VI, Si vales valeo « Si tu vas bien, alors je vais bien »
Charlie
Au départ, il pensait que Barn l'attendait, mais comme il pense trop, il pense souvent mal. Enfaite le brun attendait plutôt quelque chose qui ne viendrait pas, comme la pluie en plein mois de juillet ou le marchand de sable au petit déjeuner.
- Je dois aller garder mon cousin, je vais pas rester longtemps
Il y avait de ces jours, il aurait dit la moitié du temps, où Barnabé n'était pas bavard.Il l'a ignoré, c'était un de ces jours.
- Tu peux venir avec moi, a-t-il tenté.
- Il est sympa ton cousin ?, a répondu l'adolescent après un certain temps.
- C'est un gamin de quatre ans
Il a plissé les yeux, c'était sa façon d'accepter.
- Il s'endort super vite une fois qu'il a eu son histoire ! s'est-il empressé d'ajouter avant qu'il ne change d'avis.
- Ok...
- Sérieux ?
- Sérieux.Après avoir récupéré Priam, Il laissa son cousin jouer quelque temps pour aller retrouver Barn, les cheveux dans l'herbe fraîche et les yeux dans le vague. Les premières fleurs de la saison pointaient leur nez dans ses boucles brunes.
- T'es couronné de fleurs. Si ce n'est pas ce qu'il te faut sur Terre je ne te comprends pas.
Il releva les yeux, intrigué par ces paroles à la fois niaise et poétiques.
- Les seules fleurs qui m'auront seront sur ma tombe.
Je me suis installé à côté de lui. J'étais un peu intimidé, je n'avais toujours pas compris pourquoi il avait accepté de passer du temps avec moi.
Les dernières fois étaient toutes des concours de circonstances. Ca ne le rendait pas vraiment malheureux cet enthousiasme à sens unique, pour une fois il avait plus peur de se faire mal que de blesser quelqu'un d'autre.
Il en fallait plus pour l'abattre tout de même.
- La maintenant tout de suite t'aimerais être quoi ?
Ne dis pas mort s'il te plait...
- Je sais pas, pas moi en tout cas
- Pourquoi tu te détestes tant ?
- C'est pas que je me déteste, je sais juste que je peux pas être heureux. La plupart des gens se raccroche à des choses, plus ou moins superficielles pour se rapprocher de cet idéal que serait le bonheur. Moi j'y arrive pas. Ou j'y arrive plus en tous cas.
Une fois chez sa tante, Priam insista pour que ce soit Barnabé lui raconte une histoire. Ce dernier réfléchi pendant une bonne minute, se racla la gorge et commença d'une voix mystérieuse pendant que Charlie allait chercher un verre d'eau dans la salle de bain en face. Il entendait par la porte ouverte " l'histoire toute bête, toute simple, sans fioritures et avec de belles pourritures" c'était comme ça que Barn avait intitulé son conte pour enfant."C'est l'histoire du P'tit Chaperon Rouge, sanglant de la tête aux pieds, qui se baladait avec une hache dans la main et la peau du loup dans l'autre.
En se promenant, il est tombé sur la Belle au bois dormant qui venait tout juste de se réveiller d'un sommeil de cent ans.
Notre belle blonde tirait ses trois bambins derrière elle, cherchant sans doute le père, sans se douter que celui-ci s'était déjà fait bouffer par un dragon. Elle marchait sans savoir où elle mettait les pieds dans le noir d'encre de la nuit, prise d'une peur bleue.
Jusqu'à ce qu'elle marche sur un chaperon.
Le P'tit Chaperon Rouge, vert de rage, s'est tourné vers elle, levant sa hache,
Et -
Oh miracle, il est tombé sous le charme de son joli minois. Il en est même devenu tout rose ce con.
Faut dire qu'elle était belle, notre belle blonde.
Alors plutôt que de la trancher du crâne à la hanche, il lui a vidé les entrailles, shlass, l'a remplie de petits cailloux et -merde ce qu'elle était lourde - l'a ramené chez lui pour faire la déco.
Il a ciré sa poupée humaine, la figeant dans la glace pour l'éternité et tous les jours il allait caresser ses joues, tendres pêches, et embrasser ses lèvres décolorées.
Ils vécurent silencieusement et mangèrent beaucoup d'enfants"
Priam dormait à poings fermés, il espéra qu'il n'avait pas tout compris. Il ne voulait pas de problèmes avec sa tante.
Il l'applaudit en silence et ils partirent s'installer dans le salon.
Il posa sa tête contre l'épaule de son voisin. Les battements du cœur de ce dernier pulsant contre son oreille se sont légèrement accélérés. Ça le rassura que ce geste ne soit pas anodin pour lui non plus.Le brun tourna la tête vers lui. Il était paralysé, un liquide froid et bourdonnant avait pris possession de ses muscles. Il était terrorisé par cette main qui se posait délicatement sur sa nuque. Il essaya d'ignorer les petits ronds que caressaient ces doigts frôlant la racine des ses cheveux.
Il était pris d'une douce torpeur qui aurait pu durer plusieurs éternités.
C'était surement ça la magie de la vie. Ces petits moments de bonheur doux qui semblent pouvoir être infinis et pourtant si courts, sans lendemains nécessaires.
Il leva les yeux vers celui à l'origine de sa béatitude, lui aussi semblait satisfait. Ce n'était pas qu'une impression, cela émanait de son corps qu'il était juste bien. C'était déjà beaucoup pour lui. C'était encore plus doux de sentir l'ombre de son léger sourire sur lui.
Je me suis dis que dans ma courte vie, je me contenterais bien d'une succession de plaisirs brefs comme mon souffle coupé par les mains de Barnabé sur mon cou frêle.
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À nos chrysanthèmes
RomanceBarnabé frôle la vie, Charlie frôle la mort. Pourtant Barnabé veut la mort, Charlie veut la vie. Barnabé rencontre Charlie, Charlie rencontre Barnabé. Barnabé trouve que Charlie est niais. Charlie trouve que Barnabé est triste. Mais Barnabé est vid...