Chapitre 10 : La vipère

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Les jambes tremblantes, Hélène tenta de réfléchir. Que faire face à un tel animal ?

Le reptile, noir cerclé de rouge, sifflait tout en rampant rapidement vers elle. Hélène se mit à imaginer les conséquences si l'animal la mordait. Elle serait propablement paralysée, elle sentirait le venin se répandre en elle, engourdir peu à peu tous ses membres... Mais après tout, se reprit-elle, peut-être n'était-il pas venimeux.

Cette idée la rassura et elle tacha de maîtriser ses tremblements. A cet instant, une idée lui vint. Elle monta rapidement sur le bureau de pierre, s'éloignant davantage de l'animal.

Soudain, la porte s'ouvrit en grand et un éclair rouge jaillit en direction du serpent. La jeune fille sursauta et manqua de chuter du bureau.

- Tu peux redescendre, le serpent a été neutralisé.

Hélène s'assit prudemment sur le meuble, puis posa les pieds au sol. La femme rouge était intervenue à temps.

- Merci... C'était quoi comme serpent ?

- Une vipère hémérienne. Cette espèce n'existe pas dans ton monde, bien que certaines y ressemblent fortement. Ces serpents peuvent traverser les flammes sans problème et leur contact t'infligerait une brûlure bien pire qu'un contact avec notre peau à nous.

- Il n'est pas venimeux ?

- Oh si, mais sa peau est son arme la plus dangereuse. En réalité, son venin est même un remède inpeccable en cas de brûlure par un serpent.

- Le venin soigne les brûlures ?

- C'est ça. Mais pour se le procurer, il faut d'abord attraper l'animal, ce qui est impossible. Même nous les Maître sommes blessés par contact avec ce serpent.

- En tout cas, merci encore, murmura la pauvre rescapée, tachant de se remettre de ces émotions.

En effet, elle sentait encore son coeur battre la chamade et le bout de ses doigts tremblait toujours un peu.

- Il me faut maintenant m'occuper de toi, annonça la femme Maître.

- Qu'est-ce qu'il s'était passé, à côté ?

Elle sembla hésiter à répondre, puis finalement avoua :

- Un collègue à moi a maltraité un de ton espèce. C'est un anti-humain. Malheureusement, il existe encore des Maîtres comme lui à Héméra, détestant les humains et regrettant l'époque où les Maîtres maltraitaient votre espèce.

- Vous maltraitiez... mais comment cela ?

- Oui, mais je te le répète : c'est du passé. Je refuse de t'expliquer cela plus en détail pour le moment. Pour moi, l'oubli est la meilleure des solutions afin d'éviter la guerre.

- Pourtant tous les Maîtres ne pensent pas comme vous, si j'ai bien compris.

- C'est la triste réalité. A cause de gens comme mon collègue, les humains nous détestent encore et sont prêts à tout pour nous éliminer. Mais assez parler de ça. Il faut que tu te changes, et surtout : que tu te laves.

Hélène leva son bras et huma effectivement la rude odeur de transpiration émaner d'elle. Ses cheveux était encore plus gras que tout à l'heure et elle n'osa même pas sentir son haleine. Elle eut honte de son apparence, face à la créature aussi distinguée qu'effrayante qui se trouvait devant elle.

C'est donc avec grande plaisir qu'elle accueillit l'idée d'une bonne douche.

- Il y a une salle de bain ici ? se réjouit-elle.

- Pas exactement. Nous les Maîtres, ne supportons pas l'eau. Nous avons donc d'autres méthodes pour nous laver.

Sans plus d'explications, la femme ouvrit un tiroir dans le bureau et en extrayit un grand bocal au contenu très étrange.

- De la poussière ? s'étonna la fille.

- Non, de la cendre. Je vais sortir de la salle pour te laisser un peu d'intimité. Pendant ce temps, je veux que tu te déshabilles et que tu te recouvres entièrement de cendre.

- Heu, et ensuite ?

- Ensuite tu verras bien, promit la femme rouge. Voici tes habits de rechange. Je suis désolée s'il ne sont pas de toute beauté, mais le réglement chez nous exige une sorte d'uniforme.

En disant ces mots, elle lui présenta un petit tas de tissus pliés, gris, qu'Hélène n'arriva pas à identifier.

- Je te laisse, dit la Maître en quittant la salle.

Hélène se retrouva donc seule devant son bocal de cendre et ses vêtements gris.

***

- Bonjour, déclara l'homme rouge à Hugo. Je viens remplacer le Maître qui devait régler les détails administratifs avec toi. Malheureusement, j'étais déjà censé m'occuper d'un autre jeune humain. Ça ne te dérange pas si vous êtes deux ?

- Pas du tout, répondit Hugo.

Au contraire, il était ravi de pouvoir enfin apercevoir quelqu'un comme lui.

- Très bien, déclara le Maître. Tu peux entrer ! lança-t-il soudain.

La porte s'ouvrit et un garçon du même âge qu'Hugo entra. Il avait les cheveux brun et des yeux verts très brillant, mais surtout, il était très grand comparé à Hugo, qui se sentit tout petit. Hugo remarqua cependant que ce grand garçon était moins musclé que lui, et cette idée le rassura.

- Enchanté, mon nom est Oliver Lambert, dit-il.

Hugo fut surpris de cette élocution.

- Heu, salut, moi c'est Hugo Dawson.

- D'où viens-tu ? Toi aussi, tu as été sauvé d'un incendie ?

- De Boston, mais non il n'y a pas eu d'incendie chez nous. C'est un peu particulier, j'étais avec mon meilleur ami et d'un coup...

- Le Maître est apparu avant que l'incendie ne soit déclara, coupa l'autre Maître.

- De Boston ? reprit Olivier. Moi je viens de Bordeaux. Tu parles très bien français dis-moi ! Tu es dans une école française ?

Hugo fronça les sourcils.

- Excuse-moi, je parle anglais là. Et toi aussi. J'ai jamais parlé aucune autre langue de ma vie.

- Non, impossible, contredit Olivier. Moi-même, je suis très mauvais en langue. Nous parlons français, en ce moment même.

- Tu te fous de moi ? s'énerva le jeune américain.

- Mais... Non, je t'assure !

Les deux garçons se regardèrent dans les yeux, chacun cherchant à déceler si l'autre mentait.

Et pourtant, aucun des deux n'avait tout à fait raison.

Hélène Et Le Monde D'en Bas [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant