II - Vox clamantis in deserto

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II, Vox clamantis in deserto « La voix qui crie dans le désert. »


Charlie 

Le lundi est généralement le jour le moins aimé de la semaine. Lui, il les aimait bien les lundis, il essayait de ne pas discriminer, ça devait être une forme de sagesse.

C'est vrai qu'avant avec la chimio, c'était assez facile, il les détestait tous plus ou moins. Les lundis, les mardis, les mercredis, les jeudis, les vendredis, les week-ends aussi. Ceux de mars, ceux d'avril, ceux de mai, après chaque semaine avec plus de douleur, après chaque dose les épaules plus affaissées par la fatigue.

La radiothérapie c'était différent, c'était plus dur d'être juste avec tout le monde. Il n'osait pas le dire, mais les mardis, les jeudis et les samedis étaient les plus dures. Le traitement était trihebdomadaire alors forcément ça faisait des jaloux.

C'étaient ces jours où il était cloué au fond de son lit, avec un peu de chance il pouvait sortir se dégourdir les jambes dans la soirée. C'étaient aussi les jours où il ne pouvait pas avoir de visite, raison de plus pour leur en vouloir.

- Charlie, tout va bien, pas de douleur inhabituelle ?, me demanda la docteur après m'avoir administré la dose.

Il opina de la tête négativement, tout allait bien. La porte claqua, se fermant sur sa solitude.

Tout allait bien.

Il s'était réveillé de sa sieste aux alentours de quatorze heures.

Il appela Gisèle, l'infirmière, feignant une douleur à la tête. Sauf qu'ils savaient bien tous les deux que ce n'était pas pourquoi il l'appelait. Il finit par réussir à la convaincre de faire une partie de carte.

  - Une seule, pas une de plus  

Il fallait qu'elle retourne travailler.

Il insista mais elle était têtue, c'est ça qui était bien avec elle. La carte de l'adolescent mourant ça ne marchait pas pour l'attendrir. Il avait l'impression d'être normal quand il était avec elle et qu'elle ne lui laissait rien passer.

J'avais une paire d'as, sans surprise, je l'ai laminé comme d'habitude.

 - Est-ce que tu connaitrais un Barnabé ?, il tenta avant qu'elle ne quitte la pièce.

 - Un patient ? Pas dans le département mais je peux me renseigner si tu veux, comment est-il ?

 - Je dirais qu'il a mon âge, il est grand, les cheveux et la peau brune, plutôt mignon... ajouta-t-il.

 - Ah ouais, t'es amoureux en faite ! s'esclaffa-t-elle.

Le truc avec Gisèle, c'est qu'elle avait l'habitude de tomber amoureuse toutes les semaines. C'était naturel pour elle d'imaginer que tout le monde était comme elle. Sauf qu'il n'avait pas largué Maël le mois dernier pour se mettre maintenant avec le premier venu.

Malgré le léger gout amer que lui avait laissé sa première rencontre avec Barnabé, qui était inexorablement bizarre, il était dans un hôpital, il ne pouvait pas avoir de trop hautes attentes en amitié.

Et puis, il était sûre qu'ils pourraient passer du très bon temps ensemble.

Au moins les jours où j'étais scotché à l'hôpital et je ne pouvais pas sortir voir mes amis.

 - Il t'a dit pourquoi il est à l'hôpital ? reprit-elle d'un ton plus sérieux

  - Aucune idée, mais je ne pense pas qu'il réside ici 

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