V, Alterum non lædere « Ne pas blesser autrui. »
Barnabé
Ça faisait longtemps qu'il n'avait aussi bien dormi. C'était con mais pour lui ça voulait tout dire. C'était comme si un mal parmi d'autres c'était enlevé.
Il ne voulait pas trop l'admettre mais ce lui fit du bien de se confier hier. Il ne serait pas allé jusqu'à dire qu'il se sentit compris mais au moins Charlie l'écoutait, pas comme ses parents qui le regardaient ouvrir la bouche, les oreilles bouchées par leur égocentrisme et supériorité à deux balles. Ils lui faisaient penser à des gamins de cinq piges qui pensent qu'on ne les voit plus quand ils se cachent les yeux avec leurs petites main potelées.
Il se pointa au lycée. Il n'avait pas envie de voir leurs vieilles têtes mais il voulait respirer un autre air. Les gens le regardèrent de loin comme s'il était contagieux. Il se rassura en se disant qu'ils étaient tous profondément cons, mais au fond ça ne changeait rien, il ne leur avait jamais accordé d'importance. Ils devaient surement penser qu'il voulait mourir parce qu'ils l'ignorent à longueur de journée et qu'en temps qu'adolescent cherchant gloire et popularité, leurs comportements puérils lui avaient brisé le cœur.
Affligeant. Désolant. Pathétique.
Ils n'avaient jamais été aussi loin de la plaque.
Il s'arracha au bout de deux heures, au moment ou l'air devenait trop lourd pour ses poumons fatigués.
Le lendemain, il alla à l'hôpital en avance. Il prévint Charlie qu'il était sur le toit pour quelques minutes.
- Je n'comprends pas ce monde
- C'est normal, tu es encore jeune Barnabé
Il préféra ignorer sa remarque qui n'avait rien à voir avec sa situation.
- Il n'est même pas à nous. De quel droit, peut-on s'approprier la planète ?
- Est-ce qu'on est vraiment en train de parler d'écologie ?
- Je crois
- Ecoute Barnabé, tu te soucis des autres constamment. Tu ne veux ni blesser ta famille, ni l'environnement, ni n'importe qui et c'est vraiment honorable, mais peut être que tu devrais te recentrer sur toi un peu plus. Justement tu es ici pour me parler de toi, et oui nous détruisons la planète mais ça m'étonnerait que tu aies eu envie d'en finir pour cette raison.Elle était coriace celle-là, ses parents l'avaient bien choisie.
- Parler des autres et du reste ça me permet de ne pas m'en rappeler...
- Qu'est ce que tu veux dire par là ?
- Que je n'ai strictement rien à dire sur moi justement. Le pire c'est que je fais des efforts. J'essaye de trouver ce que je fous là. C'est super égocentrique mais je supporte pas d'être un vulgaire déchet, parmi d'autres. Et en même temps je veux pas non-plus gêner le passage, encombrer, polluer comme je le fais si bien depuis 18 ans déjà. Pas si je suis malheureux en retour. Je n'suis pas prêt à attendre qu'une personne innocente m'aide. Je laisserai pas ma peine et ma douleur déteindre sur les autres.
A ce moment, pendant un instant ses pensées se tournèrent vers Charlie, qui semblait s'être, pour une raison inconnue, accroché à un petit bout de lui.
- Je n'laisserai pas ça arriver. Alors je dois et j'ai trouvé la force de me hisser moi-même vers la poubelle...La fin. La fin du combat.
La paix. Juste la paix.
- Douce, sereine, vraie. finit-il
Le regard de son interlocutrice avait changé, il senti qu'elle avait réalisé des choses. Il se sentit entendu, toujours incompris mais un peu moins sous-estimé. C'était frais et moins râpant que d'habitude.
Elle l'encouragea du regard à aller jusqu'au bout de sa pensée.
- Au fond que les autres ne voient rien en moi c'est pas si terrible. Le problème c'est que moi je ne vois rien. Je suis une enveloppe sans lettre. Mon existence est vide de sens.
***
[pour la première fois je suis sorti du cabinet un peu soulagé et légèrement en retard]
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À nos chrysanthèmes
Lãng mạnBarnabé frôle la vie, Charlie frôle la mort. Pourtant Barnabé veut la mort, Charlie veut la vie. Barnabé rencontre Charlie, Charlie rencontre Barnabé. Barnabé trouve que Charlie est niais. Charlie trouve que Barnabé est triste. Mais Barnabé est vid...