Un pas en avant

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Kara avait reçu des lettres avec des portraits dans les jours qui suivirent, visiblement le parent Oméga de Carsten avait tenu parole. Ces hommes-bêtes avaient effectivement l'air de provenir de bonnes familles. Cependant, il n'en avait cure. Son cœur avait été trop blessé par les manipulations de la famille du léopard et de ce dernier en personne. Il ne voulait pas se marier, il se fichait de réaliser un ancrage. Qu'est-ce que cela lui apporterait de toute façon ? A ce rythme, autant se raccrocher à un ancrage déjà existant, être la cinquième roue du carrosse ne le gênait nullement. Ce n'était là que sa place : en dessous du reste.
Il se traînait comme une âme en peine dans les couloirs du palais, il ne suivait plus vraiment les cours, exécutait ses tâches quotidiennes mécaniquement. Pourquoi ? Pourquoi être si triste pour un foutu léopard dont il n'avait jamais demandé l'attention ? Ils n'avaient jamais rien de partagé au final... Certes ils s'étaient fréquentés, un peu mais... pas vraiment, si ? Tout cela n'avait aucun sens, cette tristesse, cette douleur... Il jeta un coup d'œil à ces portraits. Devrait-il choisir ? En prendre un au hasard et envoyer une réponse juste pour que son enfer ce termine ?
- Kara ? Est-ce que tu es là ?
Il reconnu cette voix douce au timbre inquiet. Celle de son ami, son seul ami. Peut-être était-il un peu cruel car Doyle était sans doute un peu son ami aussi. Dans une certaine mesure.
- Je suis là Calywen.
Le brun s'approche alors et s'assit sur le lit à ses cotés. Sa main se posa sur la sienne, la serrant doucement.
- Kara, ça ne peut pas durer. Je ferais n'importe quoi pour toi mais tu ne m'aides pas à savoir ce qu'il te faut. J'ai bien tenté d'aller arracher les moustaches de ce gros matou mais Doyle m'en a empêché.
Il eut l'image de l'Oméga enragé poursuivant comme une furie le général Carsten pour lui « arracher les moustaches » et l'image le fit rire bien malgré lui. Le visage de son ami se détendit un peu à ce son. Puis il vit les portraits et renfrogna à nouveau.
- Ne me dis pas que tu comptes réellement répondre à ça ?
Il fronça le nez comme si les images dégageaient une odeur pestilentielle. C'était amusant, bien malgré lui encore une fois.
- Je ne sais pas, pourquoi pas ? Je suis un Oméga, ils sont Alphas. Et je serais le premier époux, je pourrais gérer la maison et j'aurais un bon statut. Ce n'est pas si mal pour un orphelin sortit d'un village au milieu de nul part.
- Tu ne vas pas te vendre pour une belle maison ?! Tu ne sais rien d'eux ! Être de bonne famille ne garantit pas un bon caractère, ils peuvent être violents ou simplement débiles !
- Débiles ?
- Oui enfin, c'est un exemple ! Je devrais jeter tout ce fatras.
- Ces documents ne t'appartiennent pas.
- Je sais mais... Je ne peux pas Kara, je ne peux pas te laisser faire n'importe quoi. Je t'aime Kara, c'est plus fort que moi.
Le blond battit des paupières, surprit. Calywen était amoureux de Doyle, lui et le loup noir roucoulaient, la tristesse ne l'avait pas rendu aveugle au bonheur de son compagnon. Il n'avait juste pas pensé au fait que l'amitié était une forme d'amour aussi.

Calywen avait longuement parlé et débattu avec Doyle. Leur couple était naissant et fragile mais plein d'espoir et c'était magnifique. Cependant, Kara ignorait totalement à quel point le brun était attaché à lui, auparavant illustre inconnu rencontré dans une charrette.
- Tu veux ajouter Kara à notre ancrage ?
La voix veloutée de Doyle était clairement interrogatrice mais pas hostile. Il s'était profondément attaché à ce jeune Oméga, aussi délicat que fulminant, brûlant de vie et pourtant, fragile. Après mûre réflexion, le loup noir avait décidé de présenter Calywen comme son compagnon lors de la cérémonie du Millésime. De le prendre comme époux, sa moitié devant l'éternel, le premier, celui qui aura toujours une place à part si ce n'est l'unique. Et pourtant, il lui avait demandé d'ajouter un autre Oméga, de mettre ce privilège en jeu.
- Peut-être que Kara ne voudra pas, je n'en sais rien. Je veux juste... enfin, je l'aime aussi tu sais. Pas comme toi, je n'ai pas de désir pour lui mais je veux le protéger. Et toi, je sais que tu sauras prendre soin de nous deux. Après tout, tu veilles depuis notre arrivée ici et même avant, sur cette route de terre battue.
- Tu m'idéalises, Calywen. Je ne suis pas parfait.
- Ce n'est pas ce que je te demande, juste... de nous protéger ? De l'empêcher de faire n'importe quoi...
- Je comprends. Sincèrement. Mais le lier à moi, à nous pour sa vie entière sans qu'il n'en soit pleinement conscient serait aussi une erreur.
Il avait raison, bien entendu. Ce ne serait pas sain, ni pour lui ni pour eux. Un ancrage multiple impliquait que l'Alpha allait partager le lit et le cœur de tous les Omégas. Et cela pouvait rendre malaisé la situation entre lesdits Omégas si ce nouvel ancrage n'était pas fait dans le consentement et le respect. Oh il était possible d'intégrer un autre Alpha mais ce cas était bien plus rare. Et puis...

Le loup se pencha sur le jeune homme, frottant son museau contre la peau tendre de son cou. Calywen frissonna et passa ses bras autour de son large cou, appréciant de sentir la fourrure soyeuse sous la pulpe de ses doigts. Ils se lovèrent donc ainsi, l'un contre l'autre.
- Calywen, tu me parles déjà d'ajouter quelqu'un à notre ancrage alors que nous n'avons même pas amorcé le nôtre...
En effet, l'ancrage, pour devenir permanent, nécessitait trois accouplements avec le même homme-bête pour l'entériner. Le brun sourit puis bougea un peu, amorçant un nouveau baiser avec son loup. Le tout premier s'était fait naturellement et la dizaine d'autres qui avaient suivit également. Embrasser ce faciès qui n'avait rien d'humain aurait pu être déroutant mais il s'y était fait avec un naturel déconcertant. Leur baiser actuel s'enflamma petit à petit et c'est rapidement que le bel Oméga sentit monter en lui une chaleur extraordinaire, une petite boule dans son ventre qui enflait et enflait... L'envie de se coller à lui se fit irrésistible et justement, Calywen n'avait aucune envie de résister. Doyle ne sembla pas vouloir le repousser non plus. Il le souleva de ses bras puissants et l'humain enroula ses jambes autour de sa taille. Le loup parvint à les faire sortir de son bureau pour ensuite avancer un peu à l'aveuglette jusqu'à ses appartements. Les personnes qu'ils croisèrent, humains ou hommes-bêtes, ne leur en tinrent pas rigueur. En vérité, les démonstrations d'amour entre couple étaient loin d'être cachées ou même timides dans les couloirs du palais. Cependant, Calywen résidait encore dans le quartier des Omégas célibataires et n'en voyait donc pas tant que ça. Cela dit, il s'en fichait complètement pour le moment, suspendu au baiser qu'il échangeait avec son futur partenaire. Les jours puis les semaines et bientôt les mois passés ici, aux cotés de ce loup les avait rapproché à un point qu'il n'avait pas envisagé. Bien sûr, Calywen avait quitté sa famille pour cette raison : devenir le compagnon d'un homme-bête, mais c'était différent. Doyle était différent.
- Calywen...
Le grondement le fit frissonner et il agrippa davantage, raffermissant sa prise sur l'épaisse fourrure sombre. Le chemin semblait durer une décennie alors qu'il ne prit qu'une dizaine de minutes. Quand enfin ils atteignirent les appartements du lieutenant, ce dernier les traversa à grands pas, se dirigeant vers la chambre. Il laissa tomber l'Oméga sur le grand lit avant de le recouvrir de sa silhouette imposante, l'embrassant à nouveau avec fougue. Il n'était pourtant couvert que d'une tunique de coton bleu et d'un pantalon assortie mais l'humain se sentait au bord de l'implosion tant il avait chaud, la tête lui tournait et sa respiration s'emballait. Difficilement, Doyle s'éloigna, s'arracha presque à son étreinte.
- Caly... Dieu sait que je te veux mais, sais-tu à quoi tu t'engages ?
- On a déjà parlé de l'ancrage et je sais ce que ça signifie.
- Oui ça mais là, te faire l'amour Caly, sais-tu comment ça va se passer ?
Le jeune homme sentit ses joues rougirent mais il ne nia pas. Oui, il savait. Il avait dévoré tous les bouquins de la bibliothèque pour décortiquer une relation Alpha et Oméga. Et sur l'anatomie d'un loup aussi, au passage. Il posa le bout de ses doigts sur la lourde ceinture de l'officier, le regardant entre ses cils noirs.
- Je sais à quoi tu ressembles là, en bas. Et je sais que mon corps peut l'accepter.
Doyle avait fermé les yeux, percevant ce délicat touché plus qu'autre chose. Ils étaient certes humanisés mais ils n'étaient pas humains et il n'aurait pas voulu que Calywen se soit fourvoyé et recule ensuite de peur ou pire, d'horreur.

Ils se déshabillèrent tout en sensualité et en caresses, en mots doux chuchotés et en soupirs exaltés. D'une griffe, la longue cascade de cheveux noirs s'écoula sur la peau de porcelaine. Il vint y fourrager de sa truffe, s'enivrant de la douceur et de l'odeur de sa chevelure. Les doigts pâles passaient sur son torse, ses côtes et son ventre, découvrant une fourrure plus soyeuse et beaucoup plus fine, sentant la chaleur intense de sa peau en dessous. Une main forte releva sa jambe pour la caler sur la hanche sombre, le faisant haleter alors que ce geste rapprochait leurs bassins. Ses yeux d'argent se posèrent alors sur le sexe de son futur amant. Plus grand et plus large qu'un sexe d'humain effectivement et surtout, d'une forme différente. La pulpe de ses doigts frôlèrent cette forme nouvelle et son compagnon inspira fortement. Lui-même se sentait exploré, caressé, palpé mais son attention restait focalisée à cette partie de l'anatomie de Doyle. Plus il le regardait et plus il en avait envie. Il le toucha plus avidement, tentant même de se rapprocher comme avec l'intention de le goûter. Doyle le repoussa sur les coussins, s'emparant presque violemment de sa bouche alors que de ses cuisses puissantes, il écartait celles du jeune homme, se ménageant une place entre elles.
- Doyle ! Je... Je ne sais plus...
Le loup noir s'allongea davantage sur lui, frottant tendrement sa joue rougie de son museau. Il ne parvenait qu'à peine à s'empêcher de bouger contre l'Oméga, son odeur le rendait fou et il brûlait de le prendre, de l'obliger à lui appartenir.
- Tu ne sais plus quoi Caly ?
Calywen attrapa à pleines poignées la fourrure à sa disposition, tentant de se raccrocher au réel.
- Tu me submerges Doyle, j'en oublie tout... Je brûle, j'ai si chaud et plus je te regarde et plus je m'enflamme...
- Moi aussi, mon doux Oméga. Ne sens-tu pas à quel point je brûle pour toi ?
Oh si, il le sentait. C'était même ce qui le faisait s'embraser davantage. Et même si il le voulait intensément, cette même intensité l'effrayait.
- Caly, si tu veux partir...
Cette phrase semblait lui coûter énormément, rien que l'évoquer provoquait la tristesse de ce regard doré et Calywen s'y refusa.
- Lie moi à toi.
Doyle ne se le fit pas dire deux fois et il l'embrassa profondément, volant son souffle et sa raison. Son entrecuisses était trempé de son lubrifiant naturel en plus du pré sperme du loup qui se frottait contre lui. Doucement, il se fit son chemin en lui. Calywen ouvrit la bouche mais pas un son n'en sorti, ses doigts entremêlés à la fourrure obscure. Il n'y avait pas eut de préparation, juste leurs corps suivant leurs instincts pour se rejoindre. Il progressait lentement, avançant à chaque relâchement. Quand enfin il fut enfoncé jusqu'au bout, il marqua une pause pour le regarder. Essoufflé, le regard dans le vague, son bel Oméga était plus séduisant que jamais. Ce n'était pas un manque de considération de sa part de ne pas s'être plus attardé, juste la façon de procéder à l'ancrage. Le jeune homme murmura son nom et il y répondit par un son bas qui fit frémir son partenaire. Lentement, il commença à se mouvoir, tirant de plus en plus d'appréciations et de manifestations de plaisir à mesure que leur rythme se faisait plus fort puis plus rapide. Sa queue grossissait, emplissant toujours plus son compagnon qui ne pouvait que l'accepter. Quand Doyle sentit sa jouissance venir, il releva Calywen afin qu'il soit assit sur ses genoux, son sexe toujours pleinement enfouit en lui. Le brun n'avait pu retenir un cri à ce changement de position mais ne s'en plaignit nullement, se rapprochant encore plus de son élu. Atteignant le point de non retour, le loup mordit la nuque de Calywen, l'ayant obligé à bouger sa tête en tirant sur ses cheveux. Cette note de douleur termina d'achever l'Oméga qui jouit peu après son compagnon, sentant le nœud se gonfler et les lier tous les deux, les empêchant de se séparer pour le moment. Le lieutenant retira ses crocs avec précaution et lécha tendrement ses marques, entourant de ses bras le jeune homme qui se reposait contre lui.
- C'est toujours comme ça ? Souffla-t-il après un moment.
Il eut un petit rire avant de répondre.
- Oh non, ce n'est que le début. La seconde puis la dernière fois seront encore plus intense. Et après, ça sera à chaque fois intense.
Un frisson d'excitation et d'anticipation remonta le long de sa colonne vertébrale. Il avait hâte de tester ça. En attendant, il profita de ce câlin qui durerait le temps que le nœud à la base du pénis de son Alpha désenfle pour pouvoir se séparer l'un de l'autre. Le premier rapport n'engageait pas l'ancrage mais permettait d'entrevoir la compatibilité sexuelle des partenaires et franchement, Calywen pensait que la leur était excellente. Cela le fit glousser. C'était si bon d'être là, entre les bras de Doyle.

Une fois encore, Carsten était à la recherche de Kara. Encore. Toujours. Il ne pouvait, et ne voulait, s'en empêcher. Kara l'ignorait sciemment et les rares fois où il n'avait que serait-ce croisé son regard, il n'avait vu que douleur et chagrin. Soah, son père Oméga, avait foutu la merde autant le dire clairement. D'accord, lui-même n'avait jamais pu expliquer son implacable attirance pour Kara mais son attachement était sincère. Leurs moments passés à discuter l'avaient indéniablement charmé. Le jeune homme était simple mais loin d'être ordinaire. Sa gentillesse avec les enfants, ses connaissances des plantes, ses efforts pour la broderie, son sourire timide, l'éclat de son regard olive... Il était un rayon de soleil, son soleil. Et oui, il ignorait pourquoi. Lorsqu'il était venu à l'aile des Omégas, poussé par la curiosité de voir les nouveaux arrivants, son regard s'était posé sur lui et alors, toutes pensées logiques et cohérentes s'évanouirent. Il s'était bêtement précipité vers lui pour lui demander d'être sien. Avec le recul c'était clairement idiot mais ce n'était pas ça qu'il regrettait. Son regret était de ne pas avoir été honnête sur ses sentiments avec lui, avouer que lui aussi était perdu et peut-être que Kara ne se serait pas échappé ainsi, tel un oiseau blessé.
Le général repoussa quelques jeunes éphèbes venus pour le courtiser, puisqu'il était devenu évident que Kara le fuyait comme la peste. Où pouvait-il le trouver bon sang ?
- Général, vous ne m'écoutez pas, geignit l'un des garçons.
Il baissa les yeux avec un soupir, c'était un joli blond avec des yeux bleus. Objectivement très beau mais il lui semblait d'une fadeur terrible. Il l'écarta sans ménagement mais pas violemment non plus, poursuivant son chemin d'un air déterminé. Ses pas le menèrent jusqu'à la garderie et il parcouru du regard la masse d'enfants plus ou moins âgés et alors qu'il allait quitter la salle, ses yeux accrochèrent une chevelure blonde qu'il cru reconnaître. Son cœur fit une embardée et il s'approcha à grands pas, prenant garde à ne pas bousculer les petits. Sa main se porta sur l'épaule du jeune homme et ce dernier se retourna lentement, visiblement peu ravi de le savoir là.
- Kara...
Son nom s'échappa de sa bouche presque comme une supplique. Trop d'émotions se battaient en lui, s'acharnant les unes contre les autres. Si d'abord l'Oméga était sévère, il s'adoucit malgré lui, sans doute parce qu'il avait remarqué sa détresse.
