Chapitre 5 : Dans l'obscurité

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Une lumière rouge, une chute interminable. Puis, le noir absolu.
Hélène ouvrit les yeux. Il faisait sombre, là où elle était. Mais quel était cet endroit ? Peut-être n'existait-elle plus ? Elle se redressa, attendit que ses yeux s'habituent à l'obscurité puis regarda autour d'elle. Elle était sur une paillasse, dans une petite pièce aux murs de pierre, sans fenêtre. Un cachot probablement. A peine plus large que la maigre paillasse en pierre. Mais surtout, elle était seule.

Elle sentait tous les membres de son corps, lourds et tremblotants. Sa gorge piquait et elle remarqua que sa main droite portait la trace d'une vive brûlure.

Elle tenta de se souvenir... Le feu, l'incendie. Elle était prise au piège dans son lycée, puis il y avait eu cette fenêtre, bloquée, et après... cet homme, dans les flammes, qui leur avait lancé une pierre. Ensuite, plus rien. Elle revoyait très vaguement un éclair rouge, elle avait eu cette impression de chuter indéfiniment et... plus rien, encore une fois.

Et où étaient passés ses camarades de classe ? Tout le monde était sortit sauf... Qui y restait-il, déjà ? Agathe, Charlotte Deauville, Olivier Lambert, le pompier ainsi que leur professeur. Où se trouvaient-ils ?

Où était-elle ?

Elle se leva et arpenta la pièce. Elle était close par une lourde porte métallique, sans poignée ni verrou, nichée dans l'épais mur de pierre lisse.
Elle ne savait pas combien de temps elle était restée endormie. Etait-ce le jour ou la nuit ? De quel date ?
Maintenant qu'elle avait pris conscience de la situation, la peur commença à s'emparer d'elle. A la fois oppressée par l'enfermement et effrayée par le souvenir des flammes angoissantes, elle voulait hurler de toutes ses forces mais en même temps désirait se cacher, de peur d'attirer l'attention de l'homme étrange.

***

- Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Hugo se releva tant bien que mal de sa chute. Il tenta de discerner quelque chose dans l'obscurité, certainement due à une panne d'électricité.

- Bonni ? T'es là ?

Hugo cligna des yeux et tâta le mur. Ceux du lycée étaient censés être peints, et pourtant il ne touchait que de la pierre nue, lisse et étrangement chaude. Quand les pupilles d'Hugo furent bientôt adaptées à la faible luminosité, il découvrit le minuscule cachot dans lequel il se trouvait, et manqua de retomber aussitôt.

- Bonni, c'est quoi cette blague ? s'affola-t-il.

C'est alors que le souvenir de la créature spectrale lui revint. Il secoua la tête et se dirigea vers la porte massive pour tambouriner dessus.

- A l'aide ! Ouvrez-moi !

S'agissait-il d'un cauchemar ? Peut-être était-il encore au milieu de ce rêve où il était parvenu à voler... Oui, c'était certainement cela. Ou alors on lui infligeait une épreuve spéciale. On l'enfermait dans un cachot pour qu'il prouve sa faculté à s'extirper d'une mauvaise situation. Peut-être même qu'on le filmait ! Hugo rassembla tout son courage et inspecta la porte, à la recherche d'une serrure.

Il examina chaque recoin de la pièce, pensant y découvrir une trappe ou une ouverture quelconque. Il frappa même sur chaque pierre pour en éprouver la solidité.

Mais aucun de ses efforts ne fut récompensé. Hugo resta là, tout seul, dans le noir.

***

Elle entendit un cliquetis et la porte s'ouvrit ; Hélène sursauta et se réfugia sur sa paillasse. Un homme, qu'Hélène reconnut immédiatement comme étant celui des flammes, entra. Affolée, elle songea à une technique de sortie et se entreprit d'étudier rapidement la porte entrouverte, puis son regard revint vers l'étrange individu. Sans flammes autour, Hélène put l'observer plus attentivement. Et il le fallait bien car cet « homme » n'était pas, pour ainsi dire, humain.

Tout d'abord, Hélène fut frappée par sa peau, qui rougeoyait comme du fer incandescent. Il avait de longues griffes, des dents pointues et des oreilles étrangement plates, comme absentes. Il n'était pourtant pas laid. Effrayant, certes, mais pas laid. De son allure presque irréelle se dégageait même une certaine beauté et un charme particulier. Il s'agissait d'une nouvelle créature, ignorée des contes de fée et toute mythologie. Outre son charisme inattendu chez un être de la sorte, Hélène fut stupéfaite de constater que ce « demi-homme » à l'allure cruelle et maléfique n'avait absolument rien d'animal, car il pensait. Oui, il pensait, il réfléchissait, et Hélène n'en doutait pas.

La jeune fille sentit des frissons de reprendre dans tous des membres. Qu'allait-on lui faire subir ?

L'homme à la peau rouge flamboyante s'approcha d'elle, et la fixa un long moment, pendant laquelle Hélène n'osait ni bouger ni émettre un son. C'est alors que la créature mi-homme, mi-démon prit la parole :

- "Ça va mieux" ?

Hélène Et Le Monde D'en Bas [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant