VIII, Vade in pace « Va en paix. »
Charlie
Il n'arrivait pas à détacher son regard du corps paisible de Barnabé. Il imaginait une goutte glisser le long de ses courbes et en explorer chaque recoin.
Barnabé était un mystère. Sans majuscule, sans fioritures mais avec pas mal de problèmes et des questions sans réponses. Avait-il seulement les réponses ?
Depuis la veille, première sur la longue liste qui trônait dans sa tête depuis leur rencontre : pourquoi avait-il voulu l'embrasser ? Ce n'était pas que l'idée de ses lèvres le répugnait mais cela n'avait tout bonnement aucun sens.Il avait décidé d'ignorer son esprit, siège de l'ébullition de ses interrogations malsaines. Il avait conscience que Barnabé n'allait probablement garder aucun souvenir de ses agissements de la veille. Il s'était forcé à conclure que l'alcool suffisait à expliquer ce dérapage et qu'il n'était plus nécessaire de se torturer l'esprit à comprendre le pourquoi du comment de tout ça.
Le matelas remua. Son rythme cardiaque galopa, dans la panique il ferma les yeux. En entendant ses pas lourds quittant sa chambre, il réalisa que son invité n'avait probablement aucune idée de l'endroit où il avait passé la nuit, et qu'il était seul dans sa cuisine, son cerveau au bord de l'implosion.
Cette pensée lui avait donné la force de sauter de son lit. Il trottina gauchement jusqu'à la cuisine, là ou Barnabé s'était réfugié.
- T'étais bien déchiré hier soir, je me suis dit qu'il valait mieux que tu passes la nuit ici plutôt que chez toi.
Le brun se massait les tempes, essayant de masquer sa grimace de douleur.
- Tiens, bois ça
Il but le verre d'eau, avala le médicament et afficha un semi-sourire voilé.
- Tes parents sont pas là ? Ça aurait été bizarre qu'ils me voient débouler de ta chambre non ?
- Ca n'aurait pas été la première fois que mes parents voient débouler un garçon de ma chambre, si tu vois ce que je veux dire... ils auraient posé des tonnes de questions gênantes mais c'est tout. Et puis, je ne vis plus chez eux depuis un an, donc de toute façon pas de soucis de ce côté-là."
Ça toujours été délicat, choisir le bon moment pour apprendre son homosexualité à un interlocuteur. C'était ça le plus détestable dans cette société, toute gentille, toute tolérante, mais parce qu'il n'était pas efféminé, qu'il n'exposait pas sa sexualité à tout va ou pour n'importe quelle raison, quelle qu'elle soit, les gens supposaient toujours à tort qu'il était hétéro. A cause de ça, il se retrouvait toujours à avouer un truc dont il n'avait pas honte, qui avait peu d'importance à ses yeux et ceux du monde car après tout ça n'intéressait personne de savoir avec qui il pouvait coucher...
J'en ai pas voulu à Barnabé d'avoir présumé une orientation qui n'était pas la mienne, parce que j'ai appris à plus accorder d'importance à ce genre de choses. On finit rapidement la corde au cou sinon.
- Ah ouais ? Je pensais pas que tes parents te laissent vivre tout seul, avec ta connerie dans le sang, mes parents ne voudraient jamais !
Bon, à défaut d'être hétéro normatif, Barnabé n'était pas homophobe.
- C'est dans la lymphe et pour ta gouverne je vais avoir 22 ans et je vais mourir du cancer, tu as 18 ans et tu veux mourir, on n'est pas dans la même situation quand même.
- "Pour ta gouverne", il se moqua
- T'es au courant que ta répartie est vraiment toute pétée ?
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À nos chrysanthèmes
RomanceBarnabé frôle la vie, Charlie frôle la mort. Pourtant Barnabé veut la mort, Charlie veut la vie. Barnabé rencontre Charlie, Charlie rencontre Barnabé. Barnabé trouve que Charlie est niais. Charlie trouve que Barnabé est triste. Mais Barnabé est vid...