Chapitre 32

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Flash back

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Deux jours. C'était il y a déjà deux jours. Dans la nuit de samedi à dimanche, le monde s'est arrêté de tourner. Je n'ai pas dormi depuis. Je suis restée cloîtrée dans la chambre, pleurant sans réussir à m'arrêter et ressassant tous nos souvenirs. Le lit à côté du mien est resté désespérément vide et ça m'a fait encore plus mal.

Ce matin, j'ai pris mes affaires et j'ai fait le trajet jusqu'à la fac. On m'a dit de rester chez moi, de prendre mon temps avant de retourner en cours, mais où est mon chez-moi désormais ? J'habite chez Sophia depuis trois ans, si elle n'est plus là, je n'ai plus l'impression d'être à ma place ici. Lorsque j'ai traversé le salon en partant, mon sac sur le dos, Mathieu consolait Mégane sur le canapé. Ils m'ont aperçue et m'ont gentiment conseillée de rester à la maison. Je n'en étais tout simplement pas capable. Je n'ai aucune envie d'affronter le monde extérieur, mais je me sens coupable de vivre chez les parents de Sophia alors que tout est de ma faute. J'ai tué leur fille et ils sont encore si adorables avec moi. Je ne le mérite pas.

Je me gare sur le parking de la fac et laisse tomber ma tête contre le volant. Je prends de longues inspirations, mais j'ai encore envie de fondre en larmes. C'est la première fois que mon amie n'est pas assise sur le siège passager alors que nous commençons à la même heure tous les mardis. Depuis l'accident, tout me paraît vide : la chambre, la salle de bain, la voiture. Absolument tout. Et je ne pensais pas qu'un jour, l'absence de quelqu'un me causerait tant de souffrance.

Je récupère mon sac et quitte mon véhicule. Je remonte ma capuche, cachant mon visage, et baisse la tête pour ne croiser aucun regard. Je traverse le campus sans m'arrêter une seule fois mais je suis contrainte de le faire lorsque je suis ralentie par la foule d'étudiants agglutinée dans le parc. Je prends mon courage à deux mains pour affronter les autres et ma respiration se coupe un bref instant. Au milieu de l'étendue d'herbe, accrochée sur un arbre, je découvre la photo de Sophia. Ses grands yeux marron foncé, ses longs cheveux noirs et son sourire qui ne la quittait jamais me font face. Elle est heureuse sur cette photo. Elle rayonne de bonheur, mais ça n'a rien d'étonnant. Elle était toujours de bonne humeur, toujours positive. Elle était un vrai petit soleil. Je la revois encore, installée contre ce même arbre, dévorant un sandwich en riant à une blague d'un de nos amis. C'est ici que nous mangions pratiquement tous les jours lorsqu'il faisait beau. C'était notre endroit, notre moment de partage et je déteste voir tous ces gens ici, à sa place. Je mords si fort ma lèvre que du sang coule dans ma bouche. Je rebrousse chemin et pars en courant, bouleversée. Je me laisse tomber contre un mur, derrière un bâtiment, à l'abri des regards et fonds une nouvelle fois en larmes. Depuis qu'elle est partie, je suis en chute libre. Et j'aimerais crier ma douleur mais rien ne sort, tout reste là, bloqué dans ma gorge.

Je sais que rien ne sera plus jamais comme avant et j'en souffre déjà. Mais faire face à la réalité si rapidement me brise en mille morceaux. Je pensais que venir à la fac m'aiderait à avancer, mais c'est tout le contraire. Je la vois partout ; dans la cour, dans le parc, dans la cantine. Partout. Partout. Partout. Son fantôme me suit déjà comme mon ombre et tous les moments que nous avons partagés flottent dans l'air. Je revois chaque sourire, chaque soupir, chaque rire, chaque pleur. Nous avons vécu tellement de choses ici toutes les deux. Comment vais-je pouvoir finir mon année ? Elle est là, à côté de moi et pourtant, je ne sens pas ses bras réconfortants, je n'entends pas sa douce voix qui chantonne les paroles de nos chansons préférées. Je sens sa présence mais elle ne sera plus jamais là et j'ai encore du mal à le réaliser. C'est terrifiant et je ne suis pas sûre de le supporter.

Our battlefield - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant