Shang-da et Kaya étaient rentrés sains et saufs chez eux et la garnison de soldats les ayant accompagnés était revenu avec un accord commercial. Depuis quelques liaisons de marchands s'étaient faites entre leur deux pays, certes cela demandait du temps mais quel bonheur de découvrir des objets du bout du monde !
Leurs deux serpenteaux avaient bien grandit, ils se déplaçaient avec grâce et rapidité, faisant tourner en bourrique leur père humain. Ce dernier d'ailleurs se tâtait à refaire une portée mais parfois, en les voyant si énergiques et inépuisables, il se disait que d'attendre était une meilleure solution.
- A quoi penses-tu Kaya ?
Il se tourna vers son Alpha et lui sourit tendrement. Ils se blottirent l'un contre l'autre, observant leurs enfants jouer avec les autres du village.
- Que je n'arrive pas à savoir si j'en veux d'autres tout de suite ou après.
Il sentit la langue fourchue de l'autre balayer sa joue en une chatouille espiègle, un geste d'amour dans leur couple.
- Nous ferons comme tu le voudras. Nous avons tout le temps du monde.
Apaisé, l'Oméga s'appuya contre son partenaire. Tout allait bien, après tout, rien ne pressait et la vie était belle.Kara tenait la main de gauche de Calywen alors que Doyle serrait la droite. Il était en train de mettre au monde leur premier enfant et il avait exigé, malgré les conventions, que Kara soit à ses côtés. Celui-ci ne s'était pas fait prier et il lui tenait donc la main depuis des heures, se relayant avec son loup noir pour éponger son front et lui dire des mots encourageants. Le pauvre souffrait depuis des plombes pour faire venir au monde leur fils. Si le sexe de l'enfant à venir n'avait aucune surprise, le fait qu'il soit homme-bête ou Oméga était tout un mystère. Certes les seconds étaient rares parmi leur population, naissant plus facilement chez les humains mais sait-on jamais.
- J'vais jamais y arriver... souffla douloureusement le brun.
- Ça va aller Caly, on est avec toi. Tu es merveilleux, il faut juste encore un petit effort.
- J'fais que ça des efforts !
Il sentit une léchouille sur sa joue droite et il tourna la tête vers Doyle alors qu'il poussait sur une nouvelle contraction.Enfin ses efforts furent récompensés quand deux heures plus tard, il eut dans ses bras un petit humain aux cheveux très noirs, suçant avidement son sein. Pas de museau ou d'oreilles pointues et pas d'autre petite queue que celle entre ses cuisses potelées. Il en pleurait. Oh il aurait sûrement pleuré pour un petit loup aussi mais c'était si rare de mettre au monde un petit humain ! Doyle passait des petits coups de langue sur le crâne délicat de son enfant, s'imprégnant de son odeur et lui transmettant la sienne.
- Wulfran, pour un petit loup curieux sur ses deux pattes.
Doyle acquiesça, aimant ce choix de prénom qui le liait encore plus à son petit. Kara décida de s'éclipser, les laissant à leur petit nuage de bonheur.Carsten revint de mission quelques jours plus tard, étant depuis longtemps guéri de ses anciennes blessures, seules les cicatrices des plus profondes étaient encore là.
Il retrouva son Oméga avec joie, ce dernier travaillant dans la garderie. Il avait fini par avoir un poste à temps plein là-bas. Entourés d'enfants, il se sentait à sa place. Pourquoi n'en avait-il pas un à lui ? Parce qu'il ne se sentait pas encore prêt. Et encore moins après avoir vu Calywen dans les affres de l'accouchement. Plus tard.
Il leva les yeux du bambin qu'il venait de poser à terre et un sourire illumina son visage en voyant son léopard. Après accord de ses collègues, il se dirigea vers lui pour un profond baiser. Serré contre lui, il soupira de bonheur.
- Tu m'as manqué...
- Toi aussi, chuchota le Général.