- S'il te plaît Kara... Laisse moi te parler, juste un instant, une seconde, peu m'importe, s'il te plaît.
Il se fichait de sa réputation, il le supplierait à genoux si il le fallait. Il pourrait même lui baiser les pieds, ça n'avait aucune espèce d'importance. Les nounous présentes, humaines ou non, les regardaient avec intérêt. Gêné, Kara s'excusa et entraîna Carsten dans les jardins, malgré le froid. Il portait ses habits d'intérieurs et grelotta rapidement. Le léopard se défit immédiatement de sa veste et la lui posa sur les épaules, il était plus résistant au froid. Poli malgré tout, il le remercia de cette attention.
- Je suis désolé. Mon père, Soah, a fait n'importe quoi. Et moi aussi par extension.
- Ah, vraiment... ?
- Pas pour ce que tu crois Kara, vraiment pas.
Il lui expliqua alors la rencontre avec ses parents, leur dispute et leur accord bancal alors qu'il voulait simplement les convaincre qu'il comptait le prendre pour compagnon. Et avant que le blond ne puisse protester à nouveau, il lui avoua la vérité, vidant tout ce qu'il avait sur le cœur. Carsten déballa tout, la moindre parcelle d'émotion, de sentiment et de doute, tout ce que Kara lui inspirait par sa présence et surtout son absence. A la fin de son discours, il se sentit un peu essoufflé, ayant fait une tirade presque sans respirer de peur de ne pouvoir exprimer tout ce qu'il avait besoin de partager.

Kara avait eut le réflexe de fuir mais en voyant le trouble de l'autre, il avait cédé et avait suivit. Et là, planté dans le froid à l'écouter s'épancher, il se sentait malgré lui touché. Il s'était promit de ne plus céder, ne plus croire à ce que ce félin pourrait lui raconter. La souffrance était encore vive dans son cœur et son âme. Le voyant sans réponse, le général se mit à genoux et l'implora d'une réponse, qu'elle quelle soit. Cette vision incongrue le fit enfin réagir.
- Carsten ! Enfin, relevez-vous je vous en prie.
- Non, si être plus bas que terre fait que tu me répondes, j'y resterais.
L'humain soupira et s'agenouilla à son tour, se mettant à la même hauteur que le général. Celui-ci fut surprit mais ne dit rien, bien trop heureux de l'avoir proche de lui.
- J'ignorais que c'était compliqué de votre coté également.
- Je n'aime pas que tu me vouvoies et tu le sais.
- Oui. Mais c'est peut-être mieux ainsi.
- Kara, je ne veux personne d'autre que toi.
- Vous dites vous-même ignorer pourquoi. Il est possible que quelqu'un d'autre attire davantage votre attention un jour.
- Non. Kara, j'ai dis que ma première impression était purement instinctive mais tout ce que j'ai dit ensuite, ne l'as-tu pas écouté ?
Il baissa les yeux, si bien sûr, il avait écouté. Mais ça semblait trop beau, voilà tout. Il soupira lourdement puis esquissa un sourire.
- Carsten, je vous pardonne. Mais restons en là je vous prie.
- Je refuse d'abandonner. J'abandonne mon rang si tu veux et je serais absent de la cérémonie du Millésime mais ne me laisse pas.
- Quoi ?! Mais tu ne peux pas tout abandonner juste pour moi !
Machinalement, il avait oublié de le vouvoyer tant cette proposition le laissait coi. Mais il ne pouvait pas le laisser jeter sa vie et tous ses exploits passés aux orties. Juste pour lui. Son cœur se réchauffa malgré lui, encore une fois, et il se mordit la lèvre, indécis.
- Je ne promets rien pour le Millésime ni même être à toi. Cependant, je veux bien qu'on apprenne à se connaître pour de vrai.
- C'est... C'est déjà plus que ce que je pouvais imaginer obtenir après tout ça...
- Et si on rentrait ? Il fait vraiment froid.
Le léopard acquiesça et ils rentrèrent tout deux. Au lieu de retourner à la garderie, ils se rendirent dans l'un des salons afin d'y boire un thé chaud et de discuter un peu plus. Après tout, un pas en avant ne signifiait pas que la route n'était plus semée d'embûches.

Une silhouette les observa un moment à la dérobée avant de s'éclipser discrètement, d'un pas rapide, visiblement pressée de partager la nouvelle...

Crocs et CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant