× Chapitre 3 ×

75 10 6
                                    

Westminster, London, 1904

Aure avait marché durant de nombreuses heures pour arriver le soir au cœur de la capitale de l'Angleterre. Elle s'était perdue. Cette dernière s'apparentait à une fourmilière. Les londoniens allaient et venaient en tout sens, tantôt à pied, les bras pleins à craquer de paniers, tantôt en voiturette à moteur tremblotante, voire pétaradente. La jeune demoiselle, déboussolée par tant de mouvements avançait malgré tout, son maigre sac sur le dos.

Elle ne savait où aller, n'ayant aucun repère ni repaire pour se poser. Seule à son sort, elle ne pouvait compter que sur elle-même. Elle mourait de faim et pourtant elle n'avait rien à manger. Elle pourrait voler mais cela serait contraire au règlement de l'orphelinat.

Au diable l'orphelinat ! Elle n'y était plus, tout cela était finit.

Aure connaissait la vie londonienne, grâce aux livres de la bibliothèque. Cela l'aiderait-elle vraiment ?

Elle passa devant un jeune homme qui distribuait des journaux contre une pièce. La jeune fille devait se tenir informer un minimum mais avait-elle au moins de quoi payer...

Son collier... Peut-être avait-il de la valeur ? Mais... Il s'agissait d'un précieux objet, le seul qu'elle avait de sa mère, si tant est qu'elle s'en souvienne. Et elle ne s'en souvenait que très peu.

Non, elle ne pouvait décemment pas échanger son collier contre un journal.

—  Jeune homme, voulez-vous The Daily Telegraph ? Proposa-t-il. Vous ne semblez pas être du coin, laissez-moi vous proposer...

—  Merci à vous, monsieur, mais je n'ai pas de quoi vous payer. S'excusa la blonde.

—  Il est important pourtant de s'informer, cher monsieur. Je vous l'offre, votre premier jour à Londres ne sera que plus prometteur. Sourit-il, à voix basse.

—  Je ne veux pas vous causer du tord auprès de votre employeur. Refusa-t-elle.

—  Je vous en prie, cela me fais plaisir. Continua-t-il en lui posant un exemplaire directement dans sa main.

Il s'approcha davantage et fit une petite accolade amicale à Aure, qui joua de ses talents d'improvisation et d'impassibilité pour lutter contre l'envie de le frapper par cette soudaine promiscuité.

—  Tu es tout seul, mon garçon. Entre bons amis, je te conseille de faire attention à toi et de ne faire confiance à personne. De plus, vu ta petite taille, ne te laisse pas marcher sur les pieds. Enfin, je peux te conseiller auprès du chef d'une des bandes de gamins des rues.

—  Mais je ne veux pas être un gamin des rues... Railla-t-elle.

—  En Camden Town, tu trouveras le repaire d'une des meilleures bandes. Présente toi là bas ! Dis que c'est Billy qui t'envoie, tu as peut-être une chance ! Tu ne mourras pas de faim, camarade des rues !

Aure resta sans voix devant ce jeune homme, dut accepté sans objection le journal et s'en fut. Elle s'assit dans un coin reculé, entre deux piliers d'un quelconque bâtiment et feuilleta la première page du journal.

Il y figurait en grosses lettres :

SHERLOCK HOLMES A ENCORE EU

UNE LONGUEUR D'AVANCE SUR SCOTLAND YARD

Quelques lignes résumaient l'affaire, ainsi que la page amenant sans doute à la détailler davantage :

Le détective consultant, habitant au 221b Baker Street, a encore devancé la brigade de Scotland Yard. Il semblerait que L'inspecteur chargé du meurtre de la Comtesse de Husburry, Monsieur Lestrade, se soit, je cite, "endormi pendant l'enquête et qu'il a fallut comme d'habitude que je fasse tout le travail. À quoi les policiers et les commissaires servent-ils s'ils ne sont même pas capables de voir plus loin que le bout de leur nez ? Et encore je pèse mes mots, cher monsieur".

Sherlock Holmes III : The Mysterious Child Où les histoires vivent. Découvrez maintenant