Hélène Et Le Monde D'en Bas [EN PAUSE]

Chapitre 14 : Manger ?

Hélène ouvrit les yeux. Elle avait donc réussi à s'assoupir. Depuis combien de temps dormait-elle ? Elle n'était d'ailleurs même pas certaine d'être entièrement éveillée dans toute cette histoire. L'hypothèse selon laquelle elle se trouverait dans le coma à la suite de l'incendie et qu'elle rêverait lui semblait la plus plausible de toutes.

Elle se pinça à l'avant bras et ressenti une vive douleur. Avait-on mal dans un rêve ?

Son regard retomba sur la gourmette de l'inconu. Alexandre, né le vingt-et-un mars. Elle effleura la petite pierre bleue du bracelet et soudain, réalisa qu'elle était en possession de 2 saphirs : un sur son médaillon doré, un autre sur la gourmette argentée.

Les instructions de la femme rouge avaient pourtant été bien claires : les humains n'avaient le droit de ne posséder qu'une seule pierre précieuse au maximum. De toute évidence, il était illégal de garder en sa possession le bracelet de ce mystérieux Alexandre.

Devait-elle le rendre à un garde ? Hélène, terrifiée à l'idée d'être arrêtée à cause d'un bracelet, préférait s'en débarasser au plus vite pour éviter le maximum d'ennuis.

Oui, l'idée lui convenait bien : dès que le garde viendrait à nouveau la chercher, elle lui rendrait la gourmette afin d'avoir la conscience tranquille.

Elle entendit des pas dans le couloir. Bientôt, une trappe dans la porte métallique s'ouvrit, et une main passa à travers l'ouverture pour déposer un plateau repas sur le sol. La jeune fille n'eut même pas le temps de réagir que la main disparut et la trappe se referma. Hélène avait cependant eu le temps de discerner la couleur de la peau : blanche. C'était donc un humain qui avait déposé le plateau repas.

Elle se rendit compte qu'elle avait vraiment faim, et s'avança vers le plateau, pour admirer l'assiette de saumon accompagné de riz à la crème, qui lui paraissait délicieuse. De plus, la jeune fille aperçut un verre d'eau, une tranche de pain aux noix, un morceau de fromage ainsi qu'une grappe de raisin rouge.

Hélène fut incroyablement surprise par ce plateau si appétissant.

Mais avant de s'emparer de ses couverts, la phrase d'Alexandre lui revint en mémoire "ils te mentent tous".

La nourriture serait-elle empoisonnée ?

Pourtant, c'était bien la main d'un humain qui lui avait apporté ce plat si alléchant. Mais d'un autre côté, si les conditions de vies étaient aussi précaires dans ces cachots, pourquoi leur donner des plats aussi riches ?

Elle hésita longuement, tout en se répétant l'avertissement.

"Ils te mentent tous"

Le jeune homme avait-il mentionné spécifiquement les Maîtres ? Qui désignait-il par ce "tous" ? Et lui, fallait-il le croire ?

Après tout, peut-être s'agissait-il d'un simple prisonnier, fou à lier et auquel il vallait mieux ne pas préter attention...

Dans le doute, elle se contenta de boire le contenu du verre d'eau mais ne toucha pas au reste de la nourriture.

*

Hugo attendait impatiemment depuis un long moment déjà.

Il était dégouté. Le premier homme rouge l'avait enlevé, battu et mutilé, la seconde femme l'avait soigné et rassuré, et le troisième maître lui annonçait qu'il devrait "travailler". Mais il était mineur ! Aux états-unis, il aurait été protégé jusqu'à ses vingt-et-un ans...

Le pauvre garçon s'affala sur sa couchette sur le dos. Comment pourrait-il sortir de là ?

Il observa la faible ampoule qui brillait au plafond. Il se leva se hissa sur la couchette afin de mieux l'atteindre. Il approcha sa main. L'ampoule était chaude mais pas brûlante. En réalité, il constata que, malgré son aspect piriforme classique, l'ampoule en question était différente de celles commercialisée. En effet à l'intérieur, il ne s'agissait pas d'un fil qui s'illuminait, mais d'une pierre.

Le garçon tâtonna sur tous les murs à la recherche d'un interrupteur. Il regarda sous la couchette, dans tous les coins, au plafond, mais aucun système ne permettait d'éteindre ou d'allumer l'ampoule.

Soudain, une trappe s'ouvrit dans la porte et un bras passa un plateau.

Hugo n'hésita pas une seconde et se précipita vers l'ouverture.

- Attendez ! Cria-t-il. Ne partez pas !

Mais hélas la main se retira avant qu'Hugo n'eût pu l'atteindre et la trappe se referma. Il tambourina de toutes ses forces mais personne ne lui répondit.

Il porta alors son regard vers le plateau. Du poisson avec du riz. Lui qui était de nature à aimer les repas, ce plat améliora son humeur.

Contrairement à Hélène qui jugeait plus prudent de ne pas y toucher, Hugo ne se posa pas la moindre question et entreprit d'avaler goulûment le contenu de cette appétissante assiette...