IX, Cacoethes scribendi « Soumis à un urgent besoin d'écrire. »
Barnabé
[on a beau dire que les suicidaires sont malades, n'importe qui sain d'esprit et un minimum exigeant sent bien que le bonheur n'est qu'une allusion. on peut bien remplir le trou béant qui nous sert d'âme, de plaisirs éphémères. mais l'humain n'est pas immortel, ça n'a aucun sens d'espérer quelque chose aussi propre et individuel comme le bonheur d'être immuable au même titre que l'univers
alors on peut dire qu'on est tous suicidaire parce qu'on est des êtres de désir condamnés à ne jamais être satisfait, yen a juste qui le nie plus que d'autres
je suis pas sure qu'il y ai des gens assez cons pour ne pas pouvoir réaliser a quel point la vie est tordue et n'a pas de sens
alors y'a ceux qui trouvent leurs salues la corde autour du cou, les autres les regardent d'en haut alors qu'ils ont la tête au niveau de leurs pieds sans vie, enfin libérés du fardeau de la vie. ces gens- là il choisissent de continuer de vivre, obéissant à leurs petites règles parce que c'est plus tranquille comme ça, à leurs petites routines parce que c'est moins fatiguant comme ça. tout ça en essayant désespérément de se persuader que ce sont les autres qui ne vont pas bien, qu'ils sont plus courageux d'avoir pris le très long chemin escarpé sur le flanc de la falaise, en regardant un gamin déraisonnable d'un œil mauvais se jeter de la falaise a l'eau, car il faisait trop chaud pour lui là-haut. enfaite, ils ont surtout peur de l'impact avec l'eau. sera-t-elle salée ou douce ? sera-t-elle tiède ou glaciale ?
je me demande souvent si tout le monde se sentait vide de l'intérieur et en même temps prêt a imploser a tout moment, traversé par des tempêtes soudaines et incontrôlables ?
Peut être qu'en fait, non...
et puis même si c'était pas moi le problème, même si c'était moi qui avais un problème avec la vie, est-ce que ca m'empêchait de vouloir en finir ?
l'idée de me sentir berner toute ma vie pour ne finalement même pas pouvoir choisir ma mort me repulsait. pas nécessairement une tragique, théâtrale ou je ne sais quoi comme connerie, juste avoir la satisfaction d'avoir eu le contrôle au moins une fois.
on était tous dans l'illusion qu'on avait choisi de vivre, choisi de se battre, mais c'est faux on avait juste peur de mourir, c'était pas si compliqué en fin de comptece bout de moi qui me faisait vivre l'enfer, je l'avais appelé Sora qui vient de sora o saku, et signifie déchirer le ciel en japonais. je ne voulais pas appeler ça dépression, Dan ou Deb comme ces bandes d'ados qui jouent à se tailler les veines pour faire les gros durs ou les filles tiraillées de l'intérieur, ou je ne sais pas quels autres surnoms horribles et ridicules
je n'étais pas dépressif, je ne croyais pas en de telles choses. oui ça arrive les, si bien nommés, coups de déprime mais en arrivant à un tel point de désespoir, celui de non-retour, ce n'était plus une maladie
une maladie ça se soigne, une maladie, ça a une cause, une maladie ça te tue à petit feu ou parfois brutalement
je n'étais pas malade, j'étais simplement moi. trop moi ou pas assez. pas juste comme il faut j'imagine.
c'était pas si comme j'avais attrapé un rhume. chez moi, c'était tellement ancré qu'il n'y avait aucune cause à par mes pensées tourbillonnantes. je ne pouvais pas m'en défaire, les psy devraient le savoir
j'étais toxique pour moi-même, c'étais moi qui me tuais à petit feu, et tout ce que je voulais c'était que ce soit brutal
plus de souffrance
plus à attendre
juste la paix
le douce paix
VOUS LISEZ
À nos chrysanthèmes
RomanceBarnabé frôle la vie, Charlie frôle la mort. Pourtant Barnabé veut la mort, Charlie veut la vie. Barnabé rencontre Charlie, Charlie rencontre Barnabé. Barnabé trouve que Charlie est niais. Charlie trouve que Barnabé est triste. Mais Barnabé est vid...