Hélène Et Le Monde D'en Bas [EN PAUSE]

Chapitre 2 : En cours de français

Arrivée à son lycée, qui était un bon établissement de la ville bordelaise, Hélène rejoignit une de ses meilleures amies. Agathe Joly était une fille blonde aux yeux gris, souriante et pleine de vie. Cette jeune fille présentait un caractère un peu plus marqué que celui d'Hélène et prenait la vie plus à la légère. Les deux amies se dirigèrent vers leur salle de cours.

- Tu as regardé les infos hier ? commença Agathe tandis qu'elles gravissaient les marches des trois étages.

- Non, pourquoi ?

- Il y a eu des incendies dans Bordeaux. Dans plusieurs collèges et lycées.

- C'est vrai ? C'est bizarre, on n'a vu aucune fumée dans le ciel. Un incendie ne passe pas inaperçu...

- Je crois que le feux à été maitrisé assez tôt, et heureusement ! Mais la police suspecte des incendies volontaires...

- C'est horrible ! Mais qui voudrait faire ça ?

- Tu sais Hélène, il y a beaucoup de gens qui n'aiment pas l'école...

Intriguée, la jeune lycéenne rentra en classe de français.

- Bien, commença l'enseignante. Je vais vous rendre vos dissertations du mois dernier. J'ai quelques éléments de correction à apporter. Je vous rappelle l'intitulé du sujet « Attendez-vous d'un personnage de roman qu'il soit un héros au destin extraordinaire ? » Attention au hors-sujet. Nous allons corriger tout ça.

Elle entreprit ensuite de rendre les copies, rangées dans l'ordre décroissant de réussite.

- Charlotte, votre dissertation était excellente, comme d'habitude. Votre troisième partie était intéressante, vous auriez pu encore mieux la développer. Dix-sept sur vingt.

Hélène se retourna pour observer la personne en question. Charlotte Deauville, droite et fière, saisit sa dissertation. Il s'agissait d'une fille au regard noir et aux cheveux sombres, très longs et entièrement lissés. Première de la classe, l'objectif pur de Charlotte était la perfection et la domination. Mais au delà de ses notes excellent, elle se détachait largement du stéréotype dit « intello » grâce à ses facultés d'approche envers le sexe opposé. Car oui, Charlotte était belle en plus d'être intelligente. Cependant, son égocentrisme caricatural restait l'élément qui la définissait le mieux.

Hélène ne put s'empêcher de réprimer un agacement en voyant la jeune fille sourire fièrement. Elle devait l'avouer, elle aussi était un peu envieuse de la réussite de Charlotte. Hélène, qui se souvenait avoir passé du temps sur sa dissertation, stressait pour obtenir une note assez correct.

- Psst, Hélène !

Elle se retourna. Olivier, un jeune garçon très grand et très mince pour son âge, semblait lui donner quelque chose. Olivier Lambert était le genre de personne discrète qui ne cherchait jamais à se faire remarquer. Le garçon brun aux yeux verts paraissait en effet toujours perdu dans ses pensées. Outre un physique assez particulier, il portait un grand intérêt aux nouvelles questions d'écologie et de développement durable. Bien qu'il n'en connût pas la définition exacte, il aimait ses réflexes de protection de l'environnement. Peu de personnes partageaient ses opinions, ainsi Olivier était perçu par ses camarades comme un gentil garçon, certes, mais assez singulier.

- C'est à toi ? demanda-t-il. Je l'ai trouvé sous ta chaise.

Hélène saisit l'objet qu'il lui tendait, et écarquilla les yeux. C'était une bague. Mais quelle bague ! Lourde, en or massif, elle présentait une énorme émeraude lumineuse taillée en cabochon. Il s'agissait d'une véritable relique, que l'on ne trouve que dans les musées ou bien parmi les vieux bijoux de famille.

- Agathe, souffla la jeune fille à sa voisine. Regarde ça !

- C'est quoi ? Wouah ! Mais d'où ça sort ?

- Mesdemoiselles Joly et Garden, retournez-vous je vous prie, réprimanda le professeur.

Aussitôt, Hélène se redressa et rendit la bague à Olivier. Elle n'appréciait pas être interpellée de la sorte.

- Hélène Garden, voici votre copie. Treize sur vingt. Ce n'est pas mal mais vous manquez d'arguments concrets pour illustrer vos propos. Pensez à élargir votre culture littéraire. Olivier Lambert, dix sur vingt. C'est moyen, vous devez apprendre à structurer vos pensées. Dans une dissertation, je ne demande pas votre avis personnel, mais une réflexion construite. Agathe Joly, sept sur vingt. Le travail a été bâclé.

- N'importe quoi ! S'exclama la jeune fille. J'ai passé une heure et demie dessus !

- C'est bien ce que je disais, reprit l'enseignante. Vous n'avez pas assez travaillé.

Frustrée, Agathe plia son devoir en deux et le jeta dans son sac à main.

- Toute façon j'ai jamais aimé le français, râla-t-elle. Olivier, tu peux me remontrer la bague ?

Hélas, la réponse du garçon fut masquée par une soudaine sonnerie stridente, très caractéristique : l'alarme incendie.