Interview {PLK}

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Vendredi 13 décembre 2015

Je balance mes chaussures dans un coin, ainsi que mon sac.

« T'es déjà rentrée? » fait la voix de ma mère.

Je perçois son ton étonné. Je vais dans le salon, où elle est affalée dans le canapé. Comment peut on être si élégante mais se vautrer à la moindre occasion sur le canapé? Je me retiens de lui faire la remarque et me contente de sourire.

« Je finis toujours à dix huit heures le vendredi, je lui rappelle.

-Tu n'es pas passée voir ton frère au studio? me demande-t-elle.

-Non, je suis claquée. Je vais dans ma chambre!

-Enlève ta casquette, me crie-t-elle, on dirait Ken ! »

Je ne peux nier ma ressemblance avec mon grand frère. Nous avons les mêmes yeux sombres, le même sourire en coin, et quasi la même coupe de cheveux. Je suis plus pâle de peau que lui, plus petite en taille aussi, et possède des tâches de rousseur qu'il a la chance de ne pas avoir. Heureusement que je n'ai pas cette barbe qu'il s'évertue à faire pousser!
J'ai tendance à voler ses sweat-shirts et ses casquettes au grand désespoir de ma mère, qui me trouve pas assez féminine. Elle n'a pas tort en même temps. Je ne compte plus le nombre de fois où on m'a appelée « jeune homme ».

J'entre dans ma chambre. La pièce est plutôt petite, et surtout bordélique. Des vêtements traînent un peu partout. Une planche de skate est glissée sous le lit défait. Le bureau est recouvert de papiers divers. Un ordinateur ouvert y est posé, en équilibre précaire sur un manuel de français. Je m'assois sur ma chaise tournante, ouvre un carnet, prends un stylo. Je note simplement en capitale d'imprimerie
« projet interview », et j'attends que les idées viennent. Je tapote du bout de mon stylo mon bureau. Rien ne vient.

Je décide alors d'appeler mon frère. Trois longues sonneries retentissent.

« Répond je t'en prie, » je murmure.

Ça décroche. Que le dieu de la 4G soit loué.

« J'ai besoin de toi! je commence aussitôt, sans même dire bonjour. En fait on doit faire une interview d'un artiste, je me disais que je pouvais te demander, vu que tu as masses de contacts, et que tu as toujours de bonnes idées, je me suis dit que j'allais t'appeler, et en plus si j'ai la meilleure note je suis publiée par Le Parisien, enfin non pas moi, mon interview, et tu sais très bien que je veux être journaliste, que c'est mon rêve, et...

-Wesh mini Samaras, me coupe une voix qui n'est pas celle de mon frère, bonjour déjà, puis calme toi et explique doucement. »

Je fronce les sourcils, reconnaissant la voix de Mohammed, aka Sneazzy, un des meilleurs amis de mon frère.

« Qu'est ce que tu fous avec le tél de mon frère ? je lui demande, suspicieuse.

-On est au stud', il est en pleine session, s'explique-t-il, et comme il a laissé son téléphone, je me suis dit que ça serait impoli de ne pas répondre à sa petite reuss' adorée. Les gars, dites bonjour à Loïs! »

Je comprends qu'il a mis la conversation sur haut parleur car j'entends Framal et 2zer gueuler un « salut », Mekra lâcher un simple
« wesh » et une imitation de bise venant de Doum's. Enfin je suis pas tout à fait sûre à vrai dire que ça soit lui, mais généralement quand mon frère enregistre, le $-croums est au complet.

« Ce week-end, un gars qu'on connaît organise une fête, ça va être le feu! dit Sneaz', enthousiaste. Feu, Nekfeu, t'as capté ? Je lève les yeux au ciel à sa blague pourrie. Tu dois absolument venir !