Elle le sait : la vie est une bataille. Ses décisions sont ses seules armes et elle a choisi de ne plus céder à la tentation pour ne pas perdre un nouveau combat.
À vingt et un ans, Harmonie quitte la France pour oublier la tragédie qui a boulevers...
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(Les dialogues en italique sont prononcés en français)
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Durant de longues minutes, je reste là, vacillant au bord du précipice, à mi-chemin entre l'état de veille et l'état de sommeil. Chaque fois que je manque de tomber et de m'endormir profondément, elle m'empêche de chuter, elle revient me hanter. Elle, et ses réactions que je ne parviens pas à interpréter. Lassé de ne pas pouvoir me reposer, je me redresse et allume la lampe de chevet, bien décidé à avoir une discussion avec Harmonie. Et tant pis si je la réveille, tant pis si je la fais fuir, tant pis si elle me trouve intrusif. Il me faut des réponses.
Je me retourne et m'immobilise en ne découvrant que des draps froissés à mes côtés. Un rapide coup d'œil à la chambre et je découvre que les portes de mon armoire sont entrouvertes et que mes vêtements ne sont plus aussi bien rangés qu'avant. Aucun doute, elle est partie.
Je passe une main dans mes cheveux et soupire longuement avant de quitter le lit aussi vite que mes jambes me le permettent. Depuis combien de temps s'est-elle volatilisée ? Je m'empresse d'enfiler les premières fringues qui me tombent sous la main avant de sortir de la pièce, inquiet. Je scrute les environs mais ne prends pas la peine de la chercher dans chaque pièce de la maison. Elle est sûrement sortie et sa fuite ne me surprend pas tant que ça. Elle n'était pas à l'aise à l'idée de rester ici, mais de là à prendre la tangente au beau milieu de la nuit, il est évident que je n'ai pas toutes les cartes en mains pour expliquer son comportement.
Je sors, la porte claque dans mon dos, étouffant le son encore assourdissant de la musique, et le vent glacial de la nuit s'abat sur moi, me faisant frissonner. Je tente de l'ignorer et observe les alentours. Sans hésiter, je prends la route qui mène chez elle au pas de course. J'aurais pu me contenter de me rendormir, être bien au chaud dans mon lit, mais je ne suis pas un connard. Je n'ai pas pour habitude de laisser mes conquêtes repartir seule à une heure aussi tardive. Harmonie n'en fait pas encore partie, mais je ne perds pas espoir et en attendant, je m'en voudrais s'il lui arrivait quelque chose alors qu'elle devrait dormir paisiblement à mes côtés.
Quelques secondes à peine après avoir entamé mes recherches, une silhouette se dessine au loin et je n'ai pas besoin d'avancer davantage pour la reconnaître. Ses cheveux virevoltent à chaque rafale de vent, mais elle ne s'en préoccupe pas. Appuyée contre un mur, elle fixe la rue, perdue.
- Harmonie !
Au son de ma voix, elle se retourne et en quelques enjambées, je réduis les derniers mètres qui nous séparent. Enfin auprès d'elle, je ne peux m'empêcher de la toucher, de poser ma main sur sa joue, de l'examiner sous toutes ses coutures et je laisse échapper un soupir de soulagement. Elle va bien. Encore dans l'incompréhension de sa soudaine fuite, et en quête de réponses, je plonge dans ses deux billes azur qui brillent sous la lumière des réverbères. J'essaye de discerner la moindre information susceptible de m'aider mais tout ce que je vois, ce sont des yeux vides de sentiments, incapables de se focaliser sur ce qu'ils perçoivent et qui cherchent vainement quelque chose. Mais quoi ?
