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Dimanche 25 Août 2019

« LOÏS SAMARAS, FAUT QU'ON CAUSE! »

Pas décidés dans le couloir, clac-clac insupportable et reconnaissable entre mille des talons de Sam. Elle ouvre la porte sans toquer, je soupire, regrettant pour la énième fois d'avoir proposé cette idée de coloc'.

« Loïs, faut qu'on parle, » déclare très sérieusement ma meilleure amie.

Je me retourne lentement, faisant pivoter ma chaise roulante.

« J'avais déjà entendu quand t'as hurlé la première fois, j'objecte.

-Tu sais que j'aime ton Polak, et que je vous shippe totalement depuis des années, me coupe-t-elle, mais sérieusement, tu pourrais pas lui dire de mettre au moins ses caleçons sales dans le sac à linge ? Elle me montre l'arme du crime, le tenant du bout des doigts, un air dégoûté sur son visage. Et puis même, c'est quoi cette manie, de se balader avec juste une serviette autour de la taille après être sorti de la douche ? Pas qu'il est mal foutu, au contraire... ça veut pas dire que je l'ai maté, attention, je le vois ton petit sourire moqueur en coin ! Je lève les mains en l'air en signe d'innocence, retenant difficilement mon sourire. Bref, je veux pas que ça fasse complexer notre Evan. Le pauvre, à force de goûter et regoûter ses plats pour son resto-bar, il commence à prendre du bide! Je rigole un peu. Si, si, je te jure! Tu crois que tu pourrais demander à Mathieu de l'emmener à la salle, ou au foot? Lui demander ça, et de s'habiller un minimum ? C'est la moindre des choses, vu le temps qu'il passe ici...

-On parle de moi? » demande Mathieu.

Nous nous tournons d'un même mouvement. Le rappeur se tient à l'encadrement de la porte, les bras croisés. Ses cheveux sont mouillés. Il a extrêmement bronzé pendant ses quelques jours de vacances à Marrakech, contrastant avec ses cheveux qui ont viré au blanc. Comme l'avait prévu Sam, il se balade avec une serviette autour de la taille, et seulement ça.

« Tu vois! s'exclame Sam, outrée.

-Moi ça ne me dérange pas, » je lâche.

Mathieu et moi nous nous marrons, ma meilleure amie lève les yeux au ciel et quitte la pièce, non sans lui avoir balancé à la gueule son caleçon sale. Mon copain s'installe confortablement sur mon lit défait, attrape son briquet et allume son joint pré-roulé. Ma chambre est la seule pièce dans laquelle il est autorisé à fumer puisque mes deux meilleurs amis ne supportent pas l'odeur de la beuh. Moi au contraire, j'aime bien. C'est une odeur que j'ai toujours associée à mon frère et ses potes. Et à Mathieu.

Je me retourne vers mon bureau et recommence à bosser, alternant entre mes notes et mon ordinateur portable.

« Tu fais quoi? m'interroge le faux blond.

-Je bosse, je réponds.

-Un dimanche matin? s'étonne-t-il.

-On a pas tous la chance d'avoir une carrière fleurissante de rappeur, » je réplique.

Quelques secondes plus tard, il se glisse derrière moi et tente de déchiffrer les feuilles éparpillées sur mon bureau. Il en attrape une pour mieux la lire. Je bondis de ma chaise pour la récupérer, lui arrachant presque des mains.

« Bas les pattes ! je m'écrie. T'aimerais que je fouille dans ton ordi à mixtapes?

-C'est pas la même chose, rit-il.

-C'est exactement la même chose. »

Nous nous défions du regard. Soudainement, je me rends compte de notre proximité. Je suis coincée entre mon bureau et Mathieu. Son corps est collé au mien, et il suffirait d'un rien pour que tout dérape. Je ne peux m'empêcher de le regarder avec un certain intérêt. Ses épaules larges, ses bras musclés, ses abdominaux saillants. Lui aussi a dû se rendre compte que la chaleur de la pièce a augmenté, et que ce n'est pas seulement dû à la canicule.
Il me crame alors que je suis en train de le reluquer, et sourit. Bordel il me fait totalement craquer.

Interview {PLK}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant