Le Lien

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Des soubresauts me secouèrent.

Marionnette entre des mains inconnues je sentis mon manteau m'être enlevé et des mains expertes libérer ma chevelure.

Finalement je n'étais pas morte. Je devais au moins m'en réjouir.

Cependant le néant qui m'entourait étouffa rapidement ce soulagement dans l'œuf.

Un choc contre mes reins me coupa le souffle. La sensation brutale du métal sous mon corps inerte me saisit mais la morsure du froid fut instantanément apaisée par une pression tiède sous mon cou.

L'odeur grisante d'un feu de bois vint jusqu'à moi et sa chaleur ronflante m'enveloppa délicieusement.

Mes yeux restaient désespérément clos et ma bouche refusait d'émettre le moindre son.

Aveugle et muette, j'étais prisonnière de ma chair et pouvais sentir la panique gagner chaque particule de mon enveloppe vidée de toutes énergies.

Des voix résonnèrent autour de moi.

Combien étaient-elles?

Un chant psalmodié éclata alors, puissant, inattendu.

Gabriel bien sûr. Je reconnaissais cet air pour l'avoir entonné moi aussi plus d'une fois. Une mélopée d'unification et de protection.

Un rire tel un grelot fusa, à ma droite.

Le chant se figa.

" Un commentaire à émettre stupide créature? "

" Oh des commentaires j'en aurais tellement à faire votre seigneurie!" Au son si particulier de cette voix mon coeur fit un bond. "Pourrait-on en venir au fait et cesser tout ce falbala? Vous êtes tellement risibles vous et toute votre secte à capuche! Je comprends mieux pourquoi elle souhaite mettre autant de kilomètres entre vous et elle! " Callixte... que signifiait sa présence?

Un feulement aigu lui fit écho:

" Comment oses-tu? Sombre petit étron démoniaque! Tu ne dois ta présence ici qu'à l'amitié imméritée que te porte Danaé... si cela ne tenait qu'à moi tu serais déjà pulvérisé aux 4 vents..."

Erell? L'acidité et la violence de son ton me traversèrent en un frisson électrique. En moi l'affolement se succédait à l'incrédulité.

" Silence!"

L'ordre de Gabriel claqua dans le brouhaha qu'avait provoqué l'ire de la sorcière.

Dans le silence retrouvé une petite voix s'éleva et morigéna:

" Callixte, nous devons avoir une totale confiance en Gabriel et Erell, eux seuls savent ce qu'il convient de faire ... nous n'avons pas d'autres choix ... "

Charline...

Que faisaient-ils tous ensemble? Cela n'avait décidément aucun sens! Dans quel piège m'avaient-ils attirée?

Un sanglot m'échappa.

" Dépêchons-nous!" intervint Erell furieuse " L'effet de l'enchantement ne durera pas mille ans!"

L'agitation qui s'ensuivit provoqua un courant d'air frémissant.

Deux mains se posèrent simultanément sur mon front quand deux autres effleurèrent avec hésitation mes chevilles.

"Plus fermement Callixte!"

"Chef! Oui chef! "

Un fourmillement électrique remonta le long de mes jambes et une fièvre sourde fit vibrer mes veines dans mes tempes.

AlchimiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant