Chapitre 6 : Un lieu bien singulier

617 77 25
                                    

- Comment te sens-tu ? Répéta l'homme.

Surprise, Helene balbutia :

- Heu... Ça va mieux, oui.

- Tu as eu de la chance, nous sommes intervenus à temps. Une minute de plus et les flammes envahissaient la salle.

Comment cela, "intervenus à temps" ? Cet homme à la peau rouge l'aurait-il donc sauvée ? La jeune fille se sentait perdue. N'ayant pas la moindre idée de ce qu'il lui était arrivé en réalité, elle fut incapable de décider s'il fallait le croire ou non.

- Excuse-nous cette chambre peu accueillante, reprit l'homme. Nous manquons de moyens et vous êtes très nombreux à avoir vécu un incendie.

Hélène jeta à nouveau un œil à la pièce dans laquelle elle se trouvait. Non, vraiment, jamais elle n'aurait appelé cela "une chambre". L'homme était vêtu d'une longue cape noire, d'une matière indiscernable. Il avait vraiment une allure effrayante, mais pourtant le timbre de sa voix détonait tout le contraire de son apparence.

- Suis-moi, si tu veux bien, reprit l'homme. Nous avons quelques détails administratifs à régler, juste une broutille.

- Je vais rentrer chez moi après ?

La jeune fille songeait à l'aventure qu'elle pourrait raconter à Agathe. D'ailleurs, peut-être elle aussi vivait-elle la même chose en ce moment même...

- Oui, très bientôt, promit-il.

Hélène se sentit alors soulagée, et extrêmement reconnaissante.

- Mais avant, je répète, il faut juste aller régler quelques détails administratifs. Et te laver, aussi.

Cette déclaration eut pour effet de rendre la jeune fille extrêmement honteuse. Elle passa sa main au sommet de son crâne, qu'elle découvrit graisseux, comme si elle ne s'était pas lavée depuis une semaine. En outre, sa peau était recouverte d'une fine pellicule de poussière et une crasse noirâtre incrustait ses ongles.

- Depuis combien de temps suis-je ici ? demanda-t-elle avant de se lever de sa paillasse.

- La notion du temps est une chose bien relative, et différente en fonction des individus. Dans notre monde, une semaine peut s'écouler plus rapidement qu'une journée, si nous savons l'occuper de manière astucieuse.

- Je ne suis pas sûre de comprendre...

- Tout s'éclaircira très vite, je te le promets. En attendant, voudrais-tu me suivre, s'il te plait ?

Dubitative, Hélène accompagna donc le garde à l'allure mi-homme, mi-démon, qui finalement, ne semblait pas si inhumain.

*

Hugo s'était donc résigné à attendre, assis sur sa paillasse, qu'un événement se produise. Bientôt, il perçut un cliquetis et la porte métallique s'ouvrit. Sur la défensive, le jeune garçon se mit sur pieds immédiatement.

L'homme était le même que celui qui se trouvait dans le couloir du lycée. De longues canines dépassaient de ses lèvres fines et sa peau flamboyait.

Hugo s'attendait à ce qu'il lui lance à nouveau une pierre rouge qui ferait jaillir un éclair de la même couleur, mais à sa grande surprise, la créature maléfique prit la parole :

- Ça va mieux ?

Un peu étonné d'une telle question, le garçon ne se laissa pas déstabiliser pour autant.

- Non ça va pas mieux, qu'est-ce que je fous là ?

- Du calme, nous t'avons sauvé de l'incendie.

Hélène Et Le Monde D'en Bas [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant