Elle le sait : la vie est une bataille. Ses décisions sont ses seules armes et elle a choisi de ne plus céder à la tentation pour ne pas perdre un nouveau combat.
À vingt et un ans, Harmonie quitte la France pour oublier la tragédie qui a boulevers...
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Ce matin, il m'a fallu beaucoup de courage pour quitter mon lit et prendre la direction de l'université. J'ai passé mon dimanche cloîtrée dans ma chambre à ressasser la soirée de la veille. Je savais que c'était une mauvaise idée, que je ne devais pas dormir chez lui alors que je n'en étais pas capable, mais je ne m'attendais pas à ce que mon cerveau me joue un tel tour ! Comment a-t-il pu dérailler autant ? Comment ai-je pu confondre le visage de Chase avec celui de Sophia ?
Entre deux passages de Lexie, qui a vainement tenté de comprendre ce qu'il m'est arrivé, j'ai eu le temps de réfléchir et de faire un point sur ce qu'il s'est passé depuis la tragédie qui a tant bouleversé ma vie. Après avoir à peine remonté la pente, je me suis enfuie en Amérique sans me retourner et avec pour unique ambition de devenir quelqu'un d'autre. Force est de constater que tout cela n'a rimé à rien étant donné que, seulement quelques jours après avoir posé les pieds à New Paltz, je me suis retrouvée à flirter avec Chase. Et si j'ai essayé de lutter et de me concentrer sur Ethan, on ne peut pas dire que ce fut un grand succès. Il m'a donc semblé évident que je ne pourrais pas devenir quelqu'un d'autre parce que j'aimais beaucoup trop la folie de mes coups d'un soir pour pouvoir passer à autre chose et m'enfermer dans une relation. J'ai tourné le problème dans tous les sens durant des heures, cachée sous ma couette, et chaque fois, j'en suis venue à la même conclusion : je dois rester moi-même. Ce qui n'est pas si simple au vu de ce qu'il s'est produit samedi soir.
J'étais donc à moitié en larmes dans mon lit, terrifiée à l'idée de ne pas pouvoir continuer à vivre normalement si je ne peux ni être moi-même, ni être quelqu'un d'autre, lorsque Lexie a soupiré et a déclaré, juste avant de quitter la chambre :
- C'est quand même incroyable de vouloir devenir psychologue, ce qui implique d'aider les autres à se sentir mieux, et d'être incapable de parler de ses propres problèmes.
La porte a claqué. Mes pleurs ont cessé. Et la vérité de ses propos m'a mis une sacré claque. Comme on dit, les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés. J'ai entamé ma quatrième année de psychologie il y a quelques semaines et je suis dans l'incapacité de régler mon propre problème psychologique ? C'est quand même un comble !
Voilà pourquoi j'ai décidé de reprendre ma vie en main. C'était stupide de vouloir devenir quelqu'un d'autre. Mais c'était d'autant plus stupide de céder si facilement à mes pulsions alors que je les refoule depuis des mois. Comme le disait si bien mon professeur en deuxième année, la guérison nécessite un long travail et il ne faut sauter aucune étape. Si on rate une marche de l'escalier, on retombe tout en bas et il faut reprendre l'ascension avec une blessure en plus.
En sortant de mon dernier cours de la matinée, je croise James, un des colocs de Chase, dans le parc et l'interpelle. Il s'arrête et je m'empresse de le rejoindre. C'est la première fois que j'approche le Britannique d'aussi près et si mes souvenirs sont bons, c'est lui que Lexie rêve de mettre dans son lit, ce que je comprends parfaitement maintenant qu'il est en face de moi. Ses yeux bleus sont incroyablement envoûtants, mais je dois bien avouer que je préfère la noirceur de ceux de Chase.
