Il a même eu le temps de faire du pain perdu.

« T'es le meilleur des potes, je le remercie.

-En même temps, se marre-t-il, c'est pas compliqué de surpasser Sam.

-TU SAIS QUE JE T'ENTENDS? » gueule notre amie aux cheveux roses de la salle de bain.

Nous pouffons comme des gosses.
Evan, jugé comme sans avenir par l'école, travaille dans un restaurant en tant que serveur. Ça lui plaît bien le contact avec les gens et de travailler tard la nuit. Il est touche-à-tout, et ça ne le gêne pas de bosser en cuisine s'il le faut. Il espère même ouvrir un bar de nuit en étroite collaboration avec son patron actuel.
Sam, quand à elle, travaille à plein temps dans un salon d'esthétique et suit des cours en ligne sur la mode et le monde complexe de la beauté. Rien à voir avec ce qu'elle voulait faire initialement, au grand désespoir de ses parents qui auraient aimé qu'elle fasse pharmacie comme prévu.
En gros, je suis la seule à avoir conserver mon plan de carrière. J'ai été prise du premier coup dans mon école de journalisme, j'enchaîne les stages, les rencontres, les sessions sur le terrain. C'est divers, j'essaye un peu tout, en passant par le montage, l'écriture d'articles, le micro-trottoir, etc...