La joue contre son torse, il écoutait les battements de son cœur. Ils étaient calmes et réguliers mais il avait le souvenir de fois où ils étaient frénétiques, en harmonie avec le sien sous le feu de la passion... Il rougit et se cacha contre lui. Un petit gloussement lui fit savoir que sa montée hormonale ne fut pas assez discrète. Mais Carsten ne se moquait pas, il était juste heureux de l'effet qu'il faisait à son partenaire. Il avait tant lutté pour l'avoir à ses côtés, qu'il profitait maintenant de chaque instant de tendresse, de complicité ou de désir. Alors il ne le pressait pas pour avoir des petits, au damne de ses parents, il profitait juste de lui. Chaque jour et comme promis, « pour les mille nuits à venir »Un autre homme-bête était cependant moins béni des dieux de l'amour alors que Emil se refusait toujours à tout rapprochement. Il avait promis d'être sage et patient. Et il l'était. Mais ça n'empêchait pas son cœur de se morfondre et de se briser chaque fois que l'autre le repoussait. C'était dans la nature, il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir des choses.
De son coté, Emil s'en voulait de se montrer si froid, si distant alors que toutes les attentions de Ragoon étaient adorables et toujours dans la bienséance. Il ne pouvait même pas lui reprocher d'en faire trop ou d'être un sagouin. Le souci c'est qu'après ce qu'il avait vécu avec la mante-religieuse et son avortement, il était réticent à toute forme de relation. Ragoon faisait d'ailleurs parti de l'escouade des soldats lui ayant sauvé la vie.Ragoon justement, se fit aborder par un bel Oméga à la peau diaphane et aux très longs cheveux d'un roux vibrant. Ce dernier lui prit le bras et se coula contre lui, ayant des rires de gorge séducteur, le genre à se faire retourner les hommes. Il aurait fallu être sourd et aveugle pour ne pas voir son charme et malgré tout, il le trouvait fade. Emil ne pouvait pas produire de rire aussi sexy et même aucun rire du tout mais le sourire sur son visage était plus rayonnant que le soleil. Malgré toute sa beauté, le canidé ne pouvait s'empêcher de penser à un autre. Ce que le jeune homme remarqua et se vexa quelque peu.
- Tu devrais arrêter de t'accrocher à ce type ! Il s'en fiche de toi, tu mérites mieux.
- Mieux que lui ?
Cette question lui semblait stupide et pourtant... Perdu dans ses pensées il ne vit pas que l'autre s'était redressé pour l'embrasser par surprise. Il le repoussa gentiment mais fermement.
- Désolé. Tu es très joli mais je ne peux pas être avec toi.
Il récolta alors une énorme claque mais l'encaissa sans un mot. L'Oméga éconduit s'en alla furieusement, croisant par malheur la route du concerné. Il le désigna d'un doigt rageur.
- Toi ! C'est à cause de toi que Ragoon vient de me jeter publiquement !
Emil tenta de signer une réponse mais l'autre argua qu'il se fichait de ses gestes bizarres, qu'il n'était qu'un égoïste et qu'il méritait de rester seul à jamais.
Les yeux bruns s'emplirent de larmes malgré la volonté de son propriétaire mais l'autre garçon ne savoura pas sa victoire longtemps car Ragoon avait entendu le vacarme et le repoussa physiquement, enlaçant tendrement le châtain qui pleura en silence contre son torse.
- Va-t'en. Je ne veux plus jamais te voir.
- M-Mais je...
- Va-t'en !
Le jeune homme s'enfuit à toutes jambes.Dans un coin à part, Emil sécha ses larmes. Il avait enfin rassemblé son courage pour aller voir le soldat et se déclarer, puis voilà qu'une furie rousse lui renvoyait en pleine figure ses peurs. Rester seul. Ne pas être digne de Ragoon.
- Je suis désolé que tu ais assisté à ça.
- ...
- Et je pense que je vais te laisser tranquille. J'ai laissé le temps filer et ça n'a pas marché. Tant pis, je veux juste que tu sois heureux.
Emil posa ses mains sur les joues du canidé et leva la tête vers lui. Il l'embrassa tendrement, sans hésitation pour baiser cette bouche si différente de la sienne. Le soldat l'enlaça plus étroitement, voulant presque se fondre en lui juste par ce baiser.
Lentement, ils s'écartèrent. Yeux dans les yeux, un petit sourire aux lèvres. Emil signa alors :
- Si tu veux encore de moi, pour ce jour et les mille nuits à venir, je veux de toi.
Ragoon hocha solennellement la tête et lui promit à nouveau de le rendre heureux. Emil n'en doute pas une seule seconde.
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Crocs et Coeur
FantasyLes humains ont très souvent peur des hommes-bêtes et la plupart n'apprécient pas ceux qui parmi eux, peuvent se reproduire avec eux. Ils laissent donc partir ces Omégas, pensant ainsi que les hommes-bêtes les laisseraient en paix. Mais ces bêtes so...