La disparition

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Kara était fébrile alors qu'il était dans les bains publics de l'aile Oméga du palais, il frottait sa peau avec un onguent à l'amande douce et sentait des petits papillons voleter dans son ventre. Il avait un rendez-vous avec Carsten, un repas juste entre eux deux. Il ne devrait pas avoir hâte mais pourtant, il le voulait quand même. Son bain terminé, il se sécha puis s'habilla, enfilant une longue tunique couleur de bronze et un pantalon aux tons doré vieillit, il chaussa des souliers chauds puis un manteau fourré. Dehors il faisait très froid après tout.

- Kara, attends !

Il se retourna et aperçu son ami Calywen se diriger à grandes enjambées vers lui.

- Tu allais partir sans me dire au revoir ?

- Je pensais que tu étais occupé avec Doyle.

- Non je le vois plus tard. Tiens je voulais te donner ceci, pour te porter chance.

Il lui tendit une petite amulette, qu'il indiqua avoir réalisée de ses mains. Kara n'en doutait pas, Calywen avait des doigts méticuleux contrairement à lui. Il le remercia chaudement puis après une courte embrassade, Kara quitta les lieux.

Traversant les jardins emplit de givre, il avait l'esprit ailleurs. Le vent était piquant, un vrai vent froid d'hiver. Cela lui rappela les hivers passés au village, quand il serrait contre lui les enfants plus jeunes pour leur tenir chaud, leur laissant sa part de couverture et parfois, sa part de soupe également. Une pointe de tristesse l'envahie. Allaient-ils bien ? Il l'espérait. Et surtout, il espérait qu'aucun d'eux ne soit un Oméga. Sa vie actuelle se passait bien mais toute la souffrance, la discrimination et le nouvel abandon que sa condition avait imposé, il ne le souhaitait à personne. Sa respiration faisait des volutes de brume dans l'air et il marchait l'esprit distrait. Bientôt, il verrait Carsten.


Le léopard attendait patiemment, les jambes solidement plantées dans la neige. Il portait un gros manteau avec un épais col de fourrure, le protégeant efficacement du froid. Il se devait d'offrir un rendez-vous parfait à Kara, espérant un rapprochement avec son beau blond. Le Millésime approchait à grands pas après tout. Pour le moment, ses parents n'avaient pas proposé une rencontre avec un nouveau candidat au mariage. Pour impressionner l'élu de son cœur, il avait fait préparer une calèche, fermée bien sûr, pour l'emmener manger dans un restaurant de la petite ville en contrebas, ville tenue par les Homme-bêtes c'est évident. Et il comptait lui offrir un cadeau. Rien de trop luxueux car il était sûr que Kara lui en voudrait ou serait gêné, non, juste un petit quelque chose qu'il avait vu et qu'il avait pensé que ça lui irait à merveille.

Une vingtaine de minutes de retard, ça faisait un peu long mais ça pouvait arriver. Il fit quelques pas dans la neige pour se dégourdir les pattes.

Une heure, il s'inquiétait vraiment mais si il partait du point de rendez-vous et que Kara arrivait, penserait-il qu'il l'avait laissé tomber ?

Deux heures. Il faisait très froid, la neige tombait à nouveau. Elle fondait sur sa fourrure, s'accrochant à son manteau. Ce n'était pas normal. Il le sentait au creux de lui, un problème était survenu. Où était Kara ? Il ordonna au cocher de rester là et de garder Kara si celui-ci finissait par arriver et quitta les lieux en vitesse. Il devait le chercher. Il devait le trouver.

La truffe au vent, il se concentrait sur les effluves environnantes pour le trouver. Il connaissait son parfum comme personne. Malheureusement, le froid ambiant couvrait énormément les odeurs. Il est plus facile de pister quelqu'un en été qu'en hiver. Les prédateurs sont handicapés par l'hiver. Ses moustaches étaient raides, sa posture nerveuse et ses yeux grands ouverts, tellement concentré qu'il avait la bouche entrouverte, goûtant autant l'air qu'il le sentait dans l'espoir de trouver une trace de son bien-aimé. La peur lui glaçait les entrailles et la panique lui serrait la gorge. Lui et Kara n'étaient pas encore liés et pourtant il était certain qu'une partie de la peur qui l'agitait n'était pas que la sienne. Il ne saurait l'expliquer et pourtant il en était sûr et certain.

Crocs et CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